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Services publics - 500 bureaux de poste seront transformés en maisons de services au public

Une concertation avec les élus et les opérateurs va permettre de sélectionner les 500 bureaux de poste, sur les 1.000 pré-identifiés par le groupe, qui sont destinés à être transformés en maisons de services au public d'ici fin 2016. Les premières transformations sont attendues avant la fin de l'été. La moitié du coût de ces maisons sera couvert par une réorientation du fonds postal de péréquation territoriale.

"Nous ne sommes pas dans une logique d'attrition mais de transformation." Soupçonné il y a quelques semaines encore de vouloir fermer des bureaux de poste, le PDG du groupe, Philippe Wahl, a rebondi, mercredi 24 juin, à la faveur du plan passé avec l'Etat visant à transformer pas moins de 500 bureaux de faible activité en "maisons de services au public". La Poste portera ainsi la moitié des 1.000 maisons que le gouvernement s'est engagé à déployer d'ici fin 2016.
Cette mesure, directement inspirée du rapport du député Jean Launay fait partie des annonces du comité interministériel aux ruralités du 13 mars 2015. En pleine grogne des élus ruraux, elle permettra de passer de l'onguent sur des territoires touchés par un "sentiment d'abandon", comme l'a déploré la ministre du Logement, de l'Egalité des territoires et des Ruralités, Sylvia Pinel, lors d'une conférence de presse, organisée à l'issue du conseil des ministres au cours duquel a été présenté ce partenariat. Les premiers bureaux seront transformés dès cet été pour que, d'ici la fin de l'année, chaque département ait le sien, a assuré la ministre qui a dit comprendre "l'inquiétude des élus". "Ce dispositif ne peut en aucun cas fonctionner sans cette approche consensuelle et territoriale", a souligné Sylvia Pinel, saluant le travail entrepris avec l'Association des maires de France (AMF).

1.000 bureaux identifiés

La Poste a déjà identifié parmi les 3.400 bureaux installés dans les communes de moins de 2.000 habitants un vivier de 1.000 bureaux de faible activité susceptibles d'être ainsi transformés. "La moitié sont implantées dans d'anciens chefs-lieux de cantons" et "un tiers sont situés en zone de montagne", a précisé Philippe Wahl, à l'occasion de cette conférence de presse. La labellisation finale reviendra au préfet sur la base d'une concertation associant les grands opérateurs nationaux (Pôle emploi, les caisses d'assurance maladie, de retraite, d'allocations familiales, de mutualité sociale agricole, La Poste et GrDF) et les élus des collectivités ou des intercommunalités concernées. La notion de "services au publics" se veut plus large que celle de services publics ; les maisons seront donc ouvertes aux services locaux mais aussi aux acteurs privés. "Nous sommes prêts à les accueillir, nous cherchons à faire simple", a assuré Philippe Wahl. Le PDG de la Poste a aussi évoqué le rapprochement en cours avec la Gendarmerie : "Nous avons signé avec le général Favier (directeur général de la Gendarmerie nationale, ndlr) un partenariat qui permettra d'accueillir les permanences de la gendarmerie en secteur rural", a-t-il indiqué, sur le modèle du partenariat déjà mis en place dans la commune de Serquigny, dans l'Eure (sur le sujet, voir notre article du 20 mars 2015).

Environ 16.000 euros

La formule de ces maisons permettra au passage de sauver des bureaux aujourd'hui fragilisés. Mais les principales inquiétudes des élus tiennent au financement de ces futures maisons. Car si la Poste met ses locaux à disposition, évitant ainsi toute construction nouvelle, les partenaires, notamment les mairies, devront bien mettre la main à la poche pour payer les charges et les agents de premier rang, ceux qui assureront l'accueil du public. D'ailleurs, Philippe Wahl le reconnaît volontiers : "Nous faisons ça pour le service public, mais aussi pour l'argent !"
A l'heure actuelle, il existe déjà plus de 360 de maisons de service public de première génération, celles mise en place à partir de 2010. Or ces maisons ont jusqu'ici été principalement financées par les collectivités. Mais depuis 2014, l'Etat s'est engagé à prendre en charge la moitié du coût avec les opérateurs. Ces derniers sont appelés à financer un nouveau fonds. Dès 2015, 5 millions d'euros y seront alloués. En 2015-2017, le fonds sera abondé à hauteur de 21,5 millions d'euros, soit l'équivalent de ce que l'Etat mettra lui-même sur la table, a précisé la ministre.
S'agissant des 500 maisons portées par la Poste, le montage sera à peu près le même. Avec une nuance : un avenant sera apporté au contrat de présence postale territoriale signé avec l'AMF et l'Etat en janvier 2014, pour qu'une partie des crédits du fonds postal de péréquation territoriale soient réorientée vers le financement des maisons (ce fonds, doté de 170 millions d'euros pour la période 2014-2016, sert précisément à compenser le surcoût que représente la mission d'aménagement du territoire de la Poste). Ce qui permettra de "ne pas faire porter les coûts sur la seule collectivité", s'est félicitée Sylvia Pinel. Le fonds étant lui-même principalement financé par un abattement sur la fiscalité locale, les collectivités seront quand même indirectement mises à contribution. En clair, la Poste estime à 32.000 euros le coût qui resterait à payer pour une telle maison. La moitié, soit 16.000 euros, serait pris en charge par la réorientation des crédits du fonds, le reste le serait par les opérateurs et par l'Etat.