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Attractivité des territoires - Une convention pour renforcer les synergies entre culture et tourisme

Frédéric Mitterrand et Hervé Novelli ont signé, le 6 novembre, une convention destinée à accroître l'attractivité touristique du patrimoine français. Cette convention "culture-tourisme" fixe un objectif prioritaire : favoriser l'innovation et les pratiques de valorisation touristique portant sur le patrimoine monumental. Tout en respectant les contraintes liées à la conservation du patrimoine, il s'agit en l'occurrence d'encourager des opérations de valorisation du patrimoine par le tourisme (création d'activités touristiques d'affaires, d'hébergement, de création d'événements...). En pratique, le ministère de la Culture établira une liste de sites dans lesquels des expérimentations seront envisageables "au regard de leur qualité et de leur conservation patrimoniales". Dans le même temps, un groupe de travail associant les deux ministères et les partenaires publics ou privés concernés ou intéressés orientera et suivra la conception et la réalisation de ces opérations pour en extraire et diffuser les bonnes pratiques.
Au-delà de cet axe prioritaire, la convention fixe également d'autres objectifs. Parmi ceux-ci figure notamment la promotion et la valorisation des grands sites de France - en lien avec le réseau correspondant -, et le rapprochement avec les collectivités territoriales pour "oeuvrer conjointement au développement d'une politique événementielle". La convention prévoit également d'autres mesures, comme la mise en place d'un outil partagé pour le suivi de la fréquentation des sites et des événements, la promotion du tourisme culturel, le développement de la marque "qualité tourisme" et de la politique "culture et handicap" (notamment à travers la valorisation du label "Tourisme et handicap"). Enfin, d'autres actions plus spécifiques ou sectorielles devraient aussi être mises en place, comme le renforcement du lien entre tourisme et cinéma, la mise en valeur d'itinéraires culturels européens ou encore le développement de la coopération européenne et internationale.
L'ensemble de ces orientations doit permettre de diversifier et de "décentraliser" la fréquentation des sites. Comme le souligne la convention, "le problème majeur de l'offre française de tourisme culturel est un problème de sous-fréquentation et non de sur-fréquentation, qui ne concerne qu'une vingtaine de sites en France, très médiatisés, à l'exemple du mont Saint-Michel". L'offre française en la matière se caractérise en effet par une forte concentration de la fréquentation. Sept monuments nationaux - dont cinq à Paris - totalisent ainsi les deux tiers de la fréquentation de l'ensemble des monuments : Arc de triomphe, mont Saint-Michel, Sainte Chapelle, Panthéon, tours de Notre-Dame de Paris, château et remparts de Carcassonne, Conciergerie. De même, trois musées - Le Louvre, Versailles et Orsay - concentrent 60% de la fréquentation des musées nationaux. La multiplicité et la diversité des acteurs constituent une autre difficulté dans la cohésion de l'offre. Constatant qu'"avec la décentralisation [...], une grande partie de l'offre culturelle et sa valorisation touristique sont portées et financées par des collectivités territoriales et des personnes privées", la convention estime qu'"il est souhaitable de faire évoluer les pratiques de ces différents lieux vers plus de cohérence et d'homogénéité".
Une telle convention n'est pas véritablement une nouveauté. Un accord similaire avait en effet été signé le 5 octobre 2006 entre les deux ministres concernés de l'époque. La convention de 2009 se montre toutefois plus ambitieuse dans ces objectifs, même si elle en reprend certains issus du texte précédent. Les deux documents présentent toutefois le même point faible : s'ils désignent des objectifs, ils restent totalement muets sur les moyens à affecter pour les atteindre.
 

Jean-Noël Escudié / PCA