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Marc Sanchez : "Il est urgent d'avoir des réponses sur la nouvelle gouvernance du sport"

L'Association nationale des élus en charge du sport (Andes) participait à la mi-février à l'installation du comité de préfiguration de l'Agence nationale du sport. Pour Localtis, son président, Marc Sanchez, revient sur les attentes des collectivités dans la nouvelle gouvernance du sport.

Localtis - Pourquoi la présence de l'Andes au sein du comité de préfiguration de l'Agence nationale du sport était-elle importante ?

Marc Sanchez - Cette présence était importante eu égard à ce qui fait notre légitimité depuis des années, exprimée à travers les actions que nous portons en faveur du sport dans les collectivités. Et nous souhaitons être intégrés à part entière au conseil d'administration de cet organisme qui va incarner la nouvelle gouvernance du sport français et pas simplement associés à certaines réunions. Les échos qui nous parviennent à ce propos sont d'ailleurs assez favorables. Sans prétention aucune, nous considérons pouvoir apporter une aide précieuse alors que le sport français se trouve à un tournant important.

Justement, où en sont les discussions sur le fonctionnement de la future agence ?

Tout cela prend du temps. Or il faudrait rapidement pouvoir lever les inquiétudes qui existent chez toutes les composantes du milieu sportif. Car pour remplir l'objectif qui est d'augmenter le nombre de pratiquants de trois millions, il faut, par exemple, prendre en compte la problématique des équipements dont on connaît le vieillissement. Beaucoup de piscines ferment en raison de leur vétusté. 22% des piscines françaises ont plus de cinquante ans. L'investissement des collectivités est déjà très conséquent, d'où l'importance de ne pas voir l'Etat se désengager.

La réforme de la gouvernance du sport donne une part plus importante aux collectivités et moins importante à l'Etat. Est-ce ce que vous souhaitiez ?

Le ministère des Sports doit rester garant du développement du sport au niveau national et nous l'avons affirmé à plusieurs reprises à la ministre. Les collectivités territoriales ne pourront pas prendre seules la responsabilité de toutes les instances sportives en dehors du haut niveau [pour lequel l'Etat restera majoritaire dans la prise de décision au sein de la future agence, ndlr]. Ce que nous souhaitons est que chacun prenne sa part de responsabilité à son niveau pour faire évoluer les pratiques sportives. Le mouvement sportif doit donner une impulsion aux pratiques sportives, les collectivités ont leur rôle à jouer dans le maintien des équipements, et l'Etat dans les orientations et le suivi au niveau national.

Savez-vous quelle sera la contribution financière des collectivités à l'Agence nationale du sport ?

On n'en sait rien et c'est justement ce qu'on aimerait pouvoir définir, ainsi que l'apport du monde économique. Cela fait partie de nos questionnements. On aimerait savoir avec quelles contributions va se construire le nouveau modèle sportif français. C'est là-dessus que l'on bute aujourd'hui. Des réunions ont eu lieu, mais rien de concret n'en sort. C'est un peu particulier…

La future agence prévoit des conférences régionales de financeurs. Craignez-vous que cela entrave la liberté des communes en matière d'investissements ?

Cela va faire partie des discussions et un groupe de travail va se tenir précisément sur cette déclinaison territoriale. J'ose espérer que l'intelligence collective nous permette de trouver les solutions pour que chacun puisse développer ses propres structures. Mais il faut aussi mettre en place des stratégies communes. Ce n'est pas parce que la compétence sport est une compétence partagée entre les collectivités que chacun doit agir de façon isolée. Actuellement, en matière de sport-santé, tout le monde avance en ordre dispersé. Il serait bon d'avoir des éléments qui nous permettent de travailler ensemble, en mutualisant les efforts des uns et des autres. Nous sommes dans l'attente de décisions qui vont nous permettre de nous mettre en action. On a besoin d'actes concrets pour savoir comment on avance, avec quels moyens… N'oublions pas que nous organisons les Jeux olympiques dans cinq ans. Or je considère qu'obtenir l'organisation des Jeux était le plus facile. Le plus difficile sera de les réaliser avec de bons résultats.

A ce propos, l'Andes vient de lancer une enquête auprès des collectivités afin de recueillir leurs attentes pour les Jeux olympiques. Pourquoi avoir pris cette initiative ?

Il est bon de faire un point d'étape sur ce qu'on souhaite dans l'organisation des JO. C'est un travail qui établira un diagnostic sur les enjeux en la matière, l'intérêt que les collectivités peuvent porter à cette organisation en devenant, par exemple, camp de base. Mais à ce niveau également, nous manquons d'information. On a nous a parlé du mois de juin, puis maintenant de septembre pour savoir ce qui pourra être réellement fait au niveau des collectivités. 2019 est une année charnière, une année de réflexion, de doutes, d'inquiétudes. Il est urgent que nous ayons des réponses.