Emploi - 400.000 recrutements abandonnés chaque année faute de candidats
En pleine mise en oeuvre du plan Formations prioritaires pour l'emploi (30.000 en 2013 et 70.000 en 2014), le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) a livré, le 1er octobre, un diagnostic précis des emplois vacants. En croisant plusieurs sources, le COE parvient à cette estimation : environ 400.000 tentatives de recrutements sont abandonnées chaque année faute de candidats. Bien davantage encore que le fourchette de 200.000 à 300.000 évoquée par le chef de l'Etat lors de la conférence sociale du 20 juin. François Hollande avait alors parlé de "gâchis pour l'économie".
Ces fameux métiers qui ne trouvent pas preneurs, on les trouve partout : dans les industries mécaniques et le travail des métaux, l'électricité et l'électronique, les industries graphiques, la maintenance, la santé, l'informatique, le commerce mais aussi dans les métiers de l'hôtellerie-restauration, les aides à domicile, les conducteurs (BTP, transports en commun…) ou encore les métiers de bouche (boucher, charcutier, boulanger, pâtissier, etc.). La liste est longue en effet. La seule région Ile-de-France en a identifié 79 dans le cadre du plan de formations prioritaires (voir ci-contre notre article du 30 septembre 2013). Certaines régions ont d'ailleurs plus de mal que d'autres, c'est le cas des Pays de la Loire ou de Paca où près de 44% des projets de recrutements sont jugés difficiles par les recruteurs, soit quatre points de plus que la moyenne nationale (enquête BMO 2013). S'ajoutent à cela des disparités par type de métiers. Ainsi, en Lorraine et dans le Limousin, les recrutements d'assistantes maternelles sont en souffrance.
Une offre de formation plus réactive
Pour le COE, il existe trois raisons principales à ces difficultés de recrutement, alors que ces dernières années le chômage n'a cessé d'augmenté. Tout d'abord, l'inadéquation des compétences du candidat au regard des besoins du recruteur, puis le manque d'attractivité de certains métiers et, enfin le manque, de fluidité du marché du travail.
Pour sortir de cette situation, le COE propose tout d'abord de renforcer la connaissance statistique de ces emplois dormants en mettant en place au niveau national et dans chaque région "un répertoire des métiers durablement en tension". Il plaide ensuite pour "une offre de formation plus réactive" capable de répondre aux besoins conjoncturels ainsi mis ne lumière. A cet effet, les régions devraient réserver une partie de leurs financements afin de s'adapter à ces évolutions. Dans le même temps, le COE propose de renforcer l'attractivité des emplois vacants à travers des négociations de branches (salaires, conditions de travail) et des actions de communications sur l'image de certains métiers.
En complément de cette "action continue et durable", le COE approuve la mise en place de plans exceptionnels tels que celui mis en place par le gouvernement. Le recours à ces mesures d'urgence est "légitime et pourrait même être plus régulière". Ces opérations ponctuelles "pourraient aussi bien prendre la forme d'un plan national" que de "plans menés seulement dans un certain nombre de zones géographiques". Les offres non pourvues pourraient faire l'objet d'un suivi particulier des conseillers de Pôle emploi en recherchant des candidats au-delà du bassin d'emploi concerné, tout en expérimentant des "aides à la mobilité renforcée".