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Emploi - Métiers en tension : attention aux aides-soignantes et aux aides à domicile

L'enquête sur les besoins de main-d'oeuvre de Pôle emploi met en lumière les fameux secteurs en tension. La situation est particulièrement difficile pour les aides-soignantes, les aides à domicile et la restauration qui auront souvent du mal à répondre à leurs besoins cette année. Dans certaines régions, comme en Champagne-Ardenne, les difficultés de recrutement tendent à se résorber.

Les perspectives d'embauche des entreprises connaissent une timide progression cette année : 1.613.100 projets d'embauche, c'est 4.400 de plus que l'an dernier, soit une progression de 0,3%, selon l'enquête annuelle de Pôle emploi sur les besoins de main-d'oeuvre (BMO). Seulement 18% des entreprises envisagent de recruter cette année, c'est à peine mieux que l'an dernier (17,7%). Et le nombre de recrutements par entreprises est en baisse.
Un peu moins de la moitié des postes proposés sont des emplois durables : 49,4% des recrutements sont envisagés en CDI, CDD de six mois ou plus et missions d'intérim de six mois ou plus, précise l'enquête réalisée à partir d'un questionnaire envoyé à 1,6 million d'établissements.
Les perspectives restent assez sombres : la part des employeurs prévoyant une hausse de leur activité dans les trois à cinq années à venir s'est légèrement tassée (29,7% d'entre eux contre 31,4% en 2012, soit -1,7 point).

Métiers porteurs

L'enquête BMO a pour but d'anticiper les difficultés de recrutement des entreprises, d'améliorer l'orientation des demandeurs d'emploi vers les formations ou métiers adéquats, et aussi d'informer les chômeurs sur l'évolution du marché du travail. Elle identifie ainsi les métiers porteurs. Avec 14% des intentions, l'hôtellerie-restauration est le secteur qui compte le plus embaucher cette année. Il est talonné par les services aux entreprises (12%) et la santé-action sociale (12%). Avec 64% des projets d'embauches, les services sont le secteur le plus porteur. Il connaît une augmentation de 1,1%. Le commerce est lui aussi en augmentation (+1,9%), avec 11% des projets. En revanche, la construction est en panne : -11%.
Les métiers les plus recherchés correspondent généralement à des emplois moyennement ou peu qualifiés et souvent saisonniers. Ces derniers représentent près de 36% des projets d'embauche. Les métiers qui arrivent en tête sont les apprentis de cuisine, les serveurs, les animateurs socioculturels, les aides à domicile, les aides-soignants...

Métiers en tension

L'enquête identifie par ailleurs les fameux secteurs "en tension" qui ne parviennent pas à recruter, malgré des taux de chômage records. Un domaine à manier avec précaution car les données de l'enquête ne distingue pas entre les métiers aux compétences rares et ceux qui manquent d'attractivité... Elle fournit toutefois des éléments intéressants aux acteurs de la formation qui doivent s'adapter aux besoins des entreprises. Récemment, le ministère du Redressement productif évaluait ainsi à 250.000 les emplois non pourvus dans "les filières performantes". Le gouvernement veut faire de l'adéquation entre offres d'emploi et demandes d'emploi un enjeu de la future réforme de la formation professionnelle. Globalement, les difficultés de recrutement dans les projets d'embauche sont en légère baisse : 40% contre 42% l'an dernier. Elles sont particulièrement criantes dans la construction (55%).
Les métiers qui devraient rencontrer le plus de difficulté de recrutement sont les ingénieurs et cadres d'études, la R&D en informatique, les chefs de projets informatiques (67% de difficultés), les aides à domicile, aides ménagères, travailleuses familiales (64,9%), les cuisiniers, employés de maison et personnels de ménage (60,5%), ou encore les commerciaux, les agents de sécurité et de surveillance...
Ramenés aux nombres d'emplois à pourvoir, les besoins d'adaptation et de formation vont être importants dans deux secteurs : les aides-soignantes et les aides à domiciles, avec 95.000 postes à pourvoir au total. La restauration est aussi l'un des premiers viviers d'emplois en France, mais c'est aussi l'un des secteurs qui a le plus de mal à recruter : sur un total de 66.446 postes à pourvoir, plus de 30.000 risquent de poser des problèmes de recrutement.
L'enquête BMO fournit également des éléments intéressants au niveau de chaque région (certains tableaux régionaux sont encore à compléter). L'Ile-de-France apparaît ainsi moins dynamique que la moyenne nationale : la proportion d'entreprises franciliennes qui envisagent de recruter est de 15,9% contre 18% au plan national. Le Nord-Pas-de-Calais fait mieux : avec 18%, la région gagne un point par rapport à 2012. Or le nombre d'embauches augmente de 13% dans l'industrie manufacturière, et ce "grâce aux besoins exprimés dans l'ensemble Industries extractives, énergie et gestion des déchets (1.000 projets supplémentaires)".
Dans certaines régions, les difficultés de recrutement se résorbent. Ainsi, en Midi-Pyrénées, elles sont de 39,2%, soit une baisse de 6,7% par rapport à 2012. En Champagne-Ardenne, ces difficultés ne touchent que 32,3% des recrutements, après une baisse de 7% sur un an.