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Transport aérien - Un troisième aéroport parisien n'allégerait pas Roissy et renforcerait le déséquilibre avec la province

"Faut-il ou non un troisième aéroport dans le bassin parisien ?" Au vu de l'étude très dense rendue publique ce 28 novembre par les trois fédérations qui en sont à l'initiative (Amis de la Terre, Fédération nationale des associations d'usagers de transports et France Nature Environnement ), ce débat n'a plus lieu d'être car une nouvelle infrastructure conduirait à renforcer le centralisme parisien sans pour autant réduire le trafic de Roissy.
Selon cette contre-expertise entamée dans la continuité de la démarche de débat public Ducsai (démarche d'utilité concertée pour un site aéroportuaire international), la hausse du trafic métropolitain (+5,1% en 2006) est portée par la bonne santé des vols à bas coûts vers l'international, laquelle profite en partie aux aéroports provinciaux. Mais entre Orly et Roissy, les déséquilibres s'accentuent et ne vont pas dans le sens d'une redistribution du trafic au profit de la province. Celle-ci tire malgré tout son épingle du lot dans une poignée d'aéroports misant sur les longs courriers (Nice, Marseille).
Une véritable logique de redistribution impliquerait de contenir l'offre parisienne et de permettre aux aéroports provinciaux de la soulager grâce à des acheminements ferroviaires performants. "Or l'intermodalité avion-TGV est décevante, a résumé Yves Egal de la Fnaut. Certes, deux importants rapports émis sur cette question permettent de rester optimistes en estimant que ce report modal de l'avion au TGV touchera 17 millions de passagers d'ici 2030. Mais d'ici là, la construction des LGV prend du retard." Par ailleurs, "le développement de l'aéroport de Roissy, qui n'a pas été conçu pour être un hub, est devenu, par sa réussite commerciale, un objectif neutralisant la volonté de décentralisation des pouvoirs publics. Cet objectif se réalise donc au détriment d'une croissance économique plus équilibrée du territoire", poursuit l'étude, qui préconise de ne plus "sacrifier" Orly au prétexte que les autorités privilégieraient Air France et ce, "hors de toute considération économique ou environnementale".
Replaçant le débat dans le cadre des propositions faites par les institutions européennes et françaises, l'étude préconise des solutions alternatives au projet d'un troisième aéroport : développer le transfert modal des courts et moyens courriers vers les LGV grâce à un financement spécifique de type taxe kérosène ; fixer pour Roissy et Orly un plafond établi d'ici 2020 à 660.000 mouvements et 75 millions de passagers ; approuver les initiatives européennes en faveur des quotas d'émissions, de l'aide aux aéroports régionaux et d'une meilleure gestion des créneaux au profit des riverains et de l'environnement... Des riverains avec lesquels le dialogue doit être pérennisé en ouvrant le débat et l'expertise à la prise en compte globale de la gêne occasionnée par le trafic. En France, celle-ci se résume souvent à l'étude des niveaux acoustiques. Le chercheur Guillaume Faburel note qu'émerge dans d'autres pays comme l'Allemagne la notion de "compensation territoriale" qui vise à apporter, non seulement une aide à l'insonorisation, mais aussi un bouquet d'offres de services notamment environnementaux.

 

Morgan Boëdec / Victoires Editions 

 

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