Un partenariat Anru-Agence nationale du sport pour développer le sport dans les QPV
Le sport levier des projets de renouvellement urbain, c'est le sens du récent partenariat entre l'Anru et l'Agence nationale du sport. Une attention particulière sera ainsi accordée aux demandes de subventions d'équipements sportifs émanant des quartiers visés par une opération de renouvellement urbain.
Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) figurent depuis longtemps parmi les cibles de prédilection des politiques sportives publiques actuellement portées par l'Agence nationale du sport (ANS). De son côté l'Anru (Agence nationale pour le renouvellement urbain) est déjà engagée dans le financement d'études et de réalisations de près de 160 équipements sportifs dans le cadre du NPRNRU (nouveau programme national de renouvellement urbain) alors que 300 équipements sportifs structurants ou de proximité ont déjà été financés par le PRNRU (programme national de renouvellement urbain). La signature récente d'un protocole de coopération entre l'ANS et l'Anru marque cependant une nouvelle étape en faveur du développement des équipements sportifs et de la pratique sportive dans les QPV et vise à créer les conditions de l'intégration d'une politique sportives comme "axe structurant d'un projet de renouvellement urbain".
Déficit d'équipements
Pour ses signataires, ce protocole est d'autant plus indispensable que "plusieurs constats établissent une réelle problématique d'accès aux activités physiques et sportives pour les habitants des QPV". Parmi les points noirs recensés, on note le déficit d'équipements dans certains territoires (22 pour 10.000 habitants en moyenne contre 34 dans les autres quartiers de l'aire urbaine) ou une faiblesse de la pratique en club (11 licenciés pour 100 habitants contre 25 en moyenne), mais aussi une difficulté chronique liée à l'entretien et à la maintenance des équipements dans des "communes structurellement pauvres". Face à ces difficultés, soulignent l'Anru et l'ANS, les projets de renouvellement urbain, en articulation avec les actions issues des contrats de villes, constituent des "leviers" pour développer l'accès aux pratiques sportives pour les habitants des QPV.
Cette coopération entre l'ANS et l'Anru s'articulera autour de quatre axes. Le premier consistera à construire et partager des éléments de diagnostic sur les équipements et la pratique sportifs des populations des quartiers en renouvellement urbain. Ces éléments porteront sur la connaissance des équipements (accessibilité, disparités et carence territoriales), les caractéristiques de l'offre de pratique des clubs et les actions menées dans le cadre des projets sportifs territoriaux et fédéraux dans les quartiers concernés. Sur la base de ces diagnostics, l'ANS s'engage à étudier "avec une attention particulière les demandes de subventions situées dans des quartiers bénéficiant d'un financement de l'Anru".
Le deuxième axe visera à développer une offre sportive diversifiée pour faire du sport un levier d'attractivité des quartiers en renouvellement urbain. Comment ? En valorisant et en déployant des équipements sportifs de proximité accessibles au plus grand nombre ainsi que des équipements structurants permettant une pratique associative encadrée, mais aussi à travers la mise en œuvre de politiques sportives favorisant la diversification des pratiques et la mixité des pratiquants.
Mettre de l'huile dans les rouages
Le troisième axe portera sur la promotion croisée des actions de l'ANS et de l'Anru. Il faut comprendre ici un vaste échange d'informations destiné à mettre de l'huile dans les rouages pour permettre des collaborations autour de projets communs. L'ANS s'engage en effet à informer l'Anru du lancement de ses appels à projets en lien avec les équipements sportifs et à croiser les données entre les demandes de subventions qui lui sont faites et les quartiers où l'Anru intervient, le tout à travers un réseau de correspondants commun aux deux agences.
Le dernier axe prend place dans une optique de collaboration élargie puisqu'il invite à améliorer la connaissance et la progression des pratiques articulant sport et renouvellement urbain. Autrement dit, l'ANS et l'Anru mèneront des études, des expérimentations ou de la sensibilisation autour de ces thèmes. Parmi les actions concrètes à venir, on note la volonté d'"expertiser l'opportunité de développer des formations sur la question du sport dans les projets de renouvellement urbain à destination des personnels des collectivités territoriales, des bailleurs et autres maîtres d'ouvrage".
Le budget de l'ANS en baisse
Ce partenariat arrive alors que l'ANS a fait connaître à l'issue de son conseil d’administration du 8 décembre ses orientations budgétaires pour 2023. Le budget initial pour l'année à venir s'établit ainsi 462,9 millions d’euros (contre 479 millions l'an passé après le vote d'un budget rectificatif en juin 2022), dont 331,6 millions pour le développement des pratiques. Cette dernière enveloppe, en hausse de 9,8 millions par rapport au budget initial de 2022, ira en priorité à la création et à la rénovation d'équipements sportifs, soit 152,4 millions répartis entre le plan 5.000 terrains de sport de proximité (109,4 millions), la rénovation énergétique des équipements (20,6 millions, contre 50 millions l'an passé), les équipements de niveau local (24,5 millions, soit sensiblement le même montant qu'en 2022, quand 12 millions étaient allés au volet équipements du plan Aisance aquatique et 12,4 millions aux équipements locaux hors plan de relance et plan 5.000 terrains de proximité) et les équipements en outre-mer et Corse (7 millions).
Enfin, l'accompagnement des acteurs de terrain concernera d'une part les projets sportifs fédéraux (75 millions), et d'autre part les projets sportifs territoriaux (64,04 millions). Dans le cadre de ces derniers, l'ANS financera 48,08 millions d'aides pour l'emploi et l'apprentissage.