Transports - Une lettre ouverte à François Hollande pour le lancement du chantier du canal Seine-Nord Europe
Une soixantaine de responsables politiques, chefs d'entreprise et dirigeants de chambres de commerce du nord de la France et de Belgique ont appelé à l'ouverture rapide du chantier du canal Seine-Nord Europe dans une lettre ouverte au président François Hollande publiée le 9 décembre. "Nous vous demandons, Monsieur le Président, d'officialiser le lancement opérationnel du projet de canal Seine-Nord Europe pour permettre le développement d'une politique de transport cohérente, durable et européenne", avec à la clef la création de dizaines de milliers d'emplois potentiels, ont écrit les signataires à deux jours de la remise, prévue le 11 décembre, du rapport de la mission sur ce sujet dirigée par le député-maire de Maubeuge, Rémi Pauvros, au ministre des Transports, Frédéric Cuvillier.
Les auteurs de la lettre redoutent l'abandon ou le énième report d'un projet qui permettrait, en réalisant une centaine de kilomètres entre l'Oise, près de Compiègne (Oise) et le canal Dunkerque-Escaut à hauteur de Cambrai (Nord), le passage de péniches à très grand gabarit (185 mètres et 4.400 tonnes). Un tel chantier, outre le travail procuré pendant des années à des entreprises du bâtiment, créerait une liaison fluviale aux normes européennes entre la vallée de la Seine et celle de l'Escaut, et vers les réseaux fluviaux allemand et néerlandais.
Le gouvernement avait chargé Rémi Pauvros en avril d'examiner la possibilité de "reconfigurer" ce projet, dont les coûts évalués étaient passés de 4,5 à 7 milliards d'euros, le rendant irréalisable dans le cadre du partenariat public-privé (PPP) qui avait été retenu à l'origine. Ayant la "certitude" que la mission confiée à Rémi Pauvros "viendra conforter l'intérêt que présente la réalisation de cet ouvrage", les signataires, qui vont de Martine Aubry, maire PS de Lille, à Olivier Dassault, député UMP de l'Oise, de Patrick Dupriez, président du parlement wallon, à Stefaan De Clerck, président de l'Eurométropole Lille-Courtrai-Tournai, soulignent qu'"en ces temps de bataille contre le chômage, il est essentiellement porteur de dizaines de milliers d'emplois".
Ce projet permettrait d'"alléger d'environ 500.000 poids lourds par an les réseaux autoroutiers", ont encore assuré les signataires, parmi lesquels les présidents des diverses chambres de commerce et d'industrie de Paris-Ile de France, de Picardie, du Nord-Pas de Calais, et, en Belgique, du Hainaut et de Flandre occidentale, outre les administrateurs des ports d'Anvers et de Gand, en Flandre, et de Liège, en Wallonie.
Si l'Etat n'acte pas la réalisation de ce projet, comme le leur demandent les signataires, y compris des industriels comme le directeur de Sevelnord, filiale de PSA, Philippe Coene, ou du secteur de la distribution tel le président d'Auchan France, Arnaud Mulliez, "la rentabilité des centaines de millions d'euros investis par les collectivités territoriales françaises et belges, notamment pour le relèvement de ponts et l'adaptation des canaux existants serait fortement réduite", soulignent-ils.
Une fois les résultats de la mission passés au crible du ministère des Transports, le gouvernement pourrait présenter à la Commission européenne un projet reconfiguré au premier semestre 2014, afin d'obtenir le financement européen de quelque 40% du projet, sur la période 2014-2020.