Un comité interministériel du tourisme pour garder le cap au-delà des Jeux olympiques
Le septième comité interministériel du tourisme a été l'occasion de détailler le soutien de l'État aux acteurs du tourisme pour préparer les transitions à venir. Ces derniers en ont profité pour rappeler leur désir de participer à la coconstruction des futures politiques du secteur.
Se projeter sur les dix prochaines années, telle était l'ambition affichée du comité interministériel du tourisme (CIT), réuni le 7 mai dernier pour la première fois depuis quatre ans. Ce retour sur le devant de la scène pour une activité économique aussi importante que le tourisme est tout sauf un hasard en cette année 2024 qui verra la France accueillir les Jeux olympiques et paralympiques (JOP). Les acteurs du secteur ne s'y sont pas trompés, en publiant, en marge du CIT, une charte d'engagements pour réussir l'accueil et l'héritage des Jeux.
Alors que la France a dépassé pour la première fois de son histoire la barre des cent millions de visiteurs internationaux en 2023 – ce qui lui permet de conserver sa place de première destination mondiale –, les défis à relever pour s'y maintenir seront nombreux. Face aux mutations à venir, le gouvernement estime nécessaire "d'engager une réflexion autour de la révision des modèles économiques mis en place par les entreprises du secteur et des outils déployés par l'État". C'est pourquoi, dès septembre 2024, Olivia Grégoire, ministre du Tourisme, lancera des travaux pour faire évoluer les missions d'Atout France, opérateur de l'État en matière de tourisme.
Une loi "tourisme" pour 2025
Autre réforme à venir : celle de la réglementation du tourisme, "pensée il y a près de vingt ans, sans révision globale depuis, et ce, malgré les mutations du secteur". Un texte législatif devrait être présenté début 2025 afin d'adapter le secteur aux nouveaux défis.
2025 verra par ailleurs la tenue du troisième sommet Destination France, pour une édition "tournée vers la valorisation des projets touristiques régionaux". Dans cette optique, la direction générale des Entreprises recensera d'ici la fin de l'année les projets phares d'investissements en vue de les valoriser auprès des investisseurs étrangers.
Le CIT a également été l'occasion de confirmer l'engagement de l'État dans le financement de la transition écologique des acteurs du tourisme, lequel passera par l'augmentation du budget du fonds d'investissement Montefiore (lire notre article du 12 janvier 2024). Mis en place en 2021 par la Caisse des Dépôts et France Assureurs, ce fonds doté de 300 millions d'euros pour les cinq années à venir accompagnera une vingtaine de projets d'envergure. Son but ? Structurer les entreprises du tourisme en favorisant l'émergence de "grosses PME et ETI" et permettre l'adaptation du secteur en matière de numérisation, d'accessibilité et de transition climatique et énergétique. Une première souscription des investisseurs est prévue au second semestre 2024 et la souscription finale en 2025.
Des outils financiers pérennisés
On notera par ailleurs que les outils de Bpifrance et de la Caisse des Dépôts, via la Banque des Territoires, à destination du tourisme sont pérennisés, qu'il s'agisse du prêt Tourisme, avec une capacité supplémentaire de 400 millions d'euros sur les deux prochaines années au bénéfice de 800 entreprises, de l'accompagnement des collectivités territoriales dans la définition de stratégies touristiques ou encore du dispositif prêt Cohésion Territoriale Tourisme.
Enfin, il a été annoncé que dès le mois de juin 2024, tous les acteurs du tourisme auraient accès à une nouvelle plateforme en ligne leur permettant d'accélérer leur "transition durable". Ce centre de ressources réunira tous les outils et aides proposés par de nombreux organismes ainsi que des solutions et bonnes pratiques déjà expérimentées. La plateforme proposera également un outil d'autodiagnostic gratuit permettant d'évaluer son niveau de "durabilité" et d'avoir accès à des recommandations adaptées pour progresser dans ce domaine.
Faire vivre le comité de filière
Parallèlement à ces annonces, le comité interministériel s'est félicité de la relance, en novembre 2022, du Comité de filière du tourisme, qui réunit cent cinquante acteurs publics et privés du secteur afin de coconstruire les politiques touristiques. C'est précisément à propos de ce comité de filière que la Confédération des acteurs du tourisme (CAT) et ADN Tourisme ont interpellé le gouvernement par le biais de leur charte d'engagements pour l'accueil et l'héritage des JOP publiée le jour même de la tenue du CIT.
Si ce document met en avant des engagements "pour un accueil et un service de qualité et pour un tourisme inclusif, durable et responsable" – à travers, par exemple, la promotion des actions nationales organisées dans les territoires dans le cadre des JOP ou l'accompagnement, au plus près du terrain, des entreprises touristiques locales dans la transition de leur offre –, la CAT et ADN Tourisme entendent également "consolider l'effet d'attractivité exceptionnel engendré par les JOP 2024 par la poursuite des travaux du Comité de filière tourisme".
"Oxygéner" le tourisme
Les deux organisations demandent que le tourisme soit "réaffirmé comme un des piliers prioritaires du développement économique de notre pays" et que l'on consacre le tourisme sportif comme "levier de croissance de la filière touristique" afin de "hisser la France au rang de destination sportive de référence mondiale". Autant d'ambitions qui doivent se traduire "par la mise en œuvre des orientations et objectifs fixés dans le cadre du Comité de filière tourisme". Dans la perspective de la future loi "tourisme", la CAT milite d'ailleurs en faveur de mesures visant à "oxygéner l'industrie touristique" et à "renforcer sa compétitivité normative et fiscale", en particulier par la simplification des dispositifs d'aides à la transition énergétique et écologique, la mise en place de dispositifs de type "guichet unique", la réforme et la simplification de la taxe de séjour, l'adaptation des règles de fixation des vacances scolaires ou encore la simplification du cadre normatif et fiscal en faveur du logement des saisonniers.
Enfin, la CAT s'interroge sur la gestion de l'eau et la sobriété hydrique. À ce titre, elle contribuera, aux côtés de l'État, aux travaux réalisés dans le cadre du Comité de filière tourisme et se dotera d'ici la fin 2024 d'un observatoire de l'eau dans le tourisme.