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Fonction publique territoriale - "Ancré", "mercenaire", "équilibriste"... Les multiples visages du directeur général des services

Deux études réalisées pour l'Association des directeurs généraux des grandes collectivités permettent d'esquisser quelques portraits-robots des fonctionnaires à la tête des administrations des villes, départements et régions. "Quel DGS êtes-vous ?" ou "Qui est votre DGS ?" sera-t-il le grand test de l'été ?

A l'issue d'une cinquantaine de visites de terrain dans des collectivités locales, des élèves administrateurs territoriaux de la promotion Paul Eluard (2012-2013) ont dressé des portraits-types des directeurs généraux des services (DGS) du secteur public local. Ils ont ainsi pu présenter six figures au cours d'un colloque organisé le 5 juin dernier à Paris par l'Association des directeurs généraux des grandes collectivités territoriales (ADGGC)* (voir ci-contre une synthèse de l'étude à télécharger).
La première est celle du "DGS ancré", un homme ou une femme "très attaché au territoire sur lequel il vit et pour lequel il travaille". Second visage, celui du "DGS pionnier". En quête de reconnaissance professionnelle, il recherche l'innovation et s'investit dans les réseaux. En outre, il sait communiquer sur ses réalisations. Le "DGS équilibriste" a, pour sa part, moins de marges de manœuvre : du fait des difficultés liées au contexte ou à son environnement, il se doit d'être diplomate et agile dans les relations humaines. C'est pour lui la clé permettant de déminer les conflits et d'obtenir un consensus.
Le "DGS mercenaire" ne s'embarrasse pas de tant de diplomatie. Proche des élus, il cherche seulement à appliquer le programme de l'exécutif. Une fois sa mission terminée, il se met facilement au service d'une autre collectivité. Le "DGS entrepreneur" a, quant à lui, les yeux rivés sur les résultats et l'efficacité, à l'instar d'un chef d'entreprise. Cela l'amène à s'entourer de personnes qu'il considère comme expertes. Le "DGS focalisé" est appelé ainsi, parce qu'il supervise directement une ou des politiques spécifiques. Enfin, le "DGS gestionnaire", qui bénéficie d'une expérience significative dans un poste de direction, est passé maître dans l'art de la délégation. Il sait accorder sa confiance aux directeurs de son administration. Proche de ses collaborateurs, il facilite leurs relations avec les élus.

Quelle proximité avec l'exécutif ?

"Le portrait-robot du DGS est celui d'un homme d’une cinquantaine d’années en fonction dans sa collectivité depuis un à cinq ans", a complété la directrice nationale de KPMG secteur public au cours du même colloque. A partir d'une enquête réalisée pour l'ADGGC auprès de 128 DGS (représentant 20 régions, 62 départements, ainsi que 45 villes et communautés), Françoise Larpin a elle aussi apporté un éclairage sur les DGS et leur métier (tous les résultats ci-contre).
Ceux-ci jugent majoritairement que leur mode de décision est de type collégial, indique cette étude. Laquelle nous apprend aussi que 73% des DGS rencontrent l’exécutif en bilatéral au moins une fois par semaine. Mais que 27% le rencontrent une fois par mois ou moins ! Ou bien encore que si seuls 15% d'entre eux participent aux réunions de groupe politique, les trois-quarts sont présents lors des réunions de bureau et la moitié se rendent aux réunions de la majorité.
S'agissant des relations du DGS avec les partenaires extérieurs, on relèvera que seuls 45% des répondants sont amenés à représenter leur collectivité dans le cadre de manifestations extérieures. Et que les rendez-vous formalisés semble concerner un nombre réduit d'interlocuteurs : si 57% des DGS ont régulièrement des entretiens ou rendez-vous avec le préfet, ils sont par exemple nettement moins nombreux à avoir ce type de contact avec le DGFIP (29%), le Dreal (24%), les associations d'élus (21%), le directeur d'ARS, de Pôle emploi ou de la CAF… (de 16 à 13%).
Sur l'évolution du métier de DGS, on saura que la mutualisation, la féminisation et la contractualisation sont les trois évolutions que les intéressés considèrent comme les plus positives. En revanche, 55% des DGS considèrent que le renforcement de la place du cabinet du maire ou du président serait "une source de difficultés".

* L'association présidée par Alain Bartoli, DGS du conseil général de Vaucluse, réunit les directeurs généraux et directeurs généraux adjoints des départements et des régions, ainsi que, depuis peu, ceux des villes et intercommunalités de plus de 150.000 habitants.