Prévention des risques - Toutes les centrales nucléaires françaises vont être contrôlées
Lors du Conseil des ministres qui s'est tenu ce 16 mars, Nicolas Sarkozy a qualifié "d'extrême gravité" l'accident qui touche plusieurs réacteurs de la centrale japonaise de Fukushima, à la suite du tremblement de terre et du tsunami qui ont frappé le nord-est de l'archipel le 11 mars. "Les services chargés de la sûreté nucléaire et de la radioprotection se sont mis rapidement en situation de suivre les développements de cet accident et d'en anticiper les conséquences. Le territoire métropolitain et les territoires d'outre-mer font l'objet d'un suivi radiologique renforcé, dont les résultats sont mis à disposition du public en temps réel par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)", a déclaré le président de la République.
"La France a fait le choix de l'énergie nucléaire, qui constitue un élément essentiel de son indépendance énergétique et de la lutte contre les gaz à effet de serre. Ce choix a été indissociable d'un engagement sans faille pour assurer un très haut niveau de sûreté pour nos installations nucléaires", a-t-il ajouté en réponse aux interrogations que suscite partout dans le monde la catastrophe survenue au Japon. "L'excellence technique, la rigueur, l'indépendance et la transparence de notre dispositif sont reconnues mondialement", a assuré le chef de l'Etat. Néanmoins, "les progrès en matière de sûreté doivent être permanents et nous devons prendre en compte le retour d'expérience des accidents", a-t-il reconnu. "Les enseignements de l'accident de Fukushima seront tirés, à travers une revue complète des systèmes de sûreté de nos centrales nucléaires. Ce travail sera rendu public", a-t-il confirmé. La veille déjà, le Premier ministre, François Fillon, avait annoncé devant l'Assemblée nationale un "contrôle" des 58 réacteurs français.
Des tests de résistance dans les centrales européennes
Nicolas Sarkozy a aussi indiqué que "la France apportera son plein soutien à la démarche similaire" proposée par Günther Ottinger, commissaire européen à l'énergie le 15 mars. A l'issue d'une réunion d'urgence à Bruxelles rassemblant ministres, diplomates, industriels et autorités nationales de sûreté nucléaire, celui-ci a annoncé que les centrales nucléaires européennes feraient l'objet de "test de résistance". "Il s'agit de réévaluer tous les risques" qu'elles encourent "à la suite d'un tremblement de terre, d'une inondation, d'un tsunami, d'un attentat terroriste, d'un risque de panne d'électricité qui empêcherait le fonctionnement des circuits électriques de secours", a précisé le commissaire à l'énergie. "Tout cela fera l'objet d'un test général pour vérifier la sécurité des centrales."
Ces tests seront organisés au cours de l'année 2011 par "des experts indépendants" dans les pays qui le souhaitent a-t-il précisé puisque la Commission européenne "n'avait pas la possibilité de contraindre" les Etats membres". Mais selon lui, elle "avait à ce jour la coopération volontaire de tous" et "exercerait une pression sur tous ceux qui ne voudraient pas". Il a indiqué qu'une seconde réunion de haut niveau aura lieu d'ici avril pour "élaborer des propositions de tests, des critères communs, des normes communes de sécurtié et de risque, à la lumière des constats faits au Japon". Le coût des tests sera également débattu à cette occasion.
Par ailleurs, au niveau international, Nicolas Sarkozy a annoncé que la France prendrait dans le cadre du G20 l'initiative de réunir "dans les prochaines semaines" les ministres chargés de l'énergie et de l'économie "afin d'échanger sur les grandes options énergétiques pour le monde de demain".
Anne Lenormand
Jean-Paul Huchon annonce un "débat citoyen" sur les choix énergétiques et le risque technologique
Le président de la région Ile-de-France a annoncé ce 16 mars, à l'occasion de l'installation du nouveau Conseil scientifique régional (CSR), que celui-ci sera chargé d'une étude sur les risques liés à l'exploration et l'exploitation des huiles de schiste. "Cette mission d'études aura notamment pour objectif de nourrir un débat citoyen plus large sur la question énergétique en Ile-de-France, dans le cadre de l'application du plan climat régional", souligne la région dans un communiqué. "Les thèmes de ce débat public couvriront la problématique du risque technologique, en particulier lié au nucléaire, et la question de la transition face à la raréfaction des énergies fossiles (...). La région sollicitera l'accompagnement du CSR pour assurer la qualité scientifique du débat". Composé de 20 scientifiques de haut niveau et présidé par Jean-Antoine Girault, directeur de l'Institut du Fer à Moulin et directeur de recherche à l'Inserm, le CSR est chargé d'assister la région dans ses politiques de développement de la recherche, de l'enseignement supérieur, de l'innovation et du dialogue sciences-société.
A.L.