Algues vertes : le phénomène n'est "pas à un niveau très élevé" en début de saison en Bretagne

Qu'en est-il de la prolifération des algues vertes en Bretagne alors que l'intérêt médiatique sur le sujet est ravivé par la sortie ce mercredi 12 juillet du film "Les algues vertes", réalisé par Pierre Jolivet et que des militants de Greenpeace ont déversé ce 10 juillet au matin près d'une tonne d'algues vertes devant la préfecture du Finistère pour pointer la responsabilité de l'État dans cette pollution chronique des plages bretonnes ?

"On a fait deux survols (en avion) qui ont permis de constater qu'on n'est pas à un niveau très élevé pour le début de saison", a estimé Sylvain Ballu, chef de projet surveillance marées vertes au Centre d'étude et de valorisation des algues (Ceva) auprès de l'AFP.  "Le phénomène est en décroissance par rapport à il y a vingt ans. Des efforts ont été faits, les concentrations en nitrate ont baissé de façon importante : les cours d'eau de la baie de Saint-Brieuc sont passés quasiment de 40 à 22 mg" par litre, a-t-il ajouté, notant toutefois qu'en cas de "conjonctions météo défavorables" de "grosses proliférations" pouvaient être redoutées.

"Par rapport aux années 1980-1990, on a beaucoup de sites qui en avaient beaucoup et qui n'en ont plus, ou plus beaucoup : on a eu une régression dans pas mal de secteurs", a-t-il déclaré. L'expert a également rappelé que la baie de Saint-Brieuc représentait habituellement la moitié de l'échouage régional des algues vertes et cette année encore cette baie en "V", très protégée de la houle, concentre une grande partie des échouages. Ainsi, le 21 juin, le conseil municipal de la commune a pris un arrêté interdisant l'accès à une plage de la ville, compte tenu de "l'impossibilité technique de collecter ces algues vertes" et "considérant que l'accès à la zone d'émanation et de diffusion d'hydrogène sulfuré présente un danger pour la sécurité publique". Les algues vertes, quand elles se décomposent, émettent en effet du sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz potentiellement mortel à forte dose.

Le 7 juin dernier, dans le cadre du Plan de lutte contre les algues vertes (PLAV) 2022-2027, copiloté par l'État et la région Bretagne, huit baies touchées par ces proliférations se sont engagées à réduire les flux d'azote (nitrates) vers les cours d'eau. Les structures porteuses de ces contrats sont Dinan-Agglomération, le syndicat mixte de la baie de Saint-Brieuc, Lannion-Trégor Communauté, Morlaix Communauté, le syndicat mixte de production et de transport d'eau de l'Horn, la communauté de Lesneven Côte des Légendes, l'établissement public de gestion et d’aménagement de la baie de Douarnenez et Concarneau Cornouaille Agglomération. 18,3 millions d'euros de financements sont associés à ces huit contrats territoriaux. 9 millions d'euros proviennent de l’agence de l’eau Loire-Bretagne, 2,8 millions d'euros de l’État, près de 2 millions d'euros de la région Bretagne, 0,9 million d'euros du département des Côtes-d’Armor, 0,4 million d'euros du département du Finistère, les 3,1 millions d'euros de financements restants étant pris en charge par les collectivités porteuses et d’autres opérateurs, dont la chambre régionale d’agriculture pour 0,3 million d'euros.