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Ressources humaines - Les femmes en butte aux "plafonds de verre" pour accéder aux emplois de direction générale

De la base au sommet de la pyramide des emplois de direction des collectivités territoriales, les femmes se heurtent à une succession de "plafonds de verre" qui les empêchent de gravir tous les échelons. Telle est la conclusion d’une étude d’un élève administrateur territorial, Bruno Vincent, consacrée à "l’inégal accès des hommes et des femmes aux emplois de direction générale des grandes collectivités territoriales". Dévoilée le 27 octobre lors d’un colloque de l’Institut national des études territoriales (Inet), cette étude rappelle que si 58% des directeurs sont des femmes, c’est le cas d’à peine 20% des directeurs généraux adjoints (DGA) et de moins de 10% des directeurs généraux des services (DGS). L’étude a pour originalité de montrer que des inégalités "moins visibles" interviennent. La surreprésentation des hommes à la tête des directions générales adjointes de taille importante en est une – les femmes sont davantage cantonnées aux DGA les plus petites. Une autre inégalité réside dans la difficulté pour les femmes à accéder aux emplois de DGS des grandes collectivités, difficulté qui est plus relative dans les petites collectivités.
Aux multiples "plafonds de verre" s’ajouterait "une sorte de cage de verre qui réduit l’horizon professionnel des femmes". En effet, "la répartition des rôles professionnels reste très marquée par les représentations traditionnelles associées au genre des individus : les femmes sont nettement surreprésentées dans les ressources humaines tandis que les hommes sont très présents dans les services techniques et les infrastructures".
Pour expliquer globalement ces inégalités, l’étude met l’accent sur une piste encore inexplorée, le rapport entre la parité politique et la parité administrative : "Il apparaît de façon significative que là où la proportion de femmes élues est forte, comme dans les communes et les régions, la proportion de femmes DGS est plus élevée." Or, la proportion de femmes élues est de 12% dans les conseils généraux, contre 47% dans les communes de plus de 30.000 habitants et dans les régions, précise Bruno Vincent. Celui-ci en conclut que "pour les DGA comme pour les DGS, des actions volontaristes en faveur des femmes restent indispensables". Les propositions formulées paraissent cependant assez prudentes : sensibilisation des associations d’élus locaux et des cabinets de recrutement ; obligation de transparence des collectivités sur les emplois de direction occupés par des femmes ; meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée (par exemple par la suppression des réunions le soir).

 

Thomas Beurey / Projets publics