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Personnes âgées - Aide ménagère : pourquoi ces écarts régionaux entre besoins et réponses ?

1 million de personnes de plus de 60 ans ont besoin, en France, d'une aide à domicile (APA ou AMD). Une étude de la Cnav intitulée "Une approche régionale des besoins d'aide ménagère à domicile" montre que leurs besoins ne sont pas les mêmes selon qu'ils habitent en Ile-de-France ou en Picardie par exemple. L'étude propose un tour d'horizon des besoins et des réponses qui y sont apportées, région par région, et apporte quelques explications.

Les "Cahiers de la Cnav" - publication scientifique de la Caisse nationale d'assurance vieillesse - publient, dans leur dernier numéro, une étude intéressante sur "Une approche régionale des besoins d'aide ménagère à domicile". Ce travail entend notamment mesurer les besoins régionaux d'aide à domicile - et les réponses apportées respectivement par l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) et l'aide ménagère à domicile (AMD) - qui constitue le principal secteur d'intervention de l'assurance retraite en matière d'action sociale et de prévention.

Près d'un million de personnes de plus de 60 ans ont besoin d'une aide

L'étude évalue ainsi à 976.000 le nombre de personnes de plus de 60 ans qui ont besoin d'une aide à domicile, soit 10,5% de la tranche d'âge. Il s'agit soit de personnes classées en GIR 1 à 4 (6,6% des plus de 60 ans), soit de personnes classées en GIR 5 et 6, mais qui ont besoin d'être aidées pour l'une des quatre activités domestiques : faire les courses ou le ménage, préparer les repas ou sortir de chez elles (3,9 % des plus de 60 ans). Les premières sont éligibles à l'APA ; les secondes peuvent bénéficier d'une aide ménagère au titre de l'action sociale des caisses de retraite.
Mais l'étude précise que ce taux est une moyenne nationale et que "de nombreux indices laissent supposer qu'il n'est pas identique dans toutes les régions". Cette approche régionale a été menée sur la base d'un échantillon spécifique de 9.900 personnes de plus de soixante ans extrait de l'enquête "Handicap santé ménages" et grâce à l'exploitation de l'enquête "Vie quotidienne et santé" de l'Insee. Les résultats montrent que - pour une moyenne nationale de 10,5% des plus de 60 ans - le taux de personnes ayant besoin d'aide varie de 8,4% en Ile-de-France à 13,7% en Picardie. Ces différences s'expliquent notamment par les écarts régionaux dans la pyramide des âges (les retraités franciliens sont plus jeunes), par les écarts de revenus et par la prévalence variable de la dépendance (meilleur état de santé en Ile-de-France que dans la partie Nord de la France).

Trois régions divergent de la moyenne

L'étude s'efforce ensuite de comparer, région par région, l'offre de prestations APA et AMD aux besoins d'aide, tels qu'ils apparaissent ci-dessus. Cet écart entre besoins et réponses varie d'une région à l'autre. Il est particulièrement important dans trois régions. Ainsi, dans le Nord et la Picardie, le niveau de besoins est particulièrement élevé et la réponse en termes d'AMD proche de la moyenne nationale. A l'inverse, en Ile-de-France, le taux d'AMD est faible. L'étude avance plusieurs explications partielles : revenus plus élevés rendant les conditions de ressources des aides plus restrictives, caractère plus attractif du Cesu (chèque emploi services) pour certaines catégories de retraités, moindre notoriété de l'aide sociale de la Cnav et/ou moindre implantation de services à domicile... A l'inverse, dans d'autres régions (Bourgogne, Rhône-Alpes, Nord-Est), le taux élevé de recours à l'aide sociale de la Cnav semble être "le résultat d'une meilleure connaissance, au travers des réseaux des CCAS ou des Clic, voire du bouche à oreille". Si cette hypothèse se confirme, le phénomène serait alors auto-entretenu : plus une Carsat (représentation de la Cnav au niveau régional) attribue des aides sociales, plus sa notoriété serait forte et plus la demande générée serait élevée.
Enfin, les Pays de la Loire constituent également un cas à part, avec un recours à l'APA à domicile particulièrement faible, qui s'explique par une offre abondante de places en maisons de retraite et par une institutionnalisation des personnes âgées plus fréquente.
Ainsi que l'indique l'étude, "ces premières analyses montrent la complexité d'une telle estimation et la nécessité d'une telle approche par l'inclusion d'autres facteurs, qui à ce stade de l'étude n'a pas pu être réalisée".