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Grand Paris - "Inventons la Métropole du Grand Paris" : les 61 sites dévoilés en grande pompe

Avec la présentation des 61 sites proposés au concours "Inventons la Métropole du Grand Paris" le 10 octobre, le nouvel EPCI présidé par Patrick Ollier entend affirmer sa pertinence et enclencher une dynamique commune avec les différents acteurs du territoire, en capitalisant sur le projet de transport du Grand Paris Express. Sur le modèle de "Réinventer Paris", le concours entend proposer à des groupements de promoteurs, d'urbanistes et d'entreprises innovantes de soumettre des projets originaux capitalisant sur les atouts des centaines d'hectares mis à disposition. Avec, en ligne de mire, une dynamisation du tissu économique et un regain de cohésion politique au sein de la métropole.

L'espace d'un après-midi, le 10 octobre, le pavillon Baltard de Nogent-sur-Marne a pris des allures de ruche pour accueillir le lancement du concours "Inventons la Métropole du Grand Paris". Entre 1.600 et 1.700 personnes s'étaient pressées, avec parmi eux les professionnels des territoires, mais aussi les élus et agents des villes proposant des sites. Des figures éminentes du Grand Paris étaient présentes, à l'image de Jean-François Carenco, préfet de la région Ile-de-France, et de Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris, qui a impulsé la démarche. Ce dernier, faisant l'éloge de la "magnifique épopée urbaine qui prend forme" dans la région capitale, a déclaré que "au temps de la puissance publique, dans la mise en œuvre du Grand Paris, va succéder le temps des entreprises, celui des constructeurs de la ville". Et pour cause : sur le modèle du concours "Réinventer Paris", "Inventons la Métropole" fonctionne comme un catalyseur d'initiatives privées.
Les communes ont proposé 112 sites répartis sur 75 municipalités et 61 ont été retenus ; parmi les critères avancés pour opérer le choix, la maîtrise du foncier par les collectivités. L'objectif est en effet de susciter des propositions de la part des promoteurs, aménageurs, architectes et urbanistes présents au pavillon Baltard pour découvrir les sites. Une fois le groupement gagnant dévoilé, celui-ci devra se porter acquéreur du foncier et développer le projet. Aux côtés des acteurs privés, la Caisse des Dépôts s'est engagée, en juillet dernier, à être co-investisseur potentiel, via 100 millions d'euros puisés dans le programme d'investissements d'avenir (PIA).

Un format novateur d'interaction entre collectivités et acteurs de la ville

L'événement était également destiné à constituer un "speed-dating" géant entre les collectivités proposant des sites et les acteurs privés intéressés. Chaque site retenu disposait d'un mini-stand où les agents des villes, mais aussi souvent les maires eux-mêmes, exposaient à qui le souhaitait les caractéristiques de leurs parcelles et l'esprit de leur démarche. Nombreux sont les promoteurs, aménageurs, professionnels de la ville, à s'être soumis à l'exercice des questions-réponses. Une manière de rendre le processus du concours plus égalitaire et plus transparent, tout en faisant gagner un temps précieux. Pour certaines villes, présenter un site au pavillon Baltard représentait déjà un achèvement : "L'inclusion dans la métropole est un marqueur fort pour notre attractivité, de même que notre présence ici", précise Alain Leikine, président du conseil économique d'Argenteuil.

Les territoires métropolitains représentés dans leur diversité

Et pour cause, le concours était aussi l'occasion de présenter les territoires métropolitains dans leur diversité, et de démontrer qu'une identité commune pouvait s'en dégager. Environ un tiers des sites retenus se situe aux abords des gares du futur Grand Paris Express, pour lesquels des projets immobiliers d'accompagnement avaient été planifiés de longue date. Quelques autres se placent aux abords d'infrastructures de transport complémentaires, telle la tangentielle nord non loin du site d'Argenteuil. Le concours signe aussi le retour des forts du Grand Paris, avec des appels à la mise en valeur des sites d'Aubervilliers, de Romainville, et de la Redoute des Hautes Bruyères. Pascal Noury, le maire de Morangis, était quant à lui venu proposer un site de 16 hectares pour le développement d'activités en lien avec l'agriculture maraichère et urbaine. Une façon, pour ce territoire essonnien, de rappeler l'étendue de la métropole et la diversité de ses paysages, y compris agricoles.
La présence de nombreux maires lors de l'événement ne relevait pas du hasard ; tant dans la bouche des principaux intervenants que dans la présentation des différents sites, ils étaient largement mis à l'honneur. Une manière de rappeler que la Métropole, encore bien précaire dans le jeu politique francilien, ne peut pas se passer de la mobilisation de ces acteurs locaux pour survivre et s'imposer. Un impératif qui explique aussi que, parmi les sites recalés pour cette première session du concours, certains seront repêchés pour des appels à projet ultérieurs. Il s'agit moins de sélectionner et de discriminer, que d'inclure un maximum d'acteurs grandparisiens dans la même dynamique politique et économique. Rendez-vous à la rentrée 2017, lors de la sélection des premiers groupements privés, pour savoir si l'initiative politique aura suscité la créativité, l'audace, et "l'innovation ouverte" qu'elle appelait de ses voeux.