Deuxième phase d’Action cœur de ville : pour 5 milliards de plus
La deuxième phase du programme Action coeur de ville bénéficiera d'une enveloppe minimum de 5 milliards d'euros sur quatre ans, a assuré Caroline Cayeux, lundi 21 novembre, en clôture des rencontres Coeur de ville organisées par la Banque des Territoires, à Paris. La ministre déléguée chargée des collectivités territoriales entend faire de "l'écologie de territoire" le fil rouge de cette deuxième phase, avec une attention particulière aux entrées de villes.
"C’est encore plus de moyens, a minima 5 milliards d’euros mobilisés sur quatre ans et non plus cinq ans." La ministre déléguée chargée des collectivités, Caroline Cayeux, a (enfin) dévoilé, lundi 21 novembre, les montants de la phase 2 du programme Action cœur de ville qui démarre le 1er janvier 2023 dans les 234 villes concernées. Depuis qu’Emmanuel Macron avait annoncé en septembre 2021 la poursuite de ce programme de revitalisation des centres de villes moyennes jusqu’en 2026 et son élargissement aux quartiers de gare et entrées de ville (voir notre article du 8 septembre 2021), l’impatience montait pour en connaître les détails. Si le préfet Rollon Mouchel-Blaisot, directeur du programme, chargé d’élaborer la feuille de route pour cette deuxième phase, avait eu l’occasion de présenter ses pistes de réflexions (voir notre article du 19 septembre 2022), il manquait le principal : les financements. Après avoir levé le suspense dans Le Parisien, le matin même, la ministre s’exprimait le soir en clôture des rencontres Cœur de ville, organisées par la Banque des Territoires, à Paris. Sur les 5 milliards, l’État apportera un "engagement conséquent d’au moins 700 millions d’euros", s’est félicitée l’ex-maire de Beauvais et ardente avocate de ce programme quand elle présidait aux destinées de Villes de France. De quoi amorcer la pompe et éventuellement attirer de nouveaux opérateurs en plus des trois partenaires historiques : la Banque des Territoires, Action logement et l’Anah. Éric Lombard, le directeur général de la Caisse des Dépôts, a ainsi été le premier à détailler les crédits que son institution et ses filiales allaient déployer : 2,5 milliards sur quatre ans, soit la moitié de l’enveloppe prévue. "Un rythme supérieur à celui engagé au début du programme", a-t-il dit, n’excluant pas la possibilité d’aller plus loin si nécessaire. "Vous avez devant vous des projets qui méritent qu’on s’engage de cette façon", a-t-il justifié, insistant sur le regain d’attractivité des villes moyennes et la montée en puissance des enjeux de transition écologique. "Il y a un mouvement démographique, une envie accélérée par la crise Covid de vivre dans vos villes", a-t-il insisté.
"Écologie de terrain"
L’enveloppe de la Caisse des Dépôts comprend 1,8 milliard en fonds propres : 1,2 milliard d’euros pour la transformation de 8.000 logements (via CDC Habitat), 90 millions d’euros de subventions d'ingénierie (Banque des Territoires), dont 60% dans la transition écologique, 350 millions d’euros d’investissements et 150 millions d’euros pour les foncières, alors que "la question du foncier va être au cœur des enjeux de demain, surtout avec le ZAN". Les 700 millions d’euros restants seront des prêts sur fonds d’épargne. Le groupe entend aussi mobiliser le réseau des points de contact de La Poste pour produire des logements dans les locaux vacants.
On en sait un peu plus également sur les orientations de cette deuxième phase dont le "fil rouge" sera "l’écologie de terrain". "Avec Christophe Béchu (ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, ndlr), nous avons fait le choix d’orienter Action cœur de ville vers la transition écologique des territoires, dont le caractère crucial ne fait que se renforcer avec la crise", a en effet expliqué Caroline Cayeux. Dans la lignée des "territoires pilotes de la sobriété foncière", l’accent sera ainsi mis sur la sobriété énergétique et foncière : lutte contre l’étalement urbain, renaturation, rénovation, traitement des friches…
Entrées de ville
Les interventions en centre-ville demeurent l’essence même du programme, avec une attention nouvelle pour la vacance dans les bâtiments anciens. Mais conformément aux orientations du président de la République, il s’agira aussi de traiter les quartiers de gare et les entrées de ville. "Cela conditionne l’image première que rend la ville à ses visiteurs", a expliqué la ministre qui, dans Le Parisien, disait ne plus vouloir entendre parler de la "France moche". Le "premier coup d’œil" doit être "le premier coup de cœur", a-t-elle déclaré. "Depuis quarante ans, les villes et les agglomérations ont été marquées par le développement des zones périphérique monofonctionnelles mal articulées entre elles, reposant sur la voiture", a-t-elle fustigé. La Banque des Territoires conduira une opération de restructuration d’entrées de villes dans 30 sites pilotes, avant d’envisager une généralisation. La ministre compte aussi recourir davantage aux moratoires contre les projets d’installation de commerces en périphérie, comme le permettent les opérations de revitalisation de territoire (ORT). Son objectif : faire d'Action coeur de ville "le laboratoire d’un aménagement renouvelé du territoire, écologiquement sobre, économiquement pragmatique et esthétiquement exigeant".
Les prochaines rencontres Coeur de ville se dérouleront les 9 et 10 octobre à Avignon. Une ville emblématique de l'étalement des zones commerciales de périphérie. L'une des premières aussi à avoir lancé l'idée d'un moratoire sur l'extension des grandes surfaces (voir notre article du 8 février 2018).