Un guide pour aider les dirigeants à réussir leur implantation industrielle

La Scet, filiale de la Caisse des Dépôts, et la société Compagnum ont présenté le 7 novembre 2022 leur guide pour "Réussir son implantation industrielle", listant huit étapes incontournables et présentant les différents acteurs mobilisables.

En France le délai d'une implantation industrielle est de dix-sept mois, soit quatre fois plus qu'en Allemagne. Au cœur de ce constat : une pléthore d'acteurs à contacter, des réglementations lourdes, des procédures très lentes… Pour accélérer ce délai et aider les dirigeants d'entreprises à mieux se retrouver dans ce maquis, la Scet, filiale de la Caisse des Dépôts, référente dans le conseil aux collectivités territoriales et aux sociétés d'économie mixte, et l'entreprise Compagnum, qui accompagne les entreprises dans leur développement, ont présenté le 7 novembre 2022, le guide du dirigeant "Réussir son implantation industrielle". "Nous avons été très bien accueillis mais c'est un micmac pas possible, nous n'avons sûrement pas sollicité tous les bons interlocuteurs", a témoigné durant la présentation du guide Jean-Baptiste Pieret, président de Black Star, spécialiste des enveloppes de pneus rechapées, qui a repris l'usine de Bridgestone à Béthune pour y installer son unité de production de pneumatiques reconditionnés.

"Une implantation industrielle n'est pas un long fleuve tranquille"

Un parcours qui "n'est pas un long fleuve tranquille", comme l'a reconnu Roland Lescure, ministre de l'Industrie, dans une vidéo d'introduction, même si les efforts de l'État ne faiblissent pas depuis 2017 avec une baisse de la fiscalité pour les entreprises, dont la dernière correspond à la baisse programmée de la CVAE, des investissements à travers le plan de relance et France 2030, les Territoires d'industrie et un chantier de simplification mené à la suite du rapport du député Guillaume Kasbarian, député Renaissance d'Eure-et-Loir et président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, remis au gouvernement en 2019. Ce dernier a conduit au dispositif des "sites clés en main", permettant d'accélérer les procédures nécessaires avant installation d'un industriel (voir notre article du 23 septembre 2019). Dernier dispositif en date : l'installation dans chaque département d'un sous-préfet référent en matière d'implantation industrielle (voir notre article du 17 mars 2022). Interlocuteur privilégié des chefs d'entreprises, il est censé être chargé des questions d'immobilier, du foncier, des aspects règlementaires, etc.

Les huit étapes de l'implantation industrielle

Le guide met en avant ces avancées et l'ensemble des actions mises en œuvre par l'État et les territoires pour favoriser les implantations industrielles. Il liste ensuite les huit phases de l'implantation et les acteurs mobilisables pour chacune d'entre elles : stratégie d'implantation, sélection du territoire, financement et portage, études et autorisation, construction et installation, ancrage territorial, recrutement et formation, croissance économique locale. "Avec la Scet, nous accompagnons les start-up et PME industrielles dans leurs projets de croissance depuis la stratégie d'implantation jusqu'à l'étape du financement et du recrutement, avec des compétences à trouver sur le territoire choisi, en passant par la question du foncier disponible, détaille à Localtis Virginie Saks, cofondatrice de Compagnum. On estime qu'en suivant cette démarche on gagne six à neuf mois", sachant que le coût d'un décalage de huit mois d'un projet d'implantation pour une PME de 10 millions d'euros est estimé à 700.000 euros. Le guide liste aussi l'ensemble des acteurs publics mobilisés sur la question, dont les préfectures, les collectivités, Bpifrance, Business France, les CCI, la Banque des Territoires et les agences de développement économique.

"Des sites plus clés en main que d'autres"

Dans ce travail d'accompagnement, la Scet et Compagnum ont recours au dispositif des sites clés en main, lancé en 2020. 150 sites de ce type sont actuellement disponibles. "Nous les avons déjà utilisés, souligne Virginie Saks. C'est vrai qu'on accélère les implantations car les autorisations sont déjà réalisées, mais tous les territoires ne se ressemblent pas, certains sites sont plus clés en main que d'autres." Un reproche que reconnaît Guillaume Kasbarian, à l'origine du dispositif. "Sur les 150 sites, certains ne sont pas totalement défrichés et on peut aller plus loin mais c'est une minorité, affirme-t-il à Localtis. Il y a aussi la question des grands sites, à part Dunkerque et Châteauroux, il faudrait dégager des grandes zones d'implantation, c'est un vrai challenge." Une remarque émise régulièrement par le cabinet Trendeo (voir notre article du 5 novembre 2020).

Reste à savoir si l'ensemble de ces démarches visant à favoriser les implantations et la réindustrialisation ne seront pas trop freinées par les conséquences de la guerre en Ukraine et notamment les répercussions en matière d'énergie. "C'est la dynamique qui compte", assure Virginie Saks. Après une période d'amélioration entre 2013 et 2017, suivie d'une dégradation entre 2018 et 2020, les créations d'usines sont reparties à la hausse en 2021 avec un solde positif de 120 usines nouvelles, selon les chiffres de Trendeo (voir notre article du 11 avril 2022). Les relocalisations sont passées de 30 en 2020 à 87 en 2021 et 32.155 emplois nets ont été créés en 2021. "Depuis le Covid et maintenant la guerre en Ukraine, il y a eu une vraie prise de conscience qu'on ne peut pas continuer avec un modèle qui met en danger nos chaînes de valeur et d'approvisionnement", estime pour sa part François Blouvac, responsable du programme Territoires d'industrie à la Banque des Territoires.

 

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