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Energie - Alain Rousset souligne le lien entre développement du nucléaire et Etat centralisé

Alain Rousset a adressé le 16 mars à François Fillon une lettre dans laquelle il met en exergue le lien "plus évident que jamais" entre "développement de l'énergie nucléaire et Etat centralisé". "L'examen des modèles énergétiques des grands pays industrialisés montre que l'énergie nucléaire est particulièrement développée dans les pays de tradition centralisée avec un Etat fort qui a longtemps dirigé ou pèse encore fortement sur la politique industrielle (France, Suède, Royaume-Uni, Japon ou encore Chine)", constate le président de l'Association des régions de France (ARF). "A contrario, les énergies renouvelables sont nettement plus développées dans les Etats fortement décentralisés dont le modèle économique repose sur un tissu de PME dynamiques (Allemagne, Espagne, Italie)."
"Le drame qui frappe le Japon repose de manière tragique, mais urgente, le débat sur la politique énergétique de la France", souligne Alain Rousset. "Les régions entendent rappeler leur attachement au développement des énergies renouvelables ainsi que leur disponibilité pour l'appuyer ainsi que les initiatives qu'elles ont entreprises."
Actuellement, "seulement 7% de l'énergie produite en France provient d'une source d'énergie renouvelable", rappelle Alain Rousset qui se demande comment le gouvernement compte parvenir à l'objectif de 20% d'énergies renouvelables en 2020. "Il s'agit là d'un objectif louable mais, au regard de deux décisions récentes, on peut légitimement se demander comment le gouvernement compte l'atteindre". Le président de l'ARF dénonce la délivrance, fin 2010, "en toute discrétion" de plusieurs permis d'exploration des huiles et gaz de schiste présents dans le sous-sol national et le "véritable coup d'arrêt" porté début 2011 à la filière photovoltaïque. Selon lui, le nouveau cadre réglementaire publié le 5 mars est "décrié par l'ensemble des acteurs du secteur alors même que beaucoup de projets étaient en cours. Les investissements consentis par l'Etat seront manifestement trop faibles pour permettre à la filière française d'arriver à maturité et devenir compétitive. Le système hautement technocratique retenu par le gouvernement implique par ailleurs une complexité dont seuls les grands groupes industriels sauront tirer profit". Il juge aussi l'ambition dans l'éolien "dérisoire". 
"Le modèle énergétique français reposant sur un centralisme absolu et une imbrication très forte entre les services de l'Etat et les grands groupes industriels de l'énergie montre aujourd'hui ses limites, écrit Alain Rousset. Il doit impérativement être dépassé et les régions ont un rôle majeur à jouer à l'instar des Länder allemands ou des communautés autonomes espagnoles, avec une approche de bouquet énergétique." Il insiste sur l'expertise "particulièrement utile" des régions et sur leurs projets dans le développement des énergies renouvelables. "Dès lors, pourquoi les tenir à l'écart, d'autant plus que les emplois que représentent ces PME sont indispensables à la vitalité des territoires et au potentiel technologique de notre pays?", demande-t-il au Premier ministre. Il estime aussi que les régions, "soucieuses de la santé de leurs populations" doivent aussi pouvoir se prononcer sur les risques liés à la production énergétique.
Invité du journal de 20h de France 2 le 17 mars, François Fillon a qualifié les énergies renouvelables de "complément" car selon lui,  "l'idée qu'on puisse se passer du nucléaire est une idée qui n'a pas de sens". Toutefois, il dit ne voir "que des avantages à ce que le Parlement se saisisse à nouveau du débat" sur le mix énergétique, notamment en termes d'"équilibres" et de "calendrier".