51 lauréats pour l'appel à projets "Inventons la métropole du Grand Paris"
Les 51 lauréats du concours d'architecture et d'urbanisme "Inventons la métropole du Grand Paris", premier du genre à cette échelle, ont été dévoilés ce 18 octobre. Projets immobiliers, bâtiments tertiaires, zones de loisirs, sites sportifs, lieux culturels, espaces verts... : ils vont représenter 7,2 milliards d'investissements privés et prévoient la réalisation de 14.000 logements et de 900.000 m² de nouveaux bâtiments d'activités économiques.
Les noms des 51 lauréats du concours d'architecture et d'urbanisme "Inventons la métropole du Grand Paris", premier du genre à cette échelle, ont été dévoilés ce 18 octobre au pavillon Baltard de Nogent-sur-Marne lors d'une cérémonie réunissant quelque 2.000 personnes. Organisé par la métropole du Grand Paris (MGP), la Société du Grand Paris (SGP) et l'Etat, via la préfecture de la région Ile-de-France, l'appel à projets avait pour but de proposer aux architectes et investisseurs des sites, lots vacants, friches, etc., aux fins de "bâtir la ville innovante, durable et solidaire du XXIe siècle". Présentée en février 2016 par Patrick Ollier, le président LR de la métropole, avant d’être officiellement lancée en mai suivant, cette consultation s'est inspirée du concours "Réinventer Paris", dont une deuxième édition est déjà en cours dans la capitale.
Du 18 septembre au 13 octobre 2017, 153 groupements ont été auditionnés et 55 sites retenus. 51 projets ont finalement été sélectionnés. Le dialogue se poursuit pour trois sites (Rosny-sous-Bois, hôtel logistique Bercy-Charenton à Paris et Charenton-le-Pont) mais il n'a pas été donné suite aux propositions concernant le site de Gentilly.
19 projets liés aux quartiers de gares du futur Grand Paris Express
Répartis sur l'ensemble du territoire, les lauréats se déclinent en "projets immobiliers, bâtiments tertiaires, zones de loisirs, sites sportifs, lieux culturels", auxquels s'ajoutent 13 hectares d'espaces verts supplémentaires et huit hectares dédiés à l’agriculture urbaine. Ces projets vont représenter 7,2 milliards d'euros d'investissements privés, dont les deux tiers sont consacrés à la construction et à l’aménagement des sites identifiés et proposés par les maires, selon les organisateurs. Sur ce total, 4,5 milliards d'euros et la moitié - 90 hectares - des surfaces proposées concernent des sites à proximité immédiate d'une gare du Grand Paris Express, le futur métro automatique sur 200 km en rocade autour de Paris. Les 19 projets d’aménagement de quartiers de gares comprendront plus de 8.000 logements et des activités tertiaires.
Partenaires privilégiés de la consultation, la Caisse des Dépôts et le Commissariat général à l’investissement vont apporter leur appui à la mise en œuvre des projets. Au titre du programme d’investissements d’avenir (PIA), la Caisse des Dépôts intervient en investisseur pour 100 millions d’euros et au titre de ses investissements d’intérêt général pour le même montant.
Pendant la phase de chantier, 65.500 personnes seront employées pendant sept ans. Une fois réalisés, les programmes permettront d'accueillir 53.900 emplois dans près de 900.000 m2 de nouveaux bâtiments d'activités économiques. Quelque 14.000 nouveaux logements sont prévus pour un peu plus de 27.000 habitants.
Une valeur de "test" pour la métropole
Patrick Ollier a salué "des projets d’une grande ambition qui respectent la réalité du territoire métropolitain et de ses habitants". "Cette consultation est un test qui confirme, s’il le fallait, l’attractivité de la métropole à l’échelle internationale", a-t-il estimé. "Si on vous demande à quoi sert la Métropole, vous pouvez répondre : elle sert au moins à ça !", a aussi tweeté le président de la MGP alors que le gouvernement prépare une réforme de la métropole.
"Ce concours a été une formidable opportunité de penser le nouveau Grand Paris, non pas à travers un prisme institutionnel traditionnel mais en partant au contraire de la vie quotidienne des Franciliens et de leurs aspirations, a jugé Michel Cadot, préfet de la région Ile-de-France et préfet de Paris. Les projets lauréats construisent aussi le futur de ses habitants en développant des nouveaux lieux et des nouveaux usages au plus proche des spécificités et des besoins de chaque territoire."
Les organisateurs notent que le concours a su attirer des jeunes talents français (Encore Heureux, Muoto, Des clics et des calques, Maud Caubet architectes...) comme les grands noms de l'architecture internationale (Dominique Perrault, SnØhetta, Kengo Kuma, Rogers Stirk Habour & Partners, Castro Denissof Associés, ANMA Nicolas Michelin & Associés, Stefano Boeri...).
Nombreuses innovations
Les projets sont très variés. La recherche et le développement ont été mis en avant lors du concours et certains lauréats se veulent particulièrement novateurs comme la programmation V.0² à Vaucresson, qui entend devenir une référence en matière d’économie verte ou le projet de la Tour Horizons à Courcouronnes qui crée un écosystème local de développement économique à la croisée de la "silver" économie et des nouvelles technologies issues du numérique.
Dans le domaine du logement aussi, les lauréats étaient invités à faire preuve de créativité pour mettre en valeur le confort du cadre de vie, l’environnement et la qualité des méthodes constructives. Au Kremlin-Bicêtre, par exemple, est prévu un programme de logements "évoluant en fonction des modes de vie", avec cloisons amovibles et jardins-terrasses privatifs. A Paris, porte Brancion, un foyer pour jeunes travailleurs, des terrains de sport et une résidence étudiante occuperont un site à moitié à cheval sur le périphérique.
Parmi les projets liés aux quartiers de gares, "Les lumières Pleyel", à Saint-Denis Pleyel, futur hub ferroviaire du Grand Paris Express, va transformer la quartier avec des bâtiments tertiaires et des espaces dédiés à la culture et à la création. A Antonypôle, sur la future ligne 18, le programme lauréat prévoit un campus dédié à l’innovation (bureaux, incubateur, showroom, fablab…) tandis qu’aux Ardoines, à Vitry-sur-Seine (ligne 15 sud), près de 140.000 m² vont sortir de terre, incluant un peu plus de 97.000 m² de tertiaire, de nombreux commerces et des résidences.
Le tourisme est aussi très présent dans nombre de projets sélectionnés. Au total, 85.000 m² de surfaces hôtelières, représentant 2.000 chambres d’hôtels, seront aménagées. Certains sites hôteliers sont connectés à des centres de conférences comme sur le site de Marne Europe à Villiers-sur-Marne où un centre des congrès pouvant accueillir 20.000 personnes verra le jour. Un lieu dédié au design sera aussi développé près des Puces de Paris-Saint-Ouen pour renforcer leur attractivité.
Retour de la nature en ville
Plusieurs projets s’appuient sur le retour de la nature en ville. Le projet Ecotone à Arcueil s’inspire de la démarche du biomimétisme. A Sevran, le projet Terre d’eaux est conçu autour et à partir du milieu vivant de l’eau. On y trouvera la "toute première vague de surf dynamique artificielle en France", 100% autonome en eau comme le parc nautique attenant. A Morangis, une exploitation agricole de près de 8.000 m² permettra de réaliser des activités agri-urbaines (agriculture bio, en permaculture et en circuit court, verger, poulailler, ruches).
Côté culture, près de l'édifice classé de la Maison du Peuple de Clichy-la-Garenne, où le Musée national d'art moderne du Centre Pompidou va exposer une partie de ses collections, s'élèvera une tour de béton fibré et de verre qui "dialoguera avec la Cité judiciaire des Batignolles". Le site du Fort de Romainville, de type Vauban, aux Lilas, haut lieu de mémoire - il a servi de camp d'internement pour les résistants en transit vers les camps nazis - deviendra lieu de diffusion culturelle et d'incubateur d'entreprises sociales et solidaires, au milieu d'un "parc agri-urbain artistique".
La friche industrielle Babcock de La Courneuve va devenir un pôle tourné vers l'image.
Enfin, dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, plusieurs sites accueilleront des installations sportives de dernière génération : outre la vague de surf de Sevran, une halle de culture urbaine à La Courneuve mêlera sport et arts urbains tandis que des infrastructures e-sport verront le jour à Pont-de-Rungis.