Action coeur de ville : le dispositif "Entrées de villes" sur les fonts baptismaux

En visite à Nevers, lundi 20 février, la ministre Dominique Faure a donné le coup d'envoi au nouveau dispositif de requalification des entrées de villes. Déjà 45 villes du programme Action coeur de villes se sont portées volontaires. Elles bénéficieront d'un "soutien méthodologique, technique et financier". Elles auront ainsi un accès privilégié à un nouveau fonds de requalification commerciale qui sera doté de 24 millions d'euros. La Banque des Territoires mobilisera de son côté 15 millions d'euros pour aider une trentaine de territoires pilotes à "repenser leurs entrées de ville afin de les embellir".

Accumulation de "boîtes à chaussures" sur des kilomètres : les zones commerciales de périphérie sont les vestiges d’un laisser faire qui a meurtri les entrées de villes. L’heure est aujourd’hui à la prise de conscience, à la fois esthétique sur fond de sobriété foncière, et économique, car nombre d’entre elles périclitent. C’est à Nevers (Nièvre), ville emblématique du programme de revitalisation des villes moyennes Action cœur de ville (ACV), que la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales et de la ruralité, Dominique Faure, a donné le coup d’envoi, au côté du maire Denis Thuriot, d’une nouvelle politique de requalification de ces entrées de villes. L’initiative répond à la volonté du président de la République qui, en annonçant la prolongation d’ACV (jusqu’en 2026), le 8 septembre 2021, avait exigé deux priorités nouvelles : les entrées de villes et les quartiers de gare. Le directeur du programme, Rollon Mouchel-Blaisot, en avait esquissé la feuille de route dans son rapport de préfiguration en juillet 2022. "Il s’agit d’apporter plus de cohérence entre le centre-ville, les quartiers de gare et les entrées de villes, d’avoir une vision globale de l’aménagement et pas une action au cas par cas", explique-t-il à Localtis.

"Nous voulons faire l'inverse"

Avec ce dispositif d'entrées de villes, "nous voulons faire faire l’inverse de ce qui a été fait jusqu’ici, à savoir des zones monofonctionnelles, artificialisées à outrance, reposant uniquement sur la mobilité carbonée, avec souvent un mall commercial dépassé, subissant une banalisation architecturale et paysagère…", poursuit-il.

Après que l’ancienne ministre des collectivités Caroline Cayeux avait lancé la seconde phase d’ACV et confirmé ces nouvelles orientations, le 21 novembre 2022 (voir notre article), Rollon Mouchel-Blaisot avait sollicité les 234 villes du programme pour "calibrer" les besoins. Résultat : 45 villes se sont portées volontaires. Parmi elles, Nevers ou Chartres – désireuses de mieux faire ressortir leur cathédrale – Orléans, Sète, Limoges, Thiers, Montélimar (voir la liste)… "On a une totale diversité géographique, la métropole comme l’outre-mer, et une très grande diversité de situations", souligne le directeur. "Certaines collectivités ont déjà mené une réflexion sur le sujet et sont quasiment à la phase opérationnelle, d’autres souhaitent engager une réflexion." L’idée était aussi d’avoir des territoires qui "représentent tout le spectre" et de répondre aux besoins de chacun d’eux : "Certains connaissent un boom démographique ou économique et ont besoin de récupérer du foncier, d’autres sont dans une situation plus intermédiaire et ont des problèmes de déprise." Sachant que la liste des 45 villes n’est pas limitative. Au contraire. Toutes les villes du programme auront vocation à travailler sur le sujet dans les mois et années à venir.

Nouveau fonds de requalification commerciale

Les villes retenues vont bénéficier d’un "soutien méthodologique, technique et financier", indique le ministère, avec plusieurs niveaux d’intervention. La Banque des Territoires (partenaire essentiel d’ACV 2, avec la mobilisation de 2,5 milliards d’euros sur les 5 milliards prévus) consacrera une enveloppe de 15 millions d’euros "en faveur de l’ingénierie pour repenser les entrées de ville afin de les embellir, de réinventer leurs paysages et de participer à leur renaturation", indique le ministère dans son communiqué. Il s’agira de se concentrer sur une trentaine de territoires pilotes.

La Banque des Territoires engagée aux côtés des villes Action Cœur de Ville

La Banque des Territoires se mobilise pour poursuivre et amplifier les transformations engagées depuis 5 ans.

Vient ensuite la création d’un nouveau "fonds de requalification commerciale" doté de 24 millions d’euros, cogéré par la direction générale des entreprises (DGE) et l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Ce montant correspond aux annonces faites par la ministre déléguée au commerce, Olivia Grégoire, fin octobre 2022, pour traiter les zones commerciales de périphérie. Spécialisé dans les opérations commerciales, ce fonds ne se limite pas aux villes d’ACV même si celles-ci y auront un accès privilégié.

"Opérations extrêmement complexes"

Parce que ces opérations de requalification des entrées de villes, mêlant habitat, activités économiques, équipements publics, sont "extrêmement complexes" (qu’il s’agisse du droit de l’urbanisme, des documents de planification ou des autorisations commerciales), la direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature (DGALN) constituera une task force pour conseiller les collectivités, attirer leur attention sur certaines procédures et faciliter les opérations. Le Cerema apportera lui aussi un "appui méthodologique très fort", précise Rollon Mouchel-Blaisot. Un guide pratique sera élaboré par les partenaires du programme. Les collectivités pourront aussi profiter des enseignements du programme "Repenser la périphérie commerciale" lancé par la DGALN et le Cerema en 2017, pour travailler à des solutions concrètes de transformation des périphéries commerciales. Les conclusions de ce travail seront prochainement publiées. Enfin, à l’instar de ce qui avait été fait pour les 12 territoires pionniers de la sobriété foncière, un "cercle des entrées de villes" sera créé pour faciliter les échanges et les retours d’expérience entre les collectivités.

Le directeur du programme souhaite par ailleurs pouvoir apporter un "appui procédural" aux collectivités qui souhaiteraient s’engager dans l’expérimentation prévue par la loi 3DS du 21 février 2022 leur permettant d’examiner elles-mêmes les demandes d’autorisation d’exploitation commerciale (AEC) avec avis conforme de l’EPCI, en lieu et place des commissions départementale et nationale d’aménagement commercial (CDAC).

"La reconquête des entrées de ville, c’est la nouvelle frontière de l’aménagement urbain, il faut faire les choses différemment, être sobre en foncier", insiste encore Rollon Mouchel-Blaisot.

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis