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Urbanisme - Aménageurs publics et privés réinterrogent les fondamentaux de leur métier

Quels sont les premiers retours des élus et aménageurs depuis qu'à l'urbanisme réglementaire se substitue petit à petit un urbanisme de projet et que vont poindre les PLU de nouvelle génération ? Le 8 mars, les deuxièmes rencontres de l'aménagement opérationnel ont permis de faire un point évidemment non exhaustif sur le sujet. La ministre du Logement et de l'Habitat durable, Emmanuelle Cosse, y a aussi relevé des axes structurants pour penser cette mutation vers un aménagement plus durable.

Pour les opérateurs de l'aménagement, plus qu'une nouveauté, c'est un changement radical d'orientation : "On nous demande de réaliser des opérations d'aménagement soutenables d'un point de vue économique, alors même que le paysage du droit de l'urbanisme et de l'environnement se complexifie, que le foncier est de plus en plus difficile à mobiliser, avec des enjeux parfois de dépollution, et que les attentes citoyennes sont fortes en termes de développement durable et de solidarité", a introduit Anne Blondeau, directrice adjointe de la société d'économie mixte SEM 92, aménageur très présent dans les Hauts-de-Seine, lors des deuxièmes rencontres de l'aménagement opérationnel organisées à Paris le 8 mars.

Impliquer

Pour réfléchir à ces mutations, des professionnels de l'aménagement, de l'Etat et des collectivités se réunissent au niveau national depuis l'an dernier et planchent sur "les différents maillons de la chaîne de valorisation urbaine et foncière". Pierre Bousquet, qui copréside ce réseau de réflexion et pilote l'aménagement chez Icade promotion, estime qu'un tel partage d'expériences devient même un "fondement" du métier d'aménageur qu'il soit public ou privé. Et observe qu'associer les citoyens le plus en amont possible des projets chamboule les habitudes tout en étant un geste apprécié et demandé des élus. Ce réseau travaillera en 2016 sur trois axes. Pour le premier, l'aménagement en coproduction public-privé, les contrats et le financement, la ministre du Logement et de l'Habitat durable, Emmanuelle Cosse, a indiqué qu'elle attendait des recommandations et une large diffusion auprès de la profession des enseignements "afin de faciliter et accélérer l'application des outils existants". Sur l'enjeu d'implication des habitants dans la conception, la gestion et le financement des projets d'aménagement, elle attend également un ensemble de bonnes pratiques à diffuser auprès des professionnels et des collectivités. Enfin, sur le troisième axe de travail, l'aménagement à l'ère du numérique, elle oriente vers un accompagnement de la profession par "des analyses et des guides pratiques pour une bonne prise en compte du numérique dans la programmation".

Coproduire

L'idée de la coproduction public-privé gagne du terrain au coeur même de la règle, c'est-à-dire du plan local d'urbanisme (PLU). C'est le cas à Lyon métropole, qui révise depuis quatre ans son PLU-H (d'urbanisme et d'habitat). "Coproduire la règle se fait en concertation avec 17 instances et des professionnels comme les paysagistes, notaires, promoteurs, géomètres. Mais l'arbitrage revient bien sûr aux élus", souligne Mathias Chagnard, responsable du service Territoires et Planification de Lyon métropole. Un bilan y a été tiré des dix dernières années sous le précédent PLU. "Tout ce qui a suscité trop de contentieux, on le clarifie. Les règles doivent exister, elles encadrent mais pour être opérationnelles, elles doivent être le plus claires possible", poursuit-il. "Les PLU ancienne génération essentiellement interdisaient. Avec les nouveaux intervient un changement de culture. De petites collectivités ont plus de mal à s'adapter", prévient Pascale Poirot, présidente du syndicat des professionnels de l'aménagement et du lotissement (Snal). Notons aussi que la coproduction est aussi favorisée pour élaborer les Plans locaux d'urbanisme intercommunaux (PLUi) dont la diffusion devrait considérablement s'accélerer. Deux cent étaient en cours l'an dernier, contre près de 500 aujourd'hui. "Ce rythme dépasse nos prévisions", reconnaît Laurent Girometti, directeur de l'Habitat, de l'urbanisme et des paysages au ministère du Logement.

Innover

Parmi les axes structurants pour penser l'aménagement durable que la ministre a retenu et évoqué durant ces rencontres figure un meilleur accompagnement des projets. C'est l'un des apports du PLU réformé. Il s'agit d'introduire comme elle l'a expliqué davantage de collaboration entre les différentes étapes des projets d'aménagement que sont la conception, la réalisation et la gestion des espaces. Elle a aussi annoncé le lancement prochain d'un plan pour la mobilisation du foncier privé. Et d'encenser, pour terminer, la réussite des démarches EcoQuartiers et des appels à projet Ecocités, autant d'outils mettant "l'innovation au service de l'aménagement".