Congrès des maires – Quelle place pour les communes et intercos parmi les acteurs de l'emploi ?

À l’occasion du Congrès des maires, l’AMF a réuni mercredi 20 novembre autour du directeur général de France Travail, Thibaut Guilluy, les acteurs des réseaux locaux de l’emploi pour prendre le pouls des élus sur la réforme du service public de l’emploi.

La réforme du service public de l’emploi symbolisée par la mise en œuvre de France Travail doit permettre de favoriser le retour à l’emploi des publics qui en sont le plus éloignés. Comment les élus locaux, et plus particulièrement les maires, sont-ils amenés à contribuer à cette dynamique ? C’est la question à laquelle les intervenants de la table ronde intitulée "Les ambitions d’une mise en réseau des acteurs de l’emploi au plus près du terrain" ont tenté de répondre ce 20 novembre à l’occasion du Congrès des maires.

Maire de L’Île-Saint-Denis et coprésident du groupe de travail emploi & insertion de l’AMF, Mohamed Gnabaly a introduit les débats en rappelant que les communes étaient "la porte d’entrée de nos territoires" sur le champ de l’emploi. L’enjeu consistant désormais "à construire du commun autour de l’emploi (...) avec des outils permettant de travailler en réseau et de construire une gouvernance partagée". À travers l’avènement de France Travail, "nous sommes au début de cette aventure", estime l’élu. Mais, prévient-il, pour obtenir des résultats, les élus "doivent se former aux enjeux de l’emploi" et accepter de travailler en réseau ; une démarche qui réclame "de la confiance et de l’intelligence collective".

France Travail ou la reconnaissance par l’État du rôle des élus locaux sur le champ de l’emploi

Yohan David, président de l’association Alliance ville-emploi, abonde : "Lorsque l’on est tous ensemble on est bien meilleurs." C’est d’ailleurs au niveau communal, souligne-t-il, que sont nés des dispositifs tels que les PLIE ou encore les clauses d’insertion, qui ont depuis été déployés à plus grande échelle. Sur le terrain de l’emploi, l’échelon communal reste le plus pertinent, explique-t-il, de par "les contacts avec les habitants et les acteurs de l’emploi en général". Une connaissance du terrain qui permet de faire "de la dentelle".

Face à ce constat, qu’apporte réellement la réforme de France Travail ? Pour Yohan David, il s’agit avant tout "de la reconnaissance par l’État du rôle des élus locaux sur le champ de l’emploi". Thibaut Guilluy, maître d’œuvre de la réforme du service public de l’emploi, appelé depuis à prendre les rênes de France Travail, reconnaît qu’il s’est largement appuyé sur les expériences locales pour construire ce nouvel édifice : "Nous n’avons rien eu besoin d’inventer, dans un pays où d’autres ont toujours, quelque part, mis en place des bouts de solutions." Un pays où le taux de chômage a baissé ces dernières années. Mais qui dit augmentation du taux d’emploi dit aussi pénurie de compétences, qui handicape les entreprises dans leurs recrutements. "Et derrière, il y a une incompréhension des entreprises et des citoyens" à qui l’on promet le retour au plein-emploi.

"Hypercentralisation des outils" et "hyperdécentralisation des décisions"

L’enjeu, assure Thibaut Guilluy, c’est aujourd’hui "de faire du sur-mesure de masse !" en mettant l’ensemble des acteurs de l’emploi "d’accord sur les priorités dans chaque territoire". Et pour cela, la bonne échelle, c’est le bassin de vie, insiste le directeur général de France Travail. Un bassin où se réalisent "90% des embauches" alors même que les politiques sont construites bien souvent à une autre échelle, celle de l’État, des régions et des départements. "Là où ça marche, explique-t-il, c’est quand on ne se demande pas qui a le dernier mot mais quand tous travaillent ensemble."

Il appelle donc les maires à "ne rien lâcher" dans leurs discussions avec les préfets, les présidents de régions et de départements... avec toujours à l’esprit le fait que le "mille-feuille" territorial suppose "la coopération de tous, des outils partagés et des projets concrets". En résumé, s’il se dit favorable à une "hypercentralisation des outils", Thibaut Guilluy croit également aux vertus de "l’hyperdécentralisation des décisions".

Président de l’Union nationale des missions locales (UNML), l’élu haut-savoyard Stéphane Valli applaudit des deux mains, rappelant que "l’on a besoin des élus locaux pour construire des politiques publiques, trouver des solutions adaptées aux besoins locaux". Son vœu, avec la mise en place de France Travail, "c’est que l’on retrouve du pragmatisme", même si le contexte budgétaire du pays fait peser beaucoup d’incertitudes sur la capacité des collectivités locales à remplir leur part de la mission : "Si nos recettes diminuent, cela aura des répercussions sur le service public de l’emploi", prévient-il, évoquant l’exemple d’une région "qui a déjà supprimé l’ensemble des financements du réseau des missions locales sur son territoire".