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Une mission pour mettre en œuvre la nouvelle organisation territoriale du sport

Le Premier ministre a confié à Benjamin Dirx une mission sur la mise en œuvre de la nouvelle organisation territoriale du sport. Parmi les pistes que pourrait explorer le député de la Saône-et-Loire figure la place des entreprises dans le financement des équipements.

Dix mois après la création de l'Agence nationale du sport (ANS), le gouvernement a décidé de passer à la vitesse supérieure en confiant, par un décret du 30 janvier, à Benjamin Dirx, député de Saône-et-Loire, une mission parlementaire ayant pour objet la mise en œuvre de la nouvelle organisation territoriale du sport.
Instaurée pour refonder la gouvernance du sport, l'ANS comprend une organisation nationale et une déclinaison territoriale. Si l'organisation nationale – avec un conseil d'administration où État, mouvement sportif et collectivités territoriales ont chacun 30% des voix, les 10% restants allant aux acteurs économiques – a été mise en œuvre rapidement, les déclinaisons territoriales (conférences régionales et conférences des financeurs) attendent toujours.
À l'automne, des associations d'élus avaient d'ailleurs fait part de leur impatience et de leur propre vision. France urbaine demandait que "la structuration sportive locale fasse preuve d’agilité, au nom de l’expérimentation et de la différenciation territoriale" et plaidait pour "une autonomie de décision suffisante". De son côté, l'Andes (Association nationale des élus en charge du sport) en appelait à une organisation "très décentralisée et non pas déconcentrée".

Lier sport et écoles

C'est dans ce contexte que Benjamin Dirx va intervenir. D'après la lettre de mission que lui a adressée le Premier ministre Edouard Philippe, le député – déjà auteur en 2018 d'un rapport sur les retombées touristiques des grands événements sportifs –, sera chargé, d'une part, de réunir des éléments d’information sur les relations actuelles entretenues par les acteurs du sport dans chaque région, d'autre part, de connaître de manière précise les travaux conduits dans chaque région, et, enfin, de contribuer à l’organisation et aux modalités de fonctionnement des conférences régionales du sport et des conférences des financeurs mises en place au niveau territorial.
Autre point important de la mission, qui s'inscrit dans le cadre plus général de la réorganisation territoriale de l'État : l'examen des coopérations à venir, à l'échelon régional comme départemental, entre les délégations régionales académiques à l'engagement, à la jeunesse et au sport, les pôles de même objet des directions départementales de l'Éducation nationale et les conférences régionales du sport. Autrement dit, au-delà de l'organisation de la gouvernance territoriale du sport stricto sensu, le gouvernement souhaite voir émerger des pistes de réflexion sur la coordination des acteurs du sport à l'intérieur et à l'extérieur de l'Éducation nationale
Sur le modèle qui pourrait émerger de sa mission, Benjamin Dirx, interrogé par Localtis, précise : "On est toujours en train de se dire : y a-t-il un modèle que l'on va décliner partout, un modèle pyramidal ? Ou faut-il s'appuyer sur les forces vives de chacun sur le terrain, sur un modèle de décentralisation ? Je pense qu'il y a des choses entre les deux qui peuvent exister."

La place des entreprises au centre du débat ?

Mais l'originalité de la réflexion du député de Saône-et-Loire tient à la place des entreprises dans l'organisation et le financement du sport. "Il y aura forcément des jeux politiques qui vont entrer en ligne de compte, commente-t-il. Il faut réussir à passer outre. Tout l'enjeu est là : s'intéresser à la seule chose qui vaille, la déclinaison de ce modèle sportif dans lequel le monde économique doit entrer réellement à travers de nouveaux modes de financement." 
Pour lui, l'intérêt des entreprises à contribuer au modèle sportif français est aussi une question d'attractivité économique. "On voit des entreprises qui, pour venir sur un territoire, demandent des équipements sportifs et la présence de clubs, explique-t-il. Elles ont besoin d'embaucher, et avec un taux de chômage qui baisse – je suis à 6,1% dans ma circonscription –, la question des équipements sportifs remonte chez plusieurs chefs d'entreprise qui ont voulu s'installer sur notre territoire. Si les entreprises ont ce besoin-là, on peut se poser la question du rôle qu'elles pourront jouer dans la conférence des financeurs."

Contribuer à la loi sur le sport

Alors que son rapport doit être rendu fin juin, Benjamin Dirx – qui travaillera de concert avec Patrick Doussot, vice-président de l’office de tourisme du Touquet – a déjà un programme chargé. Après les trois régions-pilotes déjà engagées dans la réforme de la gouvernance du sport, il rencontrera l'intégralité des autres régions puis descendra à un échelon plus local. Parallèlement, il rencontrera rapidement l'AMF, le ministère des Sports et les fédérations, "les plus grandes comme de plus petites, qui ont parfois des besoins de financement supérieur que celles qui bénéficient déjà de leur propre modèle économique", commente-t-il. 
Quant aux obstacles éventuels, le député Saône-et-Loire n'en voit pour l'instant aucun. "Dans ma réflexion, je n'ai aucune idée arrêtée. Et rien de ce qui m'a été remonté ne m'a montré une quelconque barrière. Tout est ouvert, c'est la chance que l'on a. Il y a énormément de choses à proposer", conclut Benjamin Dirx. Y compris des mesures qui, pourquoi pas, pourraient alimenter le futur projet de loi sur le sport prévu pour 2020.