Un guide pour la transition écologique du secteur culturel
Le ministère de la Culture publie un guide "d'orientation et d'inspiration" pour la transition écologique des acteurs culturels. Il fait le point sur les objectifs et les moyens alloués à cette cause sur la période 2024-2027.
Avec 2% du bilan des émissions de gaz à effet de serre de la France – sans inclure les mobilités qu'elle génère ni la consommation audiovisuelle –, la culture doit apporter sa pierre à l'édifice de la transition écologique. Pour ce faire, le ministère de la Culture vient de publier un guide d'"orientation et d'inspiration".
Derrière cette formule se cache d'abord un état des lieux par grands types d'activité culturelle. On apprend ainsi qu'avant la pandémie de Covid-19, l'organisation d'un grand festival en ville représentait en moyenne 28.000 tonnes équivalent CO2 (tCO2e), qu'un multiplexe de cinéma et une librairie de centre-ville généraient 2.600 tCO2e et que le fonctionnement d'une salle de spectacle en périphérie équivalait à 1.500 tCO2e.
Ceci posé, et afin de limiter l'empreinte écologique du secteur culturel, le ministère de la Culture éclaire sur les actions qu'il met en œuvre à destination de l'ensemble des acteurs culturels pour, dès la fin de l'année 2025, permettre aux différents types de structures de disposer de référentiels carbone afin de mesurer leurs sources d'émission de gaz à effet de serre, le tout avec un objectif à l'horizon 2027 : que 100% des acteurs culturels mesurent l'impact de leurs événements ou productions. Le guide présente d'ailleurs quelques exemples de bilans carbone d'établissements publics du ministère : Opéra de Paris, Musée d'Orsay et Cité des sciences et de l'industrie.
Des indicateurs écologiques pour flécher les aides
Autre angle d'action : le soutien financier aux initiatives de décarbonation de la culture. Ici, les échéances sont aussi claires que régulières. Dès 2024, 40 millions d'euros des fonds interministériels dédiés à la transition écologique seront fléchés vers le secteur culturel. L'année qui commence sera aussi celle de la mise en œuvre du deuxième appel à projets Alternatives vertes dans le cadre du plan France 2030. Doté de 25 millions d'euros, ce dispositif, mis en œuvre par la Banque des Territoires, vise à accélérer la transition écologique des structures culturelles en faisant émerger des innovations répliquables et structurantes, ainsi qu'à financer des outils de mesure d'empreinte environnementale et de formation des professionnels. Après une première "vague" en septembre dernier, les "vagues" 2 et 3 seront respectivement clôturées le 29 mars et le 31 décembre prochains. Enfin, à l'horizon 2027, le ministère de la Culture entend faire progressivement des indicateurs d'impact écologique un critère d'attribution de ses aides.
La troisième partie du guide présente les traditionnelles consignes et bonnes pratiques en matière de sobriété énergétique. Soit un catalogue de mesures allant du niveau de chauffage à la sensibilisation aux écogestes du quotidien en passant, entre autres, par la sobriété en matière d'éclairage et la réduction des consommations liées au numérique.
Mobilités durables : un chantier en lien avec les collectivités
La quatrième partie permet de reprendre de la hauteur et d'imaginer des solutions à plus long terme. Il est question de nouvelles pratiques de création durables, d'inventer l'architecture, les territoires et les paysages de demain, ou encore de repenser la mobilité des publics pour une culture accessible. Des solutions seront néanmoins apportées dans ces différents champs dès 2024, comme des réponses juridiques afin de faciliter le réemploi des matériaux et des productions, des formations sur les spécificités du bâti ancien destinées aux diagnostiqueurs DPE ou l'ouverture de négociations au niveau international sur les avancées de la conservation verte des archives et collections portées au niveau national.
On note enfin l'annonce d'un chantier, en lien avec les collectivités territoriales, sur le déploiement local de mobilités durables. Ici l'horizon est encore fixé à 2027 et porte sur trois objectifs : étudier les axes de progrès dans les mobilités (réseaux, pass tarifaire…) avec les instances en charge de la politique du tourisme (et non celles chargées des transports !), mobiliser les partenaires pour tenter de développer des solutions de mobilité durable, et mieux prendre en compte les mobilités durables dans l'instruction des demandes d'autorisation aux abords des monuments.
La culture, force de sensibilisation
Quant à l'inspiration vantée par le titre même du guide, elle s'appuie sur la proposition selon laquelle la culture serait une "force de sensibilisation à l'écologie [qui] forge les imaginaires et peut inspirer de nouveaux récits, qui seront déterminants dans la manière dont les publics s'approprient les enjeux liés à la transition écologique". En témoignent des réalisations telles que le film Les Algues vertes, de Pierre Jolivet, sorti en 2023, les festivals We Love Green ou Le Cabaret vert, le festival Génération climat, organisé par la scène nationale de Blois, ou encore les expositions sur les thèmes de la transition écologique, du climat ou de la protection de l'environnement organisés en 2023 par de nombreux musées : Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Paris, Rouen, Toulouse…