Environnement - Un plan national contre les résidus de médicaments dans l'eau
Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Ecologie, et Sophie Delaporte, directrice générale adjointe de la Santé au sein du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé, ont présenté le 30 mai 2011, lors d'un déplacement à la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), un plan national sur les résidus de médicaments dans l'eau. La France est le quatrième consommateur mondial de médicaments au monde après les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne. Mais seules 13.000 tonnes de médicaments non utilisés sont récupérées chaque année dans les pharmacies, sur un total de 30.000 tonnes.
En février dernier, une étude de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) avait clairement montré la présence de résidus médicamenteux dans l'eau. Que ce soit via les réseaux d'eaux usées ou à travers les sols des décharges, du fait du ruissellement, ces résidus se diffusent dans les rivières comme dans les nappes souterraines. Un quart des échantillons d'eau testés par l'Anses contenaient ainsi des traces de médicaments, humains et vétérinaires - antiépileptiques et anxiolytiques, ainsi que des traces de caféine - même si aucune ne se trouvait "à des niveaux élevés".
Le plan national annoncé le 30 mai a notamment pour but "d'évaluer le risque éventuel lié à la présence de traces de médicaments dans l'eau, pour l'homme comme pour les écosystèmes, et d'engager des actions de réduction de la dispersion médicamenteuse dans l'eau". Il s'articule autour de trois axes : "l'évaluation des risques par l'acquisition de connaissances scientifiques et techniques relatives à la présence, au devenir et aux effets des résidus de médicaments sur l'environnement et la santé humaine" ; "la gestion des risques par des actions de contrôle et de réduction des émissions de résidus de médicaments dans l'environnement" ; "le renforcement et la structuration des actions de recherche".
Parmi les "actions phares" prévues, des campagnes de mesures dans les eaux, dans les sols et dans les rejets (hôpitaux, stations de traitement des eaux usées, élevages, pisciculture) seront mises en œuvre et des "méthodes fiables d'analyse des molécules" seront élaborées, à partir des travaux du laboratoire d'hydrologie de Nancy et du laboratoire national Aquaref. Le plan compte aussi "améliorer la prise en compte de l'impact environnemental lors de l'examen des dossiers d'autorisation de mise sur le marché des médicaments". Il englobe également "des actions de gestion qui visent la réduction à la source plutôt qu'un traitement en bout de chaîne" et la "création de zones ateliers pour tester des actions grandeur nature". A partir de 2012, un appel à projets sera lancé sur quelques "bassins ateliers" dans le domaine des micropolluants, parmi lesquels figurent les médicaments.
Le plan national ne prévoit aucun objectif chiffré, "ce qui n'aurait pas de sens à ce stade d'acquisition des connaissances", a justifié Nathalie Kosciusko-Morizet. "Nous n'avons pas connaissance du chiffre de résidus, ni en volume, ni en toxicité", a-t-elle précisé. Quant à l'objectif de volume de collecte des médicaments, elle a indiqué qu'un "doublement serait nécessaire". Le plan est financé à hauteur de "10 millions d'euros, hors crédits de recherche", par les ministères de l'Ecologie, de la Santé et de la Recherche. Le suivi du plan sera assuré par le comité national de pilotage mis en place en novembre 2009 sur le sujet.