Environnement - Déchets : un vade-mecum très utile sur les centres de tri
Par quel bout commencer pour adapter le parc actuel des centres de tri ? D'autant qu'avec près de 400 unités traitant 10 millions de tonnes de déchets pris en charge par le service public (soit 19% des tonnages, selon la dernière enquête Itom), ce parc ne cesse de s'étoffer... Comment le mettre à niveau au vu des évolutions à venir concernant les flux entrants et les exigences de maîtrise des coûts ? Depuis deux ans (voir notre article du 20 mars 2013), l'enjeu est pris à bras le corps par l'Ademe, les éco-organismes, les fédérations, les professionnels du secteur et réseaux d'élus tels que le Cercle national du recyclage qui a contribué à ce vade-mecum sur les centres de tri. Une note à lire non sans une certaine prudence, car elle est purement informative et "n'engage pas la responsabilité de ses auteurs"... Elle propose d'anticiper l'évolution des collectes sélectives, en tirant des enseignements de la première vague d'expérimentations du tri étendu aux emballages plastique autres que les flacons. Elle est donc technique mais dresse d'intéressants constats.
Où sont les gisements d'économies ?
L'automatisation du tri, introduit cette note, sera bel et bien nécessaire. Tout comme "le besoin d'une technologie plus poussée". Donc se contenter d'adapter les outils de tri existants ne suffira pas. Pire, dans l'optique de maîtrise des coûts, cela risquerait même de produire l'effet inverse et... de les faire grimper ! Et ce, "sans parvenir pour autant à répondre aux différents objectifs recherchés". En fait, les économies atteindraient le meilleur niveau à une seule condition : faire grossir ces centres de tri. Les économies réalisées seraient alors supérieures à celles pouvant l'être sur le versant du transport de déchets (par plus de massification des flux). En cela, cette note incite les maîtres d'ouvrages, publics ou privés, à réfléchir au "maillage optimal d'organisation de la fonction de tri", à rechercher une cohérence territoriale en visant si besoin "au-delà du territoire de la collectivité qui a aujourd'hui la compétence déchets". La réflexion préalable à engager doit aussi porter sur "la cohérence entre installations de tri et schémas de collecte du bassin versant".
Anticiper l'évolution des flux entrants
Dans les années à venir, notamment du fait de l'extension progressive des consignes de tri à tous les emballages plastiques, les flux entrants dans ces centres vont changer. Avec moins de papiers graphiques, un risque d'augmentation des indésirables et des imbriqués (par exemple une bouteille compactée avec une boîte de conserve), des flux plus souillés qu'avant par des matières organiques, plus de films plastiques... Ainsi qu'une plus grande hétérogénéité de taille, "avec à la fois des objets plus gros et beaucoup plus de petits". Des prévisions établies par rapport à une situation moyenne nationale et qui "doivent nécessairement être adaptées au contexte local". Quoi qu'il en soit, la baisse attendue de la densité de ces flux entrants incite "à ne plus raisonner uniquement en tonnage mais aussi en volume", et à "pouvoir trier des nouveaux objets en plastique très hétérogènes en taille et en résine". Faible densité mais volumes entrants croissants : l'adaptation des aires de stockage et des convoyeurs est aussi en jeu.
Enfin, un changement majeur attend les agents de tri, avec "un risque important de dégradation des conditions de travail", du fait d'objets plus petits et plus nombreux. Ou de l'augmentation des salissures et odeurs. D'où la contribution à cette note de la branche accidents du travail et maladies professionnelles (ATMP) de la Caisse nationale de l'assurance maladie. La nouvelle vague d'expérimentations, qu'Eco-Emballages espère porter à 8-10 millions d'habitants supplémentaires, doit encore alimenter ces réflexions. Cette note sera actualisée fin 2016 pour intégrer la capitalisation des connaissances issues de ces expérimentations complémentaires.