De nouveaux moyens et de nouveaux défis pour le sport en 2022
La perspective des Jeux olympiques de 2024 et les mesures prises dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire donnent de nouveaux moyens au sport. Mais la perte de licenciés des clubs et les difficultés à financer les équipements structurants font peser une menace sur l'objectif d'augmentation du nombre de pratiquants.
En matière de politiques sportives, l'année à venir s'annonce comme une année à part. Un chiffre résume son caractère inédit : les 987 millions d'euros du budget inscrit au projet de loi de finances pour 2022 (+22%). La France a-t-elle pris conscience de l'importance du sport pour le bien-être et la santé des populations ? Sur le papier, oui. Dans la réalité, la réponse doit être nuancée.
Au soutien des clubs
Le montant historique du budget à venir s'explique tout d'abord par un simple effet du calendrier : les Jeux olympiques de Paris se tiendront dans deux ans et demi et nécessitent une montée en puissance des investissements, notamment dans les infrastructures sportives. Cela se traduit par une augmentation de 62 millions d'euros des crédits dévolus à la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) et à l'organisation des Jeux.
Autre facteur conjoncturel : la crise sanitaire. Interdits de fréquenter leurs clubs à partir du printemps 2020, les Français ont tardé à retrouver le chemin des stades et des gymnases. Et le mouvement sportif a senti comme un trou d'air financier. Le gouvernement a alors pris la décision de créer un Pass'Sport. Destiné aux jeunes de 6 à 17 ans bénéficiaires, soit de l'allocation de rentrée scolaire, soit de l'allocation d'éducation de l'enfant handicapé, soit de l'allocation aux adultes handicapés, il n'a toutefois pas entièrement touché sa cible. Seule la moitié des crédits prévus ont été engagés à la date-butoir initialement prévue. Soucieux d'encourager la reprise de l'activité physique et de soutenir les clubs, le gouvernement a décidé d'élargir le dispositif à de nouveaux publics et une enveloppe de 100 millions d'euros supplémentaires est prévue pour 2022.
Quels financements pour les équipements ?
Autre levier d'action pour développer la pratique : construire et rénover des équipements. Sur ce plan, le gouvernement a fait un nouvel effort : 192 millions d'euros seront consacrés sur trois ans à la construction de 5.000 petits équipements sportifs de proximité. Des équipements qui s'adresseront tant à la pratique encadrée qu'à la pratique libre. Comme le Pass'Sport, ce plan n'est toutefois pas universel. Les territoires carencés (QPV et ZRR) étant seuls éligibles aux financements. Une situation qu'a regrettée dans nos colonnes Patrick Appéré, président de l'Association nationale des élus en charge du sport (Andes). Pour lui, "iI faut un plan Marshall des équipements sportifs structurants locaux". Un plan qui concernerait tous les territoires, viserait particulièrement les rénovations d'équipements obsolètes… et nécessiterait un investissement minimum d'un milliard d'euros. Soit beaucoup plus, par exemple, que les 50 millions d'euros issus du Plan de relance pour le financement de travaux de rénovation énergétique des équipements sportifs.
Coté équipements toujours, l'Agence nationale du sport (ANS) ne fera pas office de père Noël en 2022. Son enveloppe consacrée aux équipements structurants – en construction ou rénovation – ne s'élève qu'à 12 millions d'euros pour la métropole et ne concerne, là encore, que les territoires carencés. 12 autres millions étant fléchés vers le financement de la construction et de la rénovation des piscines, toujours en territoires carencés.
De fait, pour financer les équipements sportifs, les collectivités continueront à se tourner en 2022 vers d'autres dispositifs que ceux de l'ANS, notamment la dotation de soutien à l’investissement local (DSIL, 33 millions d'euros consacrés aux équipements sportifs en 2020) et la dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR, 56 millions pour les équipements sportifs en 2020). Et peut-être vers les contributeurs qui siègeront d'ici quelques mois dans les conférences des financeurs ?...
Nouvelle gouvernance, nouveaux moyens ?
Celles-ci vont constituer – après les conférences régionales du sport installées dans toutes les régions métropolitaines tout au long de l'année 2021 – le deuxième étage de la fusée "nouvelle gouvernance territoriale du sport". C'est à ce stade, celui d'un engagement financier mutualisé autour de projets communs, que l'on jugera l'utilité et l'efficacité des nouveaux organes déconcentrés de l'Agence nationale du sport.
Reste que la grande inconnue du sport en 2022 demeure l'évolution des mesures sanitaires. Si la pratique scolaire a été épargnée, les restrictions d'accès aux équipements continuent de pénaliser les clubs ainsi que les salles commerciales. À deux ans de l'échéance de 2024, l'objectif visant à augmenter de trois millions le nombre de pratiquants, fixé en 2017, semble de plus en plus difficilement atteignable.