Aidants : les recommandations de l’Igas pour renforcer l’accès aux solutions de répit

Dans un rapport récemment publié, l’Inspection générale des affaires sociales identifie plusieurs freins au développement du répit pour les proches aidants, dont un manque de visibilité des solutions et des restes à charge trop élevés pour certains dispositifs tels que le "relayage à domicile". L’Igas appelle à "clarifier les aides existantes" et à renforcer le partenariat entre les acteurs sur ce sujet, notamment entre les agences régionales de santé et les départements.

 

"Alors que le rôle des proches aidants est appelé à se renforcer dans les années à venir, les solutions de répit doivent prévenir leur risque d’épuisement." Saisie par le gouvernement dans le cadre de la stratégie nationale de soutien aux aidants, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a publié le 8 février 2023 un rapport intitulé "Soutenir les aidants en levant les freins au développement de solutions de répit".

L’Igas estime qu’entre 8 et 11 millions de personnes sont aujourd’hui des "aidants" auprès de personnes âgées, de personnes en situation de handicap et de personnes malades, même s’"ils ne se reconnaissent encore pas tous comme tel". "Leur rôle va s’accroître dans les prochaines années, du fait d’évolutions démographiques (vieillissement de la population, hausse de la prévalence des maladies chroniques) et de demandes sociétales (préférence pour le domicile, inclusion des personnes en situation de handicap, développement des soins ambulatoires)", met en avant l’Inspection. Si "l’accès à des solutions de répit n’est pas la première demande des aidants, qui insistent en premier lieu sur l’importance d’un accompagnement soignant et médico-social approprié pour les personnes aidées", ce besoin de répit est bien exprimé. L’offre d’accompagnement et de répit vise en particulier à limiter les conséquences négatives sur la vie professionnelle et privée du rôle d’aidant, "dans une logique à la fois de prévention en santé et de cohésion sociale".

Mieux articuler les plateformes de répit avec les politiques sociales des départements

Le rapport dresse un panorama des solutions existantes, identifie les freins à leur développement et énonce des recommandations pour lever ces freins. Ainsi les 250 plateformes d’accompagnement et de répit (PFR) mises en place par les agences régionales de santé (ARS), principalement pour les aidants de personnes âgées, sont "essentielles pour l’orientation des aidants vers les solutions de répit, mais peu visibles et mal articulées avec les politiques sociales des départements". L’Igas appelle à "renforcer le rôle de pivot" de ces plateformes, avec une inscription juridique dans le champ médico-social, un nom plus parlant du type "Maison des aidants", un élargissement du public cible et des partenariats renforcés avec l’ensemble des acteurs intervenant auprès des aidants. 

Dispositif le plus demandé par les aidants, le "relayage à domicile" se développe mais "reste expérimental et financièrement peu accessible". Plusieurs propositions sont formulées, dont la mise en place dans toutes les PFR d’une offre de suppléance sur des temps de moins de quatre heures, "avec un reste à charge symbolique". Ou encore "la structuration d’une offre de suppléance de 4h à 48h consécutives, en s’appuyant de manière privilégiée sur les services d’aide à domicile".

L’Igas formule également des recommandations sur l’accueil temporaire en établissement – aujourd’hui peu adapté aux attentes des personnes dans le médico-social et "inexistant dans les établissements de santé, sauf en cas d’urgence" – et sur le soutien des séjours de vacances-répit, au coût actuellement trop élevé.

Concrétiser les "conférences territoriales de l’autonomie"

La mission appelle enfin à "clarifier les aides existantes" pour davantage de mobilisation des financements dédiés aux aidants. A court terme, elle propose de "renforcer les financements des solutions de répit par les prestations individuelles existantes (APA, PCH, AEEH)", sous la forme de "compléments répit". A moyen terme, l’Igas suggère d’approfondir la piste d’une "allocation répit aidant" (en espèces) ou d’un "chèque répit aidant" (prestation en nature).

A plus long terme, la rénovation du financement de l’offre de répit pourrait passer par une mise en œuvre effective des "conférences territoriales de l’autonomie" telles que dessinées par le rapport Libault de 2022 sur le service public territorial de l’autonomie (voir notre article). Ce qui implique d’"élargir la compétence des conférences des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie au champ des personnes handicapées, en y associant les CAF".

Intitulée "Agir avec les aidants", la nouvelle stratégie gouvernementale "sera rendue publique dès cet été", selon le ministère des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées