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Tri des déchets - "Un malus" prochainement instauré sur les bouteilles de lait en plastique PET

A l'occasion d'un colloque sur l'économie circulaire qui s'est tenu mercredi 1er février à Paris, Ségolène Royal a annoncé son souhait de voir instauré "un malus" sur les bouteilles de lait en plastique PET opaque, accusées par l'ONG Zero Waste France de ne pas être recyclables et de perturber les chaînes de tri. La ministre de l'Environnement a par ailleurs indiqué qu'elle avait transmis au Conseil d'Etat un projet de décret sur la gestion des véhicules hors d'usage dans les départements d'Outre-mer, afin de les aider à "résorber (leur) stock".

"J'ai demandé aux éco-organismes (chargés d'organiser la collecte et le tri, ndlr) dans un délai de quinze jours de me faire une proposition pour mettre en place un malus sur les bouteilles de lait en plastique opaque, afin qu'elles ne présentent plus d'avantage en termes de coût pour les industriels de l'agroalimentaire", a déclaré Ségolène Royal le 1er février, lors d'un colloque sur l'économie circulaire au ministère de l'Environnement. "J'étudie la possibilité d'interdire la mise sur le marché des bouteilles en PET opaque, tant que les solutions de tri et de recyclage ne sont pas mises en place", a-t-elle ajouté.
Le "malus" se traduirait par une hausse de la contribution versée par les entreprises concernées à Eco-Emballages, l'organisme privé agréé par l'Etat pour piloter le dispositif national de tri et de recyclage des emballages ménagers. Un groupe de travail réunissant des représentants des centres de tri, d'Eco-Emballages et des entreprises, dont les fabricants des bouteilles incriminées, doit faire une proposition à la ministre d'ici à quinze jours, a-t-on précisé au ministère.
Apparu au début des années 2000, le PET opaque s'est développé à partir de 2010 notamment dans les secteurs de l'hygiène, du lait, des jus de fruits et du bricolage, selon Eco-Emballages. Il représente "10.000 tonnes sur les 450.000 tonnes de bouteilles et flacons mis sur le marché chaque année, soit 3 bouteilles sur 100", a indiqué l'éco-organisme.

L'association Zero Waste "vigilante"

L'ONG Zero Waste avait affirmé fin janvier que des bouteilles de lait en plastique opaque, non recyclable, remplaçaient de plus en plus les bouteilles en plastique recyclable dans les supermarchés et avait appelé les consommateurs à se mobiliser contre cette tendance. "Contrairement au PET transparent ou au PEHD des bouteilles de lait traditionnelles, ces bouteilles sont en effet composées d'un type de plastique bien spécifique, le PET opaque, qui ne se recycle pas !", avait assuré l'association. Selon elle, des "millions de bouteilles en plastique vont (...) terminer leur vie en incinérateur ou en décharge".
L'association a aussitôt salué la "prise de position forte" de Ségolène Royal. Elle a cependant souligné qu'elle restait "vigilante sur les modalités d'application de ce malus qui doit être dissuasif et immédiat". Elle a aussi demandé "un étiquetage clair pour les consommateurs", et en particulier que "les bouteilles en PET opaque soient clairement étiquetées comme étant non recyclables".
De son côté, Eco-Emballages a réaffirmé que "le PET opaque se recycle en mélange avec du PET coloré pour la production de fibres synthétiques (...) à condition de ne pas dépasser 15% maximum" du volume traité. L'organisme a aussi annoncé un "plan d'actions, d'un montant d'1,5 million d'euros pour 2017, pour trouver des solutions à l'augmentation du PET opaque à recycler".
Les industriels du recyclage avaient également alerté sur les problèmes engendrés par le PET opaque. L'enjeu est de "trouver des solutions techniques pour minimiser le taux d'opacifiants minéraux dans les emballages, et pour développer des débouchés propres au PET opaque afin d'accompagner sa croissance", a précisé Eco-Emballages.

Véhicules hors d'usage, un "fléau majeur" outre-mer

Par ailleurs, Ségolène Royal a annoncé lors du même colloque sur l'économie circulaire avoir transmis au Conseil d'Etat un projet de décret sur la gestion des véhicules hors d'usage (VHU) dans les départements d'outre-mer pour les aider à "résorber (leur) stock", "un fléau majeur". Le projet de décret, accompagné de son projet d'arrêté interministériel d'application, fait suite aux recommandations d'un rapport du député de Martinique Serge Letchimy (DVG), remis en juillet 2015 au gouvernement, qui portait sur le démantèlement des VHU.
"Le projet d'arrêté définit les modalités de mise en oeuvre du plan d'actions des constructeurs automobiles conformément aux engagements qu'ils ont pris", a indiqué la ministre de l'Environnement. "Ce texte est très attendu de la part des acteurs locaux (collectivités, services déconcentrés de l'État, acteurs économiques...)", a-t-elle rappelé. La ministre a exprimé son "espoir de trouver des entrepreneurs qui vont créer" une filière de recyclage, de récupération et de réutilisation des matériaux des véhicules hors d'usage.