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Transports - Aéroport de Notre-Dame-des-Landes : pas de remise en cause du projet, sous réserve d'aménagements

La commission du dialogue sur le futur aéroport du Grand Ouest, mise en place "dans un souci d'apaisement" par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, en novembre dernier, se dit pour le transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) sous réserve de plusieurs modifications du projet, dans un rapport remis au gouvernement le 9 avril. Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et fervent partisan du futur aéroport, a immédiatement réagi en réaffirmant "son attachement à poursuivre la conduite de ce projet", en promettant "dialogue" et "échange constructif", selon un communiqué de Matignon.
Dans ses conclusions, la commission du dialogue estime que "le réaménagement de [l'actuelle aérogare de] Nantes-Atlantique n'apparaît pas (...) comme une solution viable à long terme". Elle recommande en revanche d'améliorer le projet de Notre-Dame-des-Landes en réduisant notamment "autant que possible" la surface totale de la future infrastructure. La commission, qui a entendu "plus de 200 personnes au cours de 91 auditions" du 21 décembre 2012 au 15 mars 2013, justifie le maintien du projet de transfert par "la croissance du trafic aérien à Nantes", qui "semble devoir se poursuivre même si c'est à un rythme moins rapide que celui constaté ces dernières années". Un nombre plus important de passagers, estimé à 4,2 millions vers 2018-2020 ne pourrait être accueilli dans l'aéroport existant "qu'au prix de travaux très lourds et perturbants pour l'exploitation". Ce chiffre de 4,2 millions de passagers "correspond au niveau de saturation estimé lors du débat public pour l'aérogare actuelle et qui est corroboré par le constat effectué pendant les 36 jours de pointe de l'année 2012", relève le document. "Actuellement, l'aéroport de Nantes n'est pas saturé, mais le développement du trafic qui est prévisible fait penser qu'il le sera à terme de quelques années", a résumé le président de la commission, Claude Chéreau. La commission préconise une évaluation des coûts d'un éventuel "réaménagement de l'aéroport actuel" afin de "mettre un terme à une polémique inutile" concernant la possibilité, soutenue par les opposants à Notre-Dame-des-Landes, d'adapter Nantes-Atlantique plutôt que de construire un nouvel aéroport.

Réduire l'emprise du projet sur les terres agricoles

Ses autres recommandations portent sur la réduction de la surface totale du futur aéroport. Elle souligne l'importance de réduire "autant que possible" l'emprise du projet sur les terres agricoles, notamment en réduisant la surface des parcs de stationnement et celles des activités économiques autour de l'aéroport. Elle ajoute que les perspectives de desserte du nouvel aéroport mériteraient d'être clarifiées, notamment pour ce qui concerne les transports collectifs. La commission suggère en outre d'"actualiser" les plans d'exposition au bruit pour l'actuel et le futur aéroport afin d'avoir une idée plus précise de leur impact.
Deux autres rapports ont également été remis au gouvernement le 9 avril, celui de la mission chargée d'évaluer les pertes et compensations aux terres agricoles, et celui de la commission scientifique d'évaluation du système de compensation environnementale proposé par le maître d'ouvrage, le groupe de travaux publics Vinci. Ce dernier émet douze réserves sur les méthodes prévues dans le cadre de la compensation environnementale, qui "devraient être levées pour que le projet puisse être poursuivi". La mission d'expertise de l'impact du projet sur l'agriculture recommande quant à elle la reconstitution des exploitations agricoles.

Les partisans satisfaits...

Plusieurs des principaux acteurs favorables au projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes se sont montrés satisfaits mardi après la publication des trois rapports. "L'utilité de cet aéroport est aujourd'hui avérée, prouvée, démontrée et cette démonstration a été faite en écoutant toutes les parties, nous sommes très satisfaits", a déclaré le président PS du conseil général de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet. "Il y a un certain nombre de préconisations qui sont faites qui ne remettent pas du tout en cause la justification et l'utilité de ce transfert", a de son côté souligné le président PS de la région Pays de la Loire, Jacques Auxiette. "Ne confondons pas les processus d'amélioration avec l'idée d'un abandon ou d'un moratoire, ce n'est absolument pas écrit dans aucun des rapports", a-t-il souligné. "Il y a des délais qui sont un petit peu reportés : les petites bêtes qu'il y a dans les mares et autres, au printemps, c'est la période de reproduction donc elles ne peuvent pas être transférées pendant cette période", a expliqué Jacques Auxiette. "Par conséquent, il faudra attendre, pour réaliser cela, que ce soit l'automne pour que cette période de reproduction soit terminée." "Il en est de même pour le fait qu'il faut débroussailler des arbres, etc...: on fait ça généralement en période où il y a moins de feuilles", a-t-il ajouté. Selon lui, l'aéroport, prévu initialement pour 2017, sera achevé pour "2017-2018". Le maire socialiste de Nantes, Patrick Rimbert, successeur de Jean-Marc Ayrault à la tête de la ville, a pour sa part souligné dans un communiqué que le projet avait été "conforté" et que les rapports apportaient des "recommandations constructives".

... et un gain de temps pour les opposants

 Mais dans le camp des opposants, les modifications substantielles demandées, tant en matière environnementale que d'emprise au sol pour limiter les pertes en terres agricoles, étaient interprétées comme un gain de temps voire un signe que le projet pourrait être, à terme, abandonné. "On est sur la bonne voie [dans le sens d'un abandon de l'aéroport, NDLR] mais ça ne va pas se décider tout de suite", a déclaré ce 10 avril à l'AFP Françoise Verchère, conseillère générale Parti de gauche et présidente du Collectif des élus doutant de la pertinence de l'aéroport (Cédpa). En attendant, sur le terrain, les opposants redoublent d'efforts pour construire des cabanes et préparer une grande manifestation de remise en culture collective des terres, "Sème ta Zad", prévue samedi 13 avril.
"Il est impossible de faire cet aéroport-là, et au lieu d'accepter cette impossibilité ils cherchent depuis le début le mouton à cinq pattes", a jugé Françoise Verchère, ajoutant que les promoteurs du projet "auraient bien mieux fait d'abandonner ce site dès qu'ils se sont aperçus que c'était une tête de bassin versant avec 98% de zones humides" notamment. Répliquant à l'un des arguments contenu dans le rapport de la commission du dialogue, selon lequel un non-transfert de l'aéroport entraverait l'urbanisation de l'agglomération nantaise, la présidente du Cédpa a annoncé que son collectif ferait réaliser son propre plan d'exposition au bruit de la ville.