Un collectif d'une trentaine d'élus réclame un plan d'urgence pour des banlieues "au bord de l'asphyxie"
Une trentaine d'élus locaux de différents horizons politiques réclament, dans une tribune au "Monde" parue mercredi 24 mai 2023, un "plan d’urgence pour les banlieues" afin de lutter contre la précarité alimentaire, de geler les prix de l’énergie et de financer la rénovation urbaine.
"Détresse alimentaire", "retards de paiement des loyers", "projets de renouvellement urbain en panne", "taux de chômage 2,7 fois supérieur à celui des autres quartiers des unités urbaines, aggravation du non-recours", etc, la liste des doléances publiée dans Le Monde est longue. "Les banlieues sont au bord de l'asphyxie et leurs habitants font face à de nombreuses crises", constatent amèrement ces élus d'horizons politiques divers, dont de nombreux élus de banlieue ainsi que des maires de grandes villes comme Paris ou Lyon.
Dans un contexte où, depuis plusieurs mois, les annonces concernant les "Quartiers 2030" et la date du prochain comité interministériel des villes se font attendre (voir notre article du 30 mars et du 17 avril 2023), ils rappellent qu'ils sont dans l'attente d'un discours d'Emmanuel Macron sur les "engagements quartiers 2030", ces nouveaux "contrats de ville" qui doivent définir la politique dans les quartiers prioritaires en matière de rénovation urbaine, d'insertion ou de sécurité à partir de 2024.
Frappés par la forte hausse de l'inflation (+13,2% pour les produits alimentaires), "des habitants sont contraints de ne pas manger à tous les repas", alertent les élus. Même constat alarmant sur le volet du logement, la moitié des organismes HLM ayant enregistré en 2022 "une augmentation de plus de 10% du nombre de loyers en retard de paiement de plus de trois mois". Les habitants des quartiers sont par ailleurs en première ligne face aux vagues de chaleur éprouvantes qui ont touché le pays en 2022, rappellent les maires. Elles-mêmes frappées par l'augmentation des coûts de l'énergie et des matériaux, les collectivités doivent en outre revoir à la baisse des projets de renouvellement urbain pourtant programmés depuis de nombreuses années.
"Face à la détresse des habitants qui ont le sentiment d'être abandonnés par la République, nous demandons au gouvernement un plan d'urgence pour les banlieues", écrivent les maires, faisant état d'un "recul du droit commun dans nombre de (leurs) quartiers".
Concrètement, ils réclament la mise en place d'un "dispositif pérenne de lutte contre la précarité alimentaire", un gel des prix de l'énergie pour les bailleurs sociaux ainsi que le déblocage d'un abondement de 2 milliards d'euros destinés à l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru).