Environnement - Un 4e "Jour de la nuit" contre la pollution lumineuse
Réduire l'éclairage nocturne des villes et des villages, afin de limiter la gêne pour les animaux et d'alléger la facture énergétique des collectivités : la 4e édition du "Jour de la nuit" invite le 13 octobre à interroger les pratiques d'éclairage public. Le but de cette manifestation est de lutter contre "la pollution lumineuse" qui s'étend toujours un peu plus à la faveur de l'urbanisation croissante et de nos modes de vie, selon les organisateurs.
L'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturne (ANPCEN) estime qu'il y a 9,5 millions de points lumineux aujourd'hui en France, contre 5,8 millions il y a 20 ans.
Une progression de plus de 60% qui n'est "pas anodine", car "si la quantité de lumière émise augmente, les nuisances qui vont avec aussi", souligne la présidente de l'association, Anne-Marie Ducroux. L'ANPCEN est l'un des promoteurs du "Jour de la nuit", avec une vingtaine d'organisations (France Nature environnement, Agir pour l'environnement, Parcs régionaux, Rivages de France, Maires de France, Eco-maires, etc.).
Selon Larissa de Kochko, coordinatrice du "Jour de la nuit", cette édition affiche plus de 570 actions d'extinctions lumineuses ou d'animations publiques. Les clubs d'astronomie, qui déplorent la baisse du nombre d'étoiles visibles, saisissent cette occasion pour faire observer au public les constellations. Des associations proposent des balades dans la nature pour sensibiliser à la vie nocturne de la faune. La "pollution lumineuse" a de fait un impact sur les animaux (insectes, oiseaux, etc.) en leur posant des problèmes d'orientation et en interférant dans leurs rythmes biologiques.
Au niveau des communes, les participants au "Jour de la nuit" vont s'engager dans des actions d'extinction lumineuse (ponts, bâtiments, rues, espaces verts...). Cette année, les municipalités de Lourdes, Besançon ou Vincennes vont par exemple éteindre l'éclairage de certains de leurs bâtiments symboliques. Metz s'engage à éteindre les lumières de 59 monuments et bâtiments. A Paris, pas d'initiative intra-muros, mais la Grande Arche du quartier de La Défense sera éteinte.
Quelques villes - dont Angoulême, Laval, Dieppe, Martigues, Béthune - vont plus loin et fermeront l'éclairage dans certaines rues.
"De plus en plus de communes s'intéressent à ce sujet, les regards sur la lumière changent", se réjouit Anne-Marie Ducroux, dont l'association a été fondée il y a déjà une quinzaine d'années. "Plus de lumière n'égale pas plus de progrès par principe", avance-t-elle, notant que "cela a pu être le cas, mais que la problématique d'aujourd'hui est différente de celle du 20e siècle".
Cette démarche contre l'omniprésence lumineuse rejoint aujourd'hui les questionnements sur la consommation d'énergie. "Le potentiel d'économies sur la facture énergétique est aussi un moteur, car l'éclairage public peut représenter entre 25 et 50% de la facture énergétique d'une commune", rappelle Larissa de Kochko, d'Agir pour l'environnement.
Au-delà des gestes symboliques du "Jour de la nuit", des communes conduisent des actions pérennes sur la manière d'éclairer leurs espaces et bâtiments. Selon Anne-Marie Ducroux, l'ANPCEN compte dans son fichier plus de 6.000 communes engagées dans des plans d'extinction partielle (quelques heures pendant la nuit, certains lieux ou bâtiments). "Le mouvement est désormais bien lancé", dit-elle.