66.422 défaillances d'entreprises en 2024, soit 28% de plus qu'en 2019
En 2024, le nombre de défaillances se monte à 66.422, soit 28% de plus qu'en 2019, avant les crises sanitaires et inflationnistes. BPCE L'Observatoire s'inquiète dans un décompte publié le 8 janvier 2025, de la concentration des défaillances sur les PME et ETI et craint un effet domino pour 2025 sur les plus petites entreprises.
66.422 défaillances d'entreprises ont eu lieu en 2024, indique l'étude de BPCE L'Observatoire publiée le 8 janvier 2025. C'est 28% de plus qu'en 2019, soit avant les multiples crises (Covid, Ukraine, inflation) que la France a traversées. Il s'agit d'un record depuis 2010, indique l'observatoire. Et si les économistes du groupe estiment qu'il y a un effet de rattrapage après la crise sanitaire - une partie des défaillances ayant pu être évitées de 2020 à 2022 avec les aides mises en place par l'Etat, comme le prêt garanti par l'Etat (PGE) ou le chômage partiel -, ils alertent sur plusieurs points. En premier lieu, les défaillances ont surtout touché les PME et ETI (5.265 d'entre elles) en 2024. Elles ont augmenté de plus de 50% pour ces catégories d'entreprises entre 2019 et 2024 (plus de 57% pour les entreprises de plus de 100 salariés). Chez ces entreprises, le rattrapage post-covid dépasse les 100% (jusqu'à 130% pour les entreprises de plus de 100 salariés).
Les entreprises de moins de trois salariés ont subi quant à elles une hausse de 25% sur cette période. La hausse est de 39% pour les entreprises de 6 à 9 salariés. En second lieu, les entreprises touchées sont les plus anciennes, alors qu'habituellement l'ancienneté est une preuve de solidité… A l'inverse, les créations d'entreprises n'alimentent pas les défaillances. "Seulement 18% des défaillances sont des néo-entreprises", indique l'étude.
260.000 emplois menacés
Au total, 260.000 emplois ont été menacés en 2024 par ces défaillances, soit un salarié sur 82. En cause : un environnement économique qui se dégrade depuis plusieurs mois, les répercussions des crises précédentes et l'incertitude politique qui pèse sur les décisions d'investissements qui étaient déjà en recul depuis plusieurs trimestres.
Les secteurs les plus exposés sont nombreux. Les agences immobilières (+225% de défaillances par rapport à 2019, soit 1.232) et la promotion immobilière sont en tête de ce triste classement. Suivent l'immobilier et la construction avec 17.538 défaillances, soit 36% de plus par rapport au niveau d'avant crise covid. Ces secteurs ont été affectés par la hausse des taux d'intérêt et des prix des intrants. "Le choc a été plus violent pour les acteurs de l'immobilier que dans le bâtiment, indique-t-on à BPCE L'Observatoire, la chute rapide des transactions des ménages dans l'ancien et dans le neuf a multiplié par trois les défauts de la promotion et des agences immobilières par rapport à 2018, les portant très au-delà des précédents points hauts de 2010-2015". Les défaillances dans le bâtiment, certes supérieures à celles de 2019, restent quant à elles en-deçà de 2010-2015.
Cinq régions particulièrement affectées
Géographiquement parlant, les défaillances concernent surtout les régions (ancien périmètre) Aquitaine, Poitou-Charentes, Midi-Pyrénées, Ile-de-France et Rhône-Alpes. Elles ont ainsi augmenté de 43% en Aquitaine. Ce sont les entreprises situées dans les grandes villes qui sont les plus frappées.
A l'inverse, trois régions - Limousin, Lorraine et Champagne-Ardenne - sont relativement épargnées.
Pour 2025, les choses ne s'annoncent pas beaucoup plus roses, les économistes de BPCE anticipant un record de 68.000 défaillances, un plus haut historique, en augmentation de 2% par rapport à 2024. 240.000 emplois seraient à nouveau menacés. Parmi les explications : un phénomène de contagion à venir des défaillances des plus grandes entreprises sur leurs sous-traitants de plus petite taille et un effet "PGE". D'après une étude du Conseil d'analyse économique de juin 2024, on sait que 7,5% des entreprises qui ont contracté un prêt garanti par l'Etat sont encore à risque. "La marée haute se poursuit, en attendant la décrue en 2026 ?", s'interroge BPCE L'Observatoire.