Un atlas inédit confirme la place des bibliothèques comme premier service culturel de proximité
La première édition de l'Atlas des bibliothèques territoriales propose un très riche portrait de la France de la lecture publique. Il en ressort un maillage très dense de ces équipements sur tout le territoire ainsi qu'une évolution récente en termes de pratiques.
C'est une mine d'informations pour qui veut mieux connaître les bibliothèques publiques ou encore comparer son établissement aux standards nationaux ou régionaux : l'Atlas des bibliothèques territoriales, réalisé par le ministère de la Culture et publié début février, dessine tout au long de ses 134 pages et à travers des centaines de cartes thématiques le portrait complet et inédit des équipements de lecture publique de France.
Comme il est rappelé en introduction de l'ouvrage, "la collecte intensive de données rend l'administration redevable à l'égard de ceux qui fournissent les informations et souhaitent s'approprier les résultats de ces campagnes". L'Observatoire de la lecture publique, qui depuis 2009 collecte les statistiques d'activité des bibliothèques territoriales, ne se comporte pas en ingrat et rend à ceux qui l'ont nourri – collectivités locales et départements en tête – des données inédites mises en abîme par la visualisation cartographique. Il en résulte un véritable outil de travail "pour mieux orienter les politiques publiques, au plus près des territoires".
L'atlas présente un panorama national qui laisse apparaître clairement que les bibliothèques se déploient sur tout le territoire "en un maillage serré" et proposent de multiples services et activités pour former le "premier service culturel de proximité".
"Couverture exceptionnelle"
Les 15.778 bibliothèques recensées offrent ainsi une "couverture exceptionnelle" qui permet à 85% des Français d'accéder à ce service culturel dans leur commune de résidence – un taux qui monte à plus de 93% dans les régions Île-de-France, Bretagne, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Pays de la Loire, Réunion et Guadeloupe. Et si les collectivités urbaines sont plus équipées en lieux de lecture (neuf communes urbaines sur dix en possèdent au moins une), un tiers des communes rurales disposent également d'un tel établissement.
Cette proximité peut se lire par un autre biais : celui du temps d'accès aux bibliothèques. L'atlas indique que sur l'ensemble du territoire français, seuls 2,2 millions de personnes n'ont pas accès à une bibliothèque en moins de dix minutes en voiture depuis leur domicile, un phénomène qui touche évidemment surtout les populations rurales.
La facilité d'accès à la bibliothèque se concrétise également à travers le choix de 57% des établissements de pratiquer la gratuité des inscriptions. Un choix qui s'étend parfois à des départements entiers, comme c'est le cas en Ille-et-Vilaine, en Vendée, en Gironde, dans le Pas-de-Calais ou le Nord.
"Des lieux ouverts dans la cité"
On relèvera également avec intérêt les données historiques qui mettent en lumière "la véritable grande impulsion" lancée avec la création de la dotation générale de décentralisation en 1986, un outil financier qui a permis l'aménagement culturel du territoire : 89% des bibliothèques publiques en métropole et 93% en outre-mer ont été construites après cette date, et plus de 60% des bibliothèques construites après 1986 ont été inaugurées après les années 2000 en métropole.
Ce phénomène historique explique en partie la prise en compte des attentes les plus récentes des publics par les établissements de lecture publique : "La fonction initiale de prêt des bibliothèques est dépassée, peut-on lire. Les collectivités ont su en faire des lieux ouverts dans la cité, libres d'accès et riches de ressources, en phase avec les évolutions de la société et les besoins des populations."
Aujourd'hui, si l'offre de documents est constituée en grande majorité de livres (de 76 à 99% des fonds documentaires), les DVD, CD, jeux vidéo sont également bien présents (jusqu'à 20%), de même que les revues (jusqu'à 5%) ou d'autres types de documents, comme les partitions (jusqu'à 2,5%). Certaines bibliothèques ont développé de nouvelles formes de prêts : de graines, d'instruments de musique ou d'objets.
Mises en réseau
La nouveauté se fait aussi sentir en matière d'actions culturelles. Qu'il s'agisse de lectures, de conférences ou d'expositions, 55% des bibliothèques développent de telles actions, une part qui s'avère plus élevée dans les communes urbaines (73%) que rurales (49%).
Enfin, parmi les phénomènes nouveaux, l'atlas met en exergue les mises en réseau. Il note que les bibliothèques ont su s'emparer des évolutions législatives, telle la loi Notr de 2015, pour améliorer la desserte de leur territoire en matière de lecture publique. Ainsi, 41% des bibliothèques font partie d'un réseau, dont 20% d'un réseau municipal et 36% d'un réseau intercommunal.
Toutes les données nationales de l'atlas sont également présentées à l'échelle régionale, ce qui en fait un précieux outil de comparaison.