France Travail et ses partenaires expérimentent de nouvelles manières de recruter pour répondre aux besoins de la filière nucléaire

France Travail s’est associé à l’Université des métiers du nucléaire, Linkedin et EDF afin de mettre en place un dispositif de recrutement innovant destiné à faire face aux besoins exponentiels identifiés dans la prochaine décennie en matière de recrutement dans le secteur du nucléaire.

"La filière du nucléaire est un secteur stratégique et une source importante d’emplois en France", a tenu à souligner le directeur général de France Travail, Thibaud Guilluy à l’occasion de l’officialisation d’une expérimentation commune entre l’acteur public de l’emploi, le réseau social Linkedin, EDF et l’Université des métiers du nucléaire (UMN). Le dispositif, qui s’inscrit dans le plan d’action "Compétences" piloté par l’UMN, vise à "accélérer les recrutements du projet EPR2 Penly", dans le département de la Seine-Maritime. Premier projet sur les rails de la nouvelle stratégie nationale en matière de développement de la filière nucléaire dont les principaux acteurs concernés estiment à ce jour les besoins en matière de recrutement à quelque 100.000 personnes d’ici 2033 au plan national. Concrètement, France Travail et Linkedin ont acté de croiser leurs fichiers afin de favoriser la demande de recrutement "par les compétences", davantage qu’en fonction des diplômes. Linkedin qui revendique 30 millions de profils dont 20% sont des "profils de terrain". La cellule emploi/formation de France Travail Normandie a ainsi été formée et équipée de solutions de recrutement "Linkedin" qui doivent permettre une identification plus rapide "des bons profils" en passant en revue des candidats en recherche active mais aussi des candidats passifs, habitué à utiliser le réseau social comme vecteur d’employabilité.

100.000 recrutements anticipés sur la décennie

Officialisé le 12 novembre dernier, le dispositif est piloté par l’Université des métiers du nucléaire (UMN), une association née en 2021 qui rassemble autour de l’opérateur historique, EDF, les principaux acteurs du secteur autour du défi des compétences. "Le nucléaire est la 3e filière industrielle en France avec près de 220.000 emplois", rappelle Hélène Badia, la présidente de l’UMN. Une filière pour laquelle le discours de Belfort prononcé en février 2022 par le président de la République, Emmanuel Macron, a ouvert de nouvelles perspectives. "On sait aujourd’hui qu’il faudra procéder à 100.000 nouveaux recrutements dans les dix ans à venir", explique-t-elle. "C’est dans cette optique que nous avons présenté en juin 2023 un plan d’action au gouvernement qui s’appuie sur l’attractivité, le sourcing et les recrutements dans la filière". Un plan dont la déclinaison se traduit aujourd’hui par la mise en route de ce partenariat avec Linkedin. En inscrivant le réseau social dans la boucle, l’idée consiste à "élargir le sourcing pour faire venir des profils actuellement trop peu représentés tels que les femmes, les personnes en reconversion, les jeunes issus des QPV (quartiers prioritaires de la politique de la ville) ou encore des zones rurales". Une action que la présidente de l’UMN résume d’une formule : "recruter autrement", en prenant le meilleur des deux viviers très complémentaires. "Ce dont on a besoin aujourd’hui pour le projet de Penly, ce sont des profils de terrain plus que des cadres."

"On a besoin de faire connaître nos métiers"

Au-delà de cette expérimentation, souligne Hélène Badia, la filière française du nucléaire reconnaît que le premier enjeu reste celui de la formation et notamment celle des plus jeunes. "C’est pour cela que nous allons dans les collèges pour donner envie aux jeunes de s’orienter vers les métiers industriels au sens large." Les industriels s’appuient notamment sur un outil pédagogique numérique, la plateforme Forindustrie, coconstruite avec l’Education nationale et le service public de l’emploi. Démarche dont l’UMN est évidemment partenaire : "On a besoin de faire connaître nos métiers et c’est pour cela que nous développons également des dispositifs dédiés au nucléaire comme le portail 'Mon avenir dans le nucléaire' qui attire 13.000 visiteurs chaque mois." Dans le même ordre d’idée, la filière organisera en février prochain (du 3 au 7 février 2025) la 3e édition de la Semaine du nucléaire.

Enfin, sur les formations de niveau ingénieur, si 7.000 lieux de formation sont recensés dans l’Hexagone, explique Hélène Badia, certaines régions affichent clairement des lacunes. C’est le cas de la région Normandie qui compte actuellement 15% des effectifs de la filière mais dont l’offre de formation couvre seulement 5% de l’offre globale. La région est depuis quelques années à l’initiative pour inverser la tendance et les projets d’ouverture d’écoles d’ingénieurs se succèdent à Caen, Cherbourg ou encore Dieppe. C’est tout l’enjeu du projet “Normandie, Nucléaire, Nouvelles compétences” (3NC) qui affiche l’objectif de former plus de 5.400 personnes par an d’ici 2030. Un programme vient de démarrer avec 24 premières classes ou options 3NC, dès la rentrée 2024.