Une note pointe les limites du contrôle des chômeurs pour le retour à l’emploi
14% des chômeurs dont le métier est en tension ont été sanctionnés par France Travail au titre du contrôle de la recherche d’emploi. Un taux proche des contrôles aléatoires, qui renvoie à des freins périphériques au retour à l’emploi, selon une analyse du Centre d’études de l’emploi et du travail, diffusée le 11 juin.
De 146.000 contrôles en 2016 à 523.446 en 2023… En quelques années, le contrôle de la recherche d’emploi effectué par les équipes de France Travail (ex-Pôle emploi) a explosé. Plus de 600 agents sont aujourd’hui chargés de cette mission. Cette politique, qui devait être amplifiée d’ici à 2027, a-t-elle des effets probants ? Rien n’est moins sûr à en croire une analyse du Centre d’études de l’emploi et du travail (Ceet), diffusée en juin. Pour les trois universitaires à l’origine de la note, "l’idée selon laquelle le contrôle permettrait le retour à l’emploi ne repose pas […] sur des preuves statistiquement établies". "Les données quantitatives fournies par France Travail peinent à démontrer un effet probant du contrôle sur le retour à l’emploi", écrivent-ils.
S’appuyant sur les statistiques de France Travail ainsi qu’une enquête qualitative en cours depuis fin 2020 auprès des agents de contrôle et de leur hiérarchie, les chercheurs s’interrogent notamment sur l’efficacité des contrôles auprès des demandeurs d’emploi occupant des métiers en tension déclenchés depuis 2022 et qui représentent 45% des procédures en 2023. Le taux de sanction y est plus élevé (14%) que dans les cas de contrôles aléatoires (9%), mais bien inférieur au taux de 41% suite au signalement de conseillers. Un résultat qui suggère des situations "complexes". "Les agent·es rappellent qu’une partie des demandeur·ses d’emploi éprouvent des difficultés de mobilité géographique, de garde d’enfants et des problèmes de santé qui compliquent leur sortie du chômage", soulignent-ils dans la note. Souhaitant quitter ces métiers usants et peu propices à une évolution professionnelles, ils peinent à se reconvertir "en raison d’un très faible niveau de formation initiale". Résultat : ils subissent des contrôles répétés, "sans pour autant qu’une solution puisse leur être proposée".