Risques - 670 catastrophes naturelles à l'origine de plus de 15.000 morts depuis 2001
Fortes tempêtes, canicules, inondations, cyclones tropicaux... : depuis 2001, 670 catastrophes naturelles ont été enregistrées en métropole et dans les départements d'outre-mer. Elles ont été à l'origine de 15.539 morts, 96% des décès étant dus à la canicule de 2003, et ont coûté plus de 10 milliards d'euros rien qu'en dommages assurés. Ces chiffres sont tirés du bilan décennal des catastrophes naturelles en France réalisé par le cabinet d'étude Ubyrisk Consultants. "Avec 92 événements recensés, l'année 2001 apparaît comme la plus sinistrée suivie par l'année 2003 (85 événements), tandis que l'année 2005 aura été celle qui compte le moins d'événements (53)", indique l'étude, qui insiste sur les spécificités hexagonales. "Contrairement aux statistiques mondiales de la décennie qui montraient un net accroissement du nombre de catastrophes au cours des 5 dernières années, cette tendance ne se retrouve pas pour la France pour laquelle le nombre d'événements annuel reste stable autour de la moyenne relevée pour la décennie."
Catastrophes les plus fréquentes : les inondations
Les inondations "constituent 20% des événements" recensés, les orages 17,5% et les avalanches 17,3%. Plus rares sont les incendies de forêts (7%), les mouvements de terrain (6%), les tempêtes tempérées (6%) ou les intempéries (5%). "Toutes proportions gardées, cette répartition est sensiblement identique à celle prévalant à l'échelle mondiale", remarque l'étude. " Notre pays connaît proportionnellement moins d'événements d'origine géologique", alors que "les événements à origine complexe (incendies et avalanche) sont davantage représentés en France que dans le reste du monde", la France "étant fortement exposé[e] à ces deux aléas".
En termes de gravité, 89% des événements recensés appartiennent aux deux échelons inférieurs de la grille de qualification d'importance des événements de l'étude qui compte 7 niveaux (événements faisant moins de 5 victimes ou blessés et ayant des conséquences matérielles régionales). A l'échelle mondiale, cette part atteignait 69%. Les "événements graves" de niveau 3 (nombre de victimes compris entre 6 et 50 avec des dommages matériels à l'échelle régionale) représentent "10% des catastrophes naturelles référencées en France contre 23% à l'échelle du monde", et les catastrophes de niveaux supérieurs 4 à 6 (faisant plus de 50 victimes et des dommages matériels, de l'échelle nationale à supra-nationale) "sont très marginales puisqu'elles ne représentent que moins de 2% des événements en France contre 10% dans le monde". "Sur la période étudiée, il ne semble donc pas que le niveau de gravité moyen des événements se soit accru", constate Ubyrisk Consultants.
74 victimes par an en moyenne, hors canicule de 2003
S'agissant des victimes, si l'on exclut la canicule de 2003, "le nombre moyen de victimes des catastrophes naturelles s'établit à 74 par an". Toujours en excluant cette canicule, "les avalanches - avec 194 morts - représentent plus de 26% des victimes liées aux catastrophes naturelles de la décennie écoulée", "les vagues de chaleur viennent en seconde position avec 137 morts (18,6% du total) suivies par les inondations qui ont causé la mort de 109 personnes (14,8% du total) et enfin les tempêtes tempérées avec 103 victimes (14% du total)". Les événements les plus meurtriers après la canicule de 2003 sont celle de 2006, à l'origine de 133 décès, la tempête Xynthia responsable de 50 décès, les inondations dans le Var de 2010 qui ont fait 25 morts et celles du Sud de 2002 (24 morts).
En termes économiques, le coût total des dommages assurés liés aux catastrophes naturelles - 13,65 milliards d'euros - est "au minimum à multiplier par un facteur 2 si l'on souhaite prendre en compte le coût total des dommages y compris les biens non assurés (routes, forêts, infrastructures publiques…)", précise l'étude. La tempête Klaus de 2009 a été la plus coûteuse (1,7 milliard d'euros en dommages assurés), suivie de la tempête Xynthia de 2010 (1,6 milliard d'euros) et des inondations dans le Sud en 2003 et 2002 (respectivement 740 et 665 millions d'euros). Selon Ubyrisk Consultants, il est "justifié de considérer que le coût économique des catastrophes naturelles s'accroît notablement dans notre pays, ce qui est en accord avec la tendance observée dans les autres pays de l'OCDE".
Les communes du Sud plus exposées
D'un point de vue géographique, ce sont les communes de la moitié sud de la France qui ont été les plus touchées au cours de la dernière décennie. "A cet égard, les communes du Sud-Est et du Sud-Ouest se détachent assez nettement, puisque nombre d'entre elles ont été déclarées en état de catastrophe naturelle à plus de 5 reprises en 10 ans", souligne l'étude. Environ 22% de l'ensemble des arrêtés de catastrophes naturelles pris depuis 1982, date de l'entrée en vigueur de la loi relative à l'indemnisation des catastrophes naturelles l'ont été durant la décennie 2001-2010, note encore le cabinet. Sur la décennie passée comme pour l'ensemble de la période depuis 1982, près de 71% de ces arrêtés ont été pris au titre des inondations et coulées de boue et 14,7% au titre des mouvements de terrain.
Anne Lenormand
Plus de 21.000 communes concernées par la nouvelle réglementation sur les risques sismiques
Le 1er mai 2011, de nouvelles règles parasismiques pour les bâtiments et une nouvelle carte d'aléa sismique sont entrées en vigueur afin notamment de répondre aux exigences de nouveau code européen de construction parasismique, l'Eurocode 8. Plus de 21.000 communes sont concernées par le nouveau zonage contre 5.000 dans le précédent. 60% des communes françaises sont aujourd'hui situées en zones de sismicité 2 à 5, contre 14% dans l'ancien zonage et 25% des communes sont concernées par les règles parasismiques pour les maisons individuelles. Selon le ministère de l'Ecologie, la nouvelle carte du zonage sismique français, qui doit contribuer à améliorer la prévention de ce risque, a en effet identifié de nouvelles zones "dans le Nord et le Grand Ouest, reflétant une meilleure connaissance de la sismicité locale". " Des modifications des niveaux et des extensions des zones de sismicité concernent également des régions déjà reconnues sismiques, comme les Pyrénées, les Alpes, la Provence ou l'Alsace", a ajouté le ministère.
Cette nouvelle carte a été établie en application du décret n° 2010-1255 du 22 octobre 2010 portant délimitation des zones de sismicité du territoire français, publié au Journal officiel du 24 octobre dernier. Ce décret redéfinit le zonage sismique de la France métropolitaine et des Dom-Com afin de "prendre en compte l'amélioration des connaissances en la matière, notamment en adoptant une approche probabiliste et non plus statistique pour définir les zones à risque", a précisé le ministère de l'Ecologie. Le zonage d'aléa sismique est désormais réalisé à l'échelle des communes et non plus des cantons. Il classe le territoire national en cinq zones de sismicité croissante : "très faible", "faible", "modéré", "moyen" et "fort". La zone 5 ne concerne que des Dom-Com, mais plusieurs régions métropolitaines ont des territoires classés en zone 4.
Deux autres textes réglementaires - le décret n° 2010-1254 du 22 octobre 2010 relatif à la prévention du risque sismique et un arrêté du 22 octobre 2010 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux bâtiments de la classe dite "à risque normal" -, également publiés au Journal officiel du 24 octobre dernier - sont également entrés en vigueur le 1er mai 2011. La classe dite "à risque normal" comprend les bâtiments, équipements et installations pour lesquels les conséquences d'un séisme demeurent circonscrites à leurs occupants et à leur voisinage immédiat. Le décret précise que "des mesures préventives, notamment des règles de construction, d'aménagement et d'exploitation parasismiques, sont appliquées aux bâtiments, aux équipements et aux installations de la classe dite "à risque normal" situés dans les zones de sismicité 2, 3, 4 et 5". Des mesures préventives spécifiques doivent en outre être appliquées aux bâtiments, équipements et installations de catégorie IV pour garantir la continuité de leur fonctionnement en cas de séisme. Il s'agit des bâtiments "dont le fonctionnement est primordial pour la sécurité civile, pour la défense ou pour le maintien de l'ordre public".