Transport aérien - Aéroport de Pau : une enquête "incompréhensible"
La Commission européenne a décidé, mercredi 25 janvier, d'approfondir son enquête ouverte en 2007 sur l'aéroport régional de Pau-Pyrénées. Trois autres aéroports sont dans le viseur de Bruxelles : Niederrhein-Weeze et Altenburg-Nobitz, en Allemagne, et Västerås, situé à une centaine de kilomètres de Stockholm, en Suède. Bruxelles entend examiner la conformité aux règles européennes des contrats liant ces aéroports avec certaines compagnies aériennes à bas coût. Ses conclusions viendront nourrir la réforme en cours des lignes directrices sur le secteur de l'aviation qui doivent remplacer celles datant de 2005. Une réforme qui fait l'objet d'une consultation publique depuis près d'un an.
La Commission rappelle, dans un communiqué, qu'aujourdhui, les aides de fonctionnement sont prohibées. Seules les aides aux infrastructures sont autorisées, à condition qu'elles soient "nécessaires, proportionnées, visent un objectif d’intérêt général, garantissent un accès non discriminatoire à tous les utilisateurs et n'affectent pas indûment les échanges au sein du marché intérieur". Encore faut-il qu'elles soient notifiées à la Commission qui examine alors le montant et la durée des aides et la viabilité de la ligne subventionnée... En cas de doute, elle peut ouvrir une enquête. Ce qu'elle fait régulièrement.
En ce qui concerne l'aéroport de Pau, la situation est un peu particulière. Une enquête avait déjà été ouverte en 2007 sur les aides accordées à la compagnie à bas coût Ryan Air. Or la chambre de commerce et d'industrie de Pau-Béarn, gestionnaire de l'aéroport, dit n'en avoir toujours pas vu la couleur. Bruxelles annonce cette fois-ci vouloir étendre le champ d'application de cette enquête "à tous les contrats conclus par l’aéroport avec les compagnies aériennes entre 2003 et 2011, ainsi qu'à plusieurs subventions d'infrastructures et à d'autres aides publiques accordées à l’aéroport au cours de cette période". A la CCI de Pau, on s'explique mal cette décision.
Aménagement du territoire
Pour Patrick de Stampa, son président, elle est "incompréhensible". "Nous n'avons plus de ligne low cost, c'est vraiment se moquer du monde", s'agace-t-il. En effet, depuis avril 2011, Pau ne travaille plus avec Ryanair, considérée comme "hors marché". Initialement, la compagnie à bas coût devait percevoir une aide marketing de 1,45 million d'euros pour cinq lignes. "Un an après, elle demandait 1,5 million d'euros pour trois lignes, on a donc décidé d'arrêter", explique Patrick de Stampa. Bien plus, le président de la CCI met en parallèle ce montant avec ceux des aides octroyées par d'autres aéroports des environs - Biarritz et Tarbes - qui se montent à 4 millions d'euros. "Si la Commission veut mener une véritable enquête, modifier les règles, qu'elle le fasse à partir d'un échantillon d'aéroports représentatif", recommande le président. Mais aujourd'hui, il s'estime "serein". Avant de recourir à la compagnie irlandaise, la CCI avait en effet passé deux appels d'offres restés infructueux en 2007 et 2008, et les aides au marketing accordées étaient dégressives sur trois ans. Des points qui devraient donc jouer en faveur de la CCI.
Entre temps, l'aéroport a entrepris une importante restructuration. "On a mis 4,8 millions d'euros sur dix ans. Les collectivités (communauté d'agglomération et conseil général) n'ont apporté que 435.000 euros", indique Patrick de Stampa. Les comptes de l'aéroport sont en équilibre et la CCI espère atteindre les 750.000 passagers d'ici quelques années, après la perte de 120.000 passagers liés au départ de Ryan Air. "C'est un enjeu d'aménagement du territoire. Or ces annonces peuvent avoir un effet dramatique. On va finir par attaquer la Commission", prévient-il.