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Culture / Ressources humaines - Trois ans après leur création, les guides-conférenciers manifestent contre un projet de réforme

Leurs manifestations sont certes moins spectaculaires que celles des routiers - qui bloquaient certains axes le même jour -, mais ils ne sont pas moins déterminés à faire entendre leur voix : les guides-conférenciers étaient dans la rue le 19 janvier pour protester contre un projet de décret qui supprimerait la carte professionnelle au profit d'un simple registre déclaratif.
Les intéressés croyaient avoir fait le plus dur en obtenant le retrait de cette mesure du projet de loi pour la croissance et l'activité (projet de loi Macron). Mais, comme l'explique le représentant du Syndicat national des guides-conférenciers (SNGC) pour la Haute-Normandie au quotidien Paris Normandie, la mesure "est sortie par la porte pour revenir par la fenêtre", sous la forme d'un projet de décret.

Une profession réformée trois ans après sa création

La situation est d'autant plus paradoxale que, dans sa configuration actuelle, la profession de guide-conférencier remonte seulement au 31 mars 2012. Plusieurs textes, pris en application de la loi du 22 juillet 2009 de développement et de modernisation des services touristiques (voir notre article ci-contre du 7 janvier 2010), sont venus l'organiser : un décret du 1er août sur les personnels qualifiés pour la conduite de visite commentées dans les musées et monuments historiques, un arrêté du 9 novembre sur les compétences requises pour bénéficier de la carte professionnelle de guide-conférencier et un décret du 7 mars 2012 relatif à la commission nationale des guides-conférenciers.
Ce nouveau métier de guide-conférencier se substitue à pas moins de quatre professions réglementées qui se partageaient jusqu'alors l'accompagnement du public dans la découverte du patrimoine : conférencier national, guide-interprète national, guide-interprète régional et guide-conférencier des villes et pays d'art et d'histoire. La délivrance de la carte est subordonnée à une formation universitaire d'au moins trois ans, à une vérification des connaissances et à la maîtrise d'au moins deux langues étrangères.

"N'importe qui" pourra-t-il être guide-conférencier ?

Le projet de décret prévoit de remplacer ce système de carte et de vérification par une simple inscription sur une liste déclarative. Pour le SNGC, "n'importe qui" pourrait donc exercer la profession de guide-conférencier, sans aucune garantie de formation et de compétence. Sans oublier certains mouvements nés sur internet, comme celui des "greeters", des bénévoles qui accueillent et accompagnent les touristes étrangers pour leur faire découvrir les richesses locales.
Officiellement, cette ouverture de la profession aurait pour objectif d'offrir des revenus complémentaires à des étudiants ou à des retraités, mais aussi de lutter contre la pénurie de guides à certaines périodes de l'année. Les intéressés y voient plutôt la pression de certains voyagistes ou croisiéristes pour faire baisser les prix, ou encore une faveur faite aux agences de tourisme chinoises - très courtisées par tous les pays touristiques -, qui souhaitent recruter des guides chinois pour accompagner leurs ressortissants.