Archives

Livret A - Une part des ressources sera consacrée aux PME... comme prévu

Si l'année 2008 restera sans nul doute marquée par la crise financière et la chute de l'immobilier, elle s'annonce en revanche particulièrement faste pour le livret A. Trois raisons expliquent ce résultat à contre-courant. La Poste, les Caisses d'Epargne et le Crédit Mutuel (livret bleu) mobilisent depuis plusieurs mois leurs réseaux respectifs pour engranger le maximum d'ouvertures de comptes et de dépôts supplémentaires avant la fin de leur monopole, le 1er janvier 2009. De leur côté, les commerciaux des banques commerciales font, depuis la rentrée, le siège de leurs clients pour leur faire ouvrir un livret A. Même si des transferts de comptes de La Poste vers les banques de dépôts ne sont pas à exclure, le jeu sera loin d'être à somme nulle. La dynamique enclenchée par les deux réseaux concurrents devrait au contraire se traduire par un accroissement spectaculaire des encours dans les prochains mois. La troisième raison des succès du livret A tient... à la crise financière. Placement "de père de famille", défiscalisé et garanti par l'Etat, bénéficiant d'une rémunération de 4% depuis août dernier alors que la poussée inflationniste semble enrayée, le livret A retrouve, en ces temps de tourmente boursière et financière, des attraits inattendus. Au 31 juillet, le montant des fonds déposés sur des livrets A atteignait déjà 128,1 milliards d'euros, soit une hausse de 9,8% en un an.

Faire face au crédit crunch

Cette réussite n'a pas échappé au gouvernement. Dans une interview au quotidien Les Echos du 1er octobre 2008, puis lors de son intervention le même jour lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, François Fillon a indiqué qu'il envisageait, "en lien avec la Caisse des Dépôts, de regarder comment orienter une partie du surplus de collecte du livret A, qui est lié à la crise financière d'aujourd'hui, vers les petites et moyennes entreprises, en garantissant naturellement le financement du logement social [...] et, bien entendu, en garantissant à 100% les dépôts des déposants". L'objectif est de faire face à un possible "credit crunch", autrement dit une contraction du crédit aux entreprises de la part de banques fragilisées par la crise et éprouvant elles-mêmes des difficultés à se refinancer.
Cette annonce du Premier ministre a aussitôt suscité de très vives réactions d'opposition. La mesure n'est pourtant pas une nouveauté et ne nécessitera d'ailleurs pas de texte particulier pour s'appliquer. Elle résulte en effet de l'article 145 de la loi de modernisation de l'économie du 4 août 2008. Celui-ci prévoit que "les ressources collectées par les établissements distribuant le livret A ou le livret de développement durable et non centralisées en application des alinéas précédents sont employées par ces établissements au financement des petites et moyennes entreprises, notamment pour leur création et leur développement, ainsi qu'au financement des travaux d'économie d'énergie dans les bâtiments anciens".

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis