Bibliothèques municipales : des profils et des coûts variés selon la taille des communes

Une étude de l'Observatoire des finances et de la gestion publique locales sur les bibliothèques municipales et intercommunales met en lumière les différences de structures, d'usages et de coûts de ces équipements culturels selon qu'ils sont implantés dans de petites ou de grandes communes.

Le coût de fonctionnement relatif et les usages d'une bibliothèque municipale ou intercommunale varient fortement selon la taille des communes. C'est ce que montre une étude de l'Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) intitulée "Les coûts de fonctionnement des bibliothèques municipales" rendue publique ce 5 février.

À partir d'un échantillon de 1.032 communes, l'OFGL estime les dépenses de fonctionnement des bibliothèques des communes et intercommunalités à 1,7 milliard d'euros pour l'année 2022, soit une hausse de 6,5% en trois ans.

Globalement, les dépenses de fonctionnement des bibliothèques représentent 2,4% des dépenses de fonctionnement des communes de l'échantillon. Elles pèsent par ailleurs 26% des dépenses culturelles de fonctionnement, un poids qui a tendance à décroître avec la taille des communes : 41% dans les communes de 3.500 à 5.000 habitants, contre 21% dans celles de plus de 75.000 habitants. Comme le souligne l'OFGL, ces chiffres mettent en lumière le fait que dans les petites communes, les bibliothèques "sont souvent le principal équipement culturel".

"Usages supplémentaires"

À partir de là, l'étude pointe les disparités – parfois fortes – qui touchent les bibliothèques municipales. Cela commence par la surface utile des bibliothèques : de 336 m² en moyenne dans les communes de 3.500 à 5.000 habitants à plus de 1.200 m² dans les communes de plus de 20.000 habitants. Pour l'OFGL, l'écart entre les surfaces moyennes "montre qu'il s'agit d'équipements différents".

En effet, si "l'ensemble des bibliothèques publiques connaît une évolution et une diversification de leurs missions au-delà de la conservation et du prêt de ressources documentaires […], les espaces supplémentaires dans les plus grands équipements se traduisent aussi par des usages supplémentaires". Pour preuve : plus la commune est grande, plus le nombre de prêts par passage diminue, ce qui suggère "que les fréquentations de la bibliothèque sont générées par d'autres activités que le prêt de documents".

L'étude cite alors l'existence d'espaces de travail, d'expositions ou de spectacles qui attirent les profils dits "séjourneurs" (étudiants, chercheurs d'emploi, etc.) "qui restent en bibliothèque plusieurs heures pour travailler ou consulter sur place [et] sont plus nombreux dans les équipements plus grands avec des espaces dédiés". Un jugement corroboré par les chiffres : on décompte deux passages par habitant et par an dans les communes de moins de 5.000 habitants contre plus de trois dans les communes de plus de 75.000 habitants.

Coûts de centralité

Cette diversité des équipements et des actions culturelles au sein des bibliothèques entraîne-t-elle une augmentation relative des coûts ? Là encore, les chiffres de l'OFGL tendent à le prouver. Ainsi, le coût moyen par mètre carré, estimé à 431 euros, augmente selon la taille de la commune : 338 euros par mètre carré pour les communes de 3.500 à 5.000 habitants contre 491 euros par mètre carré pour les communes de plus de 75.000 habitants.

De la même manière, le coût par habitant résidant dans la commune (30,40 euros en moyenne) varie selon la taille des communes et, plus encore, selon leur niveau de centralité. "Ce dernier influence logiquement le rayonnement de la bibliothèque sur le territoire, décrypte l'OFGL. Les équipements des villes-centres impliquent donc des charges de fonctionnement plus importantes pour des équipements plus grands et des services plus larges, adaptés à tous les publics." Parmi ces adaptations qui coûtent, on note l'amplitude horaire d'ouverture des bibliothèques.

Un dernier indicateur met en avant les disparités de coûts selon la taille des communes : le coût par inscrit actif en bibliothèque. Il s'établissait en moyenne à 161 euros en 2019, passant de 108 euros pour les communes de 3.500 à 5.000 habitants à 211 euros pour celles de plus de 75.000 habitants

"Quasi-gratuité'

En termes de structure de dépenses, on retrouve également des disparités selon la taille des communes. Ici, les frais de personnel représentent en moyenne 81% des dépenses de fonctionnement des bibliothèques municipales en 2022 – un chiffre à comparer aux coûts d'enseignement à la charge des communes dans les écoles élémentaires (67%) ou maternelles (82%). Mais, écrit l'OFGL, plus la commune est grande, plus les frais de personnel représentent un poids important : 76% pour les communes de 3.500 à 5.000 habitants contre 85% pour les communes de plus de 75.000 habitants. Un constat à relier à la différence de l'offre (diversité des services et horaires d'ouverture) mais également au recours plus important aux bénévoles dans les plus petites communes. Parallèlement, les achats documentaires ou de fournitures sont proportionnellement mieux dotés dans les petites communes que dans les grandes.

Enfin, si 83% des communes de l'échantillon perçoivent des recettes tarifaires (inscriptions, abonnements, ventes de biens et services, etc.), celles-ci ne représentent en moyenne que 1,8% des charges de fonctionnement, ce qui, pour l'OFGL, "reflète une des caractéristiques qui distingue les bibliothèques des autres services publics et culturels : sa quasi-gratuité".

En 2022, 12.495 bibliothèques municipales et 2.628 bibliothèques intercommunales maillaient le territoire et formaient le premier réseau culturel en France.