Un nouveau plan de 125 millions d'euros pour appuyer les entreprises à l'export
Si le déficit commercial de la France s'est amélioré au premier semestre 2023, il reste très élevé (54 milliards d'euros). Cela n'empêche pas le gouvernement de croire à un retour à l'équilibre. Pour ce faire, le ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger a lancé le 31 août 2023 un nouveau plan export doté de 125 millions d'euros sur quatre ans. L'objectif : passer de 150.000 à 200.000 le nombre d'entreprises françaises exportatrices d'ici 2030.
"Nous souhaitons que notre pays redevienne une grande puissance exportatrice, elle le peut et elle le doit." La volonté affichée par le ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger est aussi forte que l'enjeu à relever. Olivier Becht a lancé le 31 août 2023 un nouveau plan export, doté de 125 millions d'euros sur quatre ans, pour favoriser le développement international des entreprises françaises. "Il y a eu en 2018 à Roubaix le lancement d'une stratégie export, cinq ans plus tard, un nouveau plan, a détaillé Olivier Becht. Le premier a très bien marché, avec la constitution d'une Team France Export là où il n'y avait que des concurrents avant, et avec le passage de 125.000 à 150.000 entreprises exportatrices." Des entreprises qui à 94% se maintiennent à l'export et augmentent ainsi leur chiffre d'affaires (en moyenne de plus de 150.000 euros dès la première année). Au total, on compte 7,8 milliards d'euros d'augmentation des montants exportés par les entreprises accompagnées par la TFE entre 2019 et 2021, et 1,1 milliard d'euros de chiffre d'affaires additionnel. Mais l'écart à combler est phénoménal : le déficit commercial de la France sur les biens, s'il a diminué récemment en raison d'une accalmie sur les prix de l'énergie, s'élève à 54 milliards d'euros au premier semestre 2023 (contre 89 milliards au semestre précédent). Il reste bien supérieur aux chiffres des années précédant la guerre en Ukraine…
Une campagne de "porte-à-porte" dès l'automne
Pour le ministre, il y a plusieurs causes : la désindustrialisation, la dépendance de la France en matière énergétique, et la faiblesse de nos PME à l'export. "L'Italie, l'Allemagne ont une culture de l'exportation, chez eux c'est naturel", a insisté Olivier Becht à l'issue du lancement du plan export dont l'objectif est d'atteindre 200.000 entreprises exportatrices d'ici 2030 et d'aller vers un retour à l'équilibre de la balance commerciale. Ce qui n'est pas arrivé depuis plus de vingt ans !
Pour ce faire, le plan propose treize mesures concrètes, dont une campagne de "porte-à-porte", qui doit démarrer prochainement. "Nous allons convaincre les chefs d'entreprises dans le cadre d'une opération de porte-à-porte qui démarrera dès l'automne", a insisté le ministre. "Il faut aller chercher les entreprises, on mettra toutes les équipes pour cela", a pour sa part assuré Alain Di Crescenzo, président de CCI France.
Autre mesure phare : la création du "volontariat territorial de l'export" (VTE), pris sur le modèle du volontariat territorial en entreprise. Le dispositif pris en charge jusqu'à 12.000 euros, permettra d'embaucher des étudiants ou jeunes diplômés pour des missions dédiées à l'export. "L'international se prépare à la maison, c'est une super initiative qui va permettre de rendre plus solides les démarches des entreprises à l'export", a expliqué Alain Di Crescenzo tandis qu'Olivier Vincent, directeur exécutif de Bpifrance a alerté : "Il faut s'inscrire dans la durée, que l'export ne soit pas qu'un 'one shot', c'est un point central."
L'académie de l'export
Le plan prévoit aussi la mise en place d'une académie de l'export, pour formaliser l'ensemble des offres de formation disponibles dans ce domaine, et la mobilisation des parlementaires engagés à l'export, qui "iront sur leur territoire porter l'importance de l'exportation dans les entreprises", a précisé Olivier Becht. Le ministre insiste : "Nos produits français font rêver, nous devons les rendre plus visibles dans le monde entier." Les entreprises pourront profiter du Pavillon France dans les salons internationaux. Elles bénéficieront d'une augmentation de la part de la subvention publique à 30% pour participer à ces salons. Objectif : amener 5.000 entreprises par an aux salons du programme France Export d'ici 2027. "Ce plan est extrêmement pragmatique, il vise l'efficacité, on s'en réjouit, le plus pour l'exportateur c'est de voir la hausse des coûts sur les salons financée", a assuré Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France, estimant que le VTE était "une magnifique innovation".
Toute une stratégie de présence sur le web, dans le cadre des vitrines commerciales de e-commerce (Amazon, Alibaba) sera également mise en place, 80% du commerce B2B devant s'effectuer d'ici 2025 par des canaux numériques.
Enfin, pour favoriser la réindustrialisation, et "moins importer et plus produire sur place et exporter", un accompagnement personnalisé, notamment des PME, à l'export est envisagé, avec des programmes approfondis sur plusieurs années, jouant le rôle de "booster" pour les entreprises.
Du côté des régions, sous la responsabilité desquelles est placée la TFE, on se félicite du processus. "J'ai été surpris d'être invité, car je n'ai pas le souvenir qu'un ministre invite un élu local pour parler de son rôle et de sa place entre l'action du gouvernement et l'initiative de l'entreprise", a affirmé Christian Estrosi, président délégué de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Au total, 18 conventions régionales ont été signées entre l'État et les régions et les conseils stratégiques de l'export régionaux se mettent aussi progressivement en place pour assurer la bonne complémentarité entre le niveau national et le niveau régional.
"On a parcouru une partie du chemin tout en traversant une succession de crises, on peut y arriver !", assure Olivier Becht.