Consommation d'énergie - Une facture de plus en plus salée pour les communes
2,2 milliards d'euros, soit 3,8% de leur budget moyen total de fonctionnement : c'est le montant que les communes ont consacré en 2005 à leurs dépenses énergétiques selon une étude présentée par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) lors du Salon des maires, le 21 novembre. Cette enquête, intitulée "Energie et patrimoine communal", a été menée auprès de 776 communes métropolitaines de plus de 500 habitants (hors Lyon, Paris et Marseille) représentant 15.000 bâtiments.
La consommation totale d'énergie des communes est estimée à 32 milliards de kWh, soit 4,4 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP). Par habitant, la consommation moyenne d'énergie est très variable selon la taille des communes. Ainsi, dans les villes de 10.000 à 50.000 habitants, elle est 1,5 fois supérieure à celle des communes de moins de 2.000 habitants (606 kWh/hab. contre 412 kWh/hab.). Selon l'Ademe le bon niveau d'équipements (sportifs, culturels...) des villes moyennes, qui constituent un pôle d'attraction important pour les communes des territoires voisins, explique pour une large part cet écart de consommation.
Des bâtiments très énergivores
Ce sont les bâtiments publics qui se révèlent les plus gourmands en énergie, avec près de 21 milliards de kWh consommés en 2005, soit les trois quarts de la consommation en énergie des communes. A elles seules, les écoles représentent 35% des consommations. Coût de la facture : 1,3 milliard d'euros, soit 70% du budget énergie.
La part de l'éclairage public et des carburants a par contre considérablement diminué dans la consommation d'énergie des communes depuis 1990, note l'enquête de l'Ademe. L'éclairage public reste, si l'on y ajoute la signalisation, le premier poste consommateur d'électricité (47%), soit 20% du budget total énergie. Mais malgré l'augmentation des points lumineux, sa consommation reste stable grâce à une adaptation des puissances souscrites et à une amélioration des équipements. De la même manière, bien que le parc de véhicules soit resté quasi identique, la consommation de carburants a diminué grâce à une "meilleure gestion des flottes", à une "adaptation des véhicules aux besoins" et à une "modification des comportements", avance l'Ademe.
Pour les bâtiments, le type d'énergie utilisé a aussi largement évolué depuis 1990. Le fioul domestique, qui représentait alors 33% de la consommation d'énergie, n'en pèse plus que 12% en 2005. Le report s'est fait sur le gaz naturel, qui occupe désormais la première place, avec 53% de l'énergie totale des bâtiments devant l'électricité (30%). L'utilisation des énergies renouvelables (bois énergie, solaire thermique, photovoltaïque ou géothermie) reste par contre marginale, même si de plus en plus de communes - surtout celles de plus de 20.000 habitants - déclarent y avoir recours ou avoir des projets en cours dans ce domaine.
Des budgets sensibles aux hausses des prix des combustibles et carburants
La dépendance des communes à l'égard des énergies d'origine fossile rend leurs budgets extrêmement sensibles aux récentes augmentations des prix des combustibles et des carburants. Alors qu'ils n'avaient augmenté que de 3,4% entre 1995 et 2000, les budgets énergie ont bondi de 19,3% entre 2000 et 2005, principalement sous l'effet des hausses de prix constatées en 2004 et 2005 puisqu'au cours de la même période, la consommation d'énergie finale n'a augmenté que de 5,7%. Exprimée en consommation unitaire (rapportée à la population française), la progression est même beaucoup plus modeste. Entre 2000 et 2005, la consommation par habitant a progressé de 1,2% (509 kWh/hab en 2005 contre 503 en 2000).
Pour l'Ademe, cette enquête est un "outil de référence pour les communes". Elle peut aussi les aider à évaluer les actions de maîtrise des consommations énergétiques à mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs fixés par le Grenelle de l'environnement.
Anne Lenormand