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Economie sociale et solidaire - Un manifeste pour mieux faire connaître l'ESS auprès des jeunes

Alors que 12% seulement des jeunes savent clairement ce qu'est l'économie sociale et solidaire, l'Esper, une association représentant les structures de l'ESS intervenant dans le champ de l'éducation, a présenté le 22 mars 2012 un manifeste pour développer l'éducation et la formation à ce secteur, alors que 600.000 postes seront à pourvoir dans les prochaines années du fait des départs en retraite.

L'Economie sociale partenaire de l'école de la République (Esper)* a présenté le 22 mars 2012 un manifeste pour l'éducation à l'économie sociale et solidaire (ESS) : "Douze propositions visant à développer l'éducation et la formation à l'ESS". Si le secteur représente 12% de salariés en France, soit 2,2 millions d'emplois, et 10% du PIB, il est encore très mal connu, et particulièrement des jeunes. D'après un sondage CSA réalisé en 2011 pour le programme Jeun'ESS auprès de la population des 16-29 ans, 49% des jeunes interrogés déclarent avoir déjà entendu parler de l'ESS mais seuls 12% disent savoir clairement ce dont il s'agit. Ceux qui la connaissent ont une image plutôt positive mais ils ne choisissent pas de s'orienter dans cette voie dans le cadre professionnel. 42% préfèrent le secteur public, 35% le secteur privé lucratif et seulement 23% citent le secteur de l'ESS. La stabilité et une certaine garantie de l'emploi (45%) ainsi qu'une forte rémunération (38%) les attirent davantage, bien loin devant l'utilité sociale (26%), le relationnel (20%) ou encore la participation à un projet collectif (15%).
"Il y a un jugement a priori de l'ESS par manque de connaissance de la part du grand public, explique Roland Berthilier, président de L'Esper. Pour les pouvoirs publics, la volonté est souvent politique : on préfère travailler avec des entreprises capitalistiques car c'est plus simple." L'objectif du manifeste est justement d'insuffler cette culture manquante autour de l'ESS à partir de la formation : celle des enseignants, à travers une boîte à outils commune et un portail d'information, et celle des élèves, puisque "c'est bien à l'âge scolaire qu'on arrivera à faire comprendre ce que c'est", comme l'a souligné Jean-Louis Cabrespines, président du Ceges et du Conseil national des chambres régionales de l'économie sociale (CNCRES) lors du colloque organisé le 22 mars autour du manifeste.

Une semaine de l'ESS à l'école

La formation des élus est également importante. "Dans toutes les régions, il y a des décideurs, comme les représentants des conseils régionaux ou de l'Etat, qui ne savent pas ce qu'est l'ESS et soutiennent donc ce secteur de manière différente d'un endroit à l'autre", a précisé Jean-Louis Cabrespines. Enfin, du côté des associations, la formation doit aussi jouer un rôle, tout comme le regroupement puisqu'il n'y a "pas assez d'associations fédérées, ce qui est pourtant une force essentielle", a appuyé le président du Ceges.
Le manifeste propose ainsi de mobiliser le ministère de l'Education nationale par un accord-cadre global conclu entre le ministère et les acteurs de l'ESS, comprenant "une semaine de l'ESS" à l'école, l'appui à la création et à la diffusion d'outils pédagogiques, et l'intégration de l'ESS à la formation initiale et continue des enseignants. Autres idées : mobiliser le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche pour habiliter de nouvelles licences et masters ESS et développer la création de postes d'enseignants spécialisés sur ces thématiques, assurer une représentation des acteurs de l'ESS au sein du Conseil supérieur de l'éducation et du comité consultatif du Haut Conseil de l'éducation, et améliorer la prise en compte de l'ESS lors de la conception des diplômes professionnels. Les acteurs comptent s'appuyer sur les collectivités dans ce travail. "Localement, la perception de l'ESS est différente. Les collectivités sont très preneuses de ce genre d'initiatives mais elles ne créent pas de programmes scolaires. En revanche, elles peuvent nous aider via la formation professionnelle, explique Roland Berthilier, il faut travailler avec elles pour montrer quels sont les débouchés de ce secteur." Or les perspectives sont favorables aux recrutements. Par le jeu des départs en retraite, quelque 600.000 emplois vont se libérer. "Et cela, sans compter sur un éventuel développement du secteur", détaille Roland Berthilier.

Emilie Zapalski

*L'Esper est une association rassemblant 39 organisations de l'ESS (associations, mutuelle, coopératives, syndicats) agissant dans le champ de l'école et de la communauté éducative.

 

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