5G, une couverture en trompe-l’œil, des performances hétérogènes
Les dernières statistiques de l’agence nationale des fréquences (ANFR) affichent plus de 18.000 sites autorisés pour diffuser la 5G. Des chiffres en trompe-l’œil, car derrière les pylônes, les performances varient fortement en fonction des fréquences utilisées.
Chargée de délivrer les autorisations d’émettre aux opérateurs mobiles, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) publie chaque mois un observatoire de la 5G. Selon sa dernière édition, datée du 7 janvier 2021, l’agence dénombre 18.039 sites 5G autorisés, voire 20.611 si l’on tient compte des sites mutualisés. Ce chiffre, à comparer aux quelque 52.000 sites 3G nationaux, est à prendre avec précaution. Près des deux tiers des sites (12.984 précisément) sont en effet opérés par Free mobile dans la bande des 700 Mhz. Ces fréquences basses - dites "en or" du fait de leur capacité à pénétrer les bâtiments - anciennement utilisées par la télévision analogique permettent à Free d’afficher une couverture nationale, y compris dans les zones rurales. Une antenne dans la bande des 700 Mhz porte ainsi à 5 km à la ronde environ, contre 1 km pour la bande des 3,5 GHz, la "vraie" 5G, et en termes de débit, la performance de la 5G de Free reste proche de la 4G. Près de 6.000 sites, partagés entre Bouygues Telecom, Orange et SFR, émettent par ailleurs sur la bande des 2100 Ghz, qui offre des débits intermédiaires. Si l’on s’en tient à la bande des 3,5 Ghz, chèrement acquise par les opérateurs l’automne 2020, seuls 3.846 sites installés dans les grandes métropoles ont la capacité de proposer du très haut débit (jusqu’à 2 Gbit/s théoriques).
La 5G en attente d’allumage dans plusieurs dizaines de communes
À ces trois déclinaisons de la 5G, aux caractéristiques différentes (y compris sur le volet sanitaire), s’ajoute une dimension politique. Car les quatre opérateurs se sont engagés à respecter le souhait de certains édiles d’organiser un débat public, voire d’attendre le rapport de l’Anses (annoncé pour mars 2021) sur les effets sanitaires de la technologie avant "d’allumer" les antennes 5G. Le site de SFR affiche ainsi des zones striées sur le périmètre de Nantes métropole et Paris où "l’ouverture commerciale est retardée par la municipalité". Orange détaille pour sa part l’ensemble des communes lui ayant demandé d’attendre parmi lesquelles, outre Paris, des communes de la métropole de Lille, de Toulouse ou de Strasbourg. Quant à Bouygues Telecom, les communes concernées ne sont tout simplement pas colorées. Pour la capitale, dont l’absence fait particulièrement tache sur les cartes des opérateurs, le mois de février a été avancé pour un allumage officiel. En attendant, cette 5G à plusieurs vitesses exaspère les consommateurs même si l’Arcep a tenté de clarifier le "paysage 5G" en publiant des cartes par région et par opérateur des sites mobiles garantissant un débit théorique de plus de 240 Mbit/s. L’association de consommateurs CLCV a du reste décidé d’attaquer SFR et Orange en estimant que "l’information précontractuelle délivrée aux consommateurs n’est pas satisfaisante".