Yohan David (Alliance Villes Emploi) : "Nous devons rassurer"

Alors que l’Alliance Villes Emploi organise à Montpellier ses Journées nationales les 9 et 10 décembre, son président, Yohan David, réaffirme ses priorités dans un contexte pour le moins incertain.

Localtis - Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le contexte politique hexagonal et qu’attendez-vous du prochain gouvernement ?

Yohan David - L’enjeu aujourd’hui consiste à sécuriser prioritairement les budgets pour permettre aux structures qui composent le réseau de l’emploi dans les territoires de fonctionner. Je pense aux maisons de l’emploi mais aussi à des dispositifs tels que les clauses d’insertion. Et pour tout cela nous avons besoin des subventions indirectes des collectivités locales qui ont besoin des financements de l’Etat. Or, sans budget cela va devenir très compliqué car cela impactera inévitablement les subventions qui permettent de financer nos actions. Aujourd’hui, nous sommes dans l’inédit, alors nous devons rassurer nos équipes qui pourront à leur tour rassurer les demandeurs d’emploi. La difficulté tient au fait que le vote de la motion de censure bloque le vote du budget avec en prime des impacts très complexes à identifier.

Comment comptez-vous, justement, rassurer lors des Journées nationales de Montpellier ?

Je rappellerai que nous travaillons sur plusieurs fronts avec l’administration, notamment la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) et que nous espérons pouvoir encore peser sur la mise en œuvre des stratégies car le dialogue est permanent, même en l’absence de gouvernement. Certes, la situation bouge et évolue en permanence mais l’administration continue de fonctionner : ce sera l’un des messages forts de nos Journées nationales. D’une manière générale, nous savons que nous aurons prochainement une forme de budget et c’est nécessaire car sans cela les dépenses ne pourront pas être validées. Mais nous devons rester vigilants et mobilisés pour sécuriser l’ensemble et continuer d’avancer en trouvant un nouvel espace de dialogue avec la puissance publique.

Vous avez eu l’occasion de le rappeler lors du dernier Congrès de l’AMF : France Travail reste votre partenaire privilégié...

Ce que France Travail fait dans les territoires, il le fait en concertation avec les acteurs locaux. La mise en œuvre de la loi pour le plein emploi se fait avec le réseau local. Nous avons beaucoup travaillé avec Thibaut Guilluy lorsqu’il était Haut-commissaire à l’emploi et je trouve que son discours est très entrainant : "Quand vous avez besoin de France Travail, faites appel à nous !" C’est un discours un peu nouveau, je le reconnais. Au final, c’est plus fluide entre les différents acteurs et France Travail joue le jeu, et je trouve cela positif. Je rappelle qu’en France, il existe 171 Plie (plans locaux pluriannuels pour l’insertion et l’emploi) et 72 maisons de l’emploi... notre ADN, ce sont les territoires et les acteurs locaux. L’enjeu c’est donc bien d’être plus opérationnels et de créer plus de cohésion. Nos élus ont bien compris ces enjeux mais aujourd’hui nous devons les rassurer dans leur capacité à porter les actions et à les piloter. Surtout que le contexte tend à déstabiliser l’organisation financière préétablie : on a vu très récemment une région annoncer qu’elle allait supprimer 350.000 euros de subvention pour le Plie de son territoire. D’une manière générale, l’AMF, Intercommunalités de France ou encore France urbaine défendent les Plie et les maisons de l’emploi car ce sont des outils qui nous permettent de faire dans la dentelle en matière d’accompagnement des demandeurs d’emplois.