Une nouvelle stratégie nationale pour "rapprocher la politique de l'architecture des réalités locales"
Le ministère de la Culture a dévoilé la nouvelle stratégie nationale pour l'architecture 2025-2029. Le souci de travailler au plus près des territoires y figure en bonne place.

© @datirachida/ Rachida Dati. Lancement de la nouvelle stratégie nationale pour l’architecture 2025-2029 le 05 février
C'est une stratégie nationale pour l'architecture (SNA) très tournée vers les territoires que vient de dévoiler Rachida Dati, ministre de la Culture. Près de dix ans après la précédente version, qui datait de 2016, ce document, qui couvre la période 2025-2029, entend, selon les mots de la ministre, "amplifier la dynamique portée par les pouvoirs publics" et "redéfinir des objectifs nouveaux dans un contexte marqué par de nouveaux défis". "Cette stratégie s'adresse plus particulièrement aux décideurs, à ceux qui font les espaces et les habitats de demain", poursuit Rachida Dati, pour qui, "face aux défis environnementaux et sociaux, l'architecture est porteuse de solutions". Solutions notamment pour faire face à un contexte "marqué par l'économie des ressources et les enjeux de résilience" avec la réhabilitation comme "nouveau cadre de création architecturale".
"Territorialisation poussée"
Le premier des six axes de la stratégie vise ainsi à "rapprocher la politique de l'architecture des réalités locales". Le document estime en effet que "l'architecture n'est encore que trop ponctuellement présente lors des projets portés par les territoires", ce qui peut conduire "à la réalisation d'actions parcellaires et peu lisibles".
Il s'agit dès lors de se donner "les moyens d'une politique territorialisée de l'architecture portée au plus près de là où elle se fait, partout en France, au sein des communes et des intercommunalités". Comment ? "En intégrant au mieux les éléments locaux", "en encourageant le recours aux matériaux locaux et les techniques de construction adaptées", ou encore "en soutenant les artisans et les entreprises locales au côté des élus". Et pour assurer "une territorialisation poussée de la stratégie nationale pour l'architecture", le ministère compte sur "la mobilisation des élus et l'accompagnement des services de l'État".
Une feuille de route par région
Parmi les mesures concrètes proposées par la SNA, on note la volonté de multiplier par deux les interventions des architectes conseils de l'État (ACE) auprès des acteurs locaux. Autre souci du plan : structurer des partenariats durables, au service de la qualité architecturale et du cadre de vie. Pour cela, la SNA entend repenser les outils de contractualisation en s'appuyant sur les professionnels locaux et les acteurs économiques, les industries, les entreprises et les chercheurs.
Les élus locaux et les collectivités territoriales, "acteurs incontournables pour agir localement sur le cadre de vie" et "principales prescriptrices d'architecture" ne sont pas oubliés. Plusieurs actions de formation et de sensibilisation leur sont destinées. À partir de actions de formation, le ministère espère même "identifier un collectif de travail" composé d'élus engagés pour l'architecture et "avancer vers la création d'ateliers territoriaux".
Plus globalement, la stratégie nationale devra se formaliser dans chaque territoire par la mise en place d'une feuille de route par région pour que l'ensemble des acteurs locaux se retrouvent autour de projets et d'objectifs communs. À cet effet, un "important travail de cartographie sera conduit, afin d'identifier les territoires prioritaires, utiliser les ressources locales et valoriser les bonnes pratiques".
Lutter contre les "déserts architecturaux"
Parmi les autres axes de la SNA, les élus seront intéressés par la volonté de renouveler certains labels, comme Architecture contemporaine remarquable (ACR) et Villes et Pays d'art et d'histoire (VPAH), et de "rationaliser leur fonctionnement". Ou encore celle d'accompagner et renouveler la commande architecturale et urbaine à travers une "analyse poussée" de l'impact des dispositifs existants (bilan des marchés globaux de conception et réalisation) et la mise en place d'un cercle réunissant maîtrise d'ouvrage et d'entreprises pour échanger et diffuser les bonnes pratiques. Dans le même ordre d'idées, un travail sera engagé pour soutenir les "maîtrises d'ouvrage responsables", en particulier autour des nouveaux matériaux. Plusieurs mesures visent également à lutter contre les "déserts architecturaux", alors qu'apparaissent sur le territoire des zones en déficit avancé d'architectes, et à faciliter l'accès aux études d'architecture.
Dans un communiqué, le Conseil national de l'Ordre des architectes (Cnoa) se "réjouit de voir une stratégie nationale pour l'architecture ambitieuse et ancrée dans les territoires" et se dit "prêt à [en] accompagner le déploiement". Il se félicite notamment d'y retrouver un certain nombre des mesures qu'il porte, telles que "renforcer l'accompagnement en ingénierie auprès des acteurs locaux". Il rappelle qu'à travers le dispositif "1 maire 1 architecte", il met déjà conseil et ingénierie à la disposition des élus locaux.
Un premier bilan d'étape de la SNA sera tiré en octobre prochain à l'occasion des Journées nationales de l'architecture.