Environnement - Vives critiques de l'UFC-Que Choisir contre le système français de gestion de l'eau
L'UFC-Que Choisir a vivement critiqué dans un communiqué ce 2 juillet la politique de l'eau dans l'hexagone. Pointant la récente condamnation de la France par la Cour de Justice de l'Union européenne pour non-respect de la directive nitrates, l'association de consommateurs déplore son incapacité à respecter le droit européen de l'environnement. Elle y voit "l'échec d'un système piloté par des acteurs locaux à la fois juges et parties". "Actuellement la moitié du territoire agricole est classé en zone vulnérable du fait de fortes pollutions en nitrates. Quant aux pesticides, ils sont présents dans 91% des eaux de surfaces (fleuves et rivières) et dans deux tiers des nappes phréatiques", rappelle-t-elle. Une gestion responsable de l'eau consisterait, selon l'association, à aider le monde agricole à limiter les épandages d'engrais et de pesticides. Or, elle souligne que sous "la pression de ce lobby et avec le soutien des collectivités territoriales, ces instances privilégient une coûteuse dépollution des eaux, dépassant le milliard d'euros par an et financée à 90% par les consommateurs". L'UFC-Que choisir, qui a interrogé des représentants siégeant dans 82 instances locales et nationales ayant un impact sur la protection de l'eau* dénonce "une parodie de concertation" : " Dans un quart des structures, les décisions importantes sont expédiées en moins d'une heure, et dans 33% d'entre elles, sans réel débat contradictoire". Elle juge aussi ces instances "anti-démocratiques" : "le nombre de sièges attribués aux associations consuméristes ou environnementales est systématiquement réduit à la portion congrue. Par exemple, dans le Comité de bassin "Seine Normandie", on ne compte que 10 représentants associatifs sur 180 membres, soit à peine 6% du total", illustre-t-elle. L'association en appelle à une réforme en profondeur et demande que "la gestion de l'eau soit désormais exclusivement dirigée, tant au niveau local qu'au niveau national, par les représentants du ministère de l'Ecologie et du Développement durable, seule autorité en mesure de faire appliquer une gestion rigoureuse de l'eau, indépendamment des pressions professionnelles et locales".
Anne Lenormand
*Principales instances : comités de bassins et leurs sous-groupes (9 représentations), commissions locales de l'eau (27 représentations), Conseil de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques (27 représentations), commissions consultatives des services publics locaux (8 représentations), Office national de l'eau et des milieux aquatiques (une représentation).