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Transition énergétique : François de Rugy passe en revue les freins à lever

Une fois n'est pas coutume, le timing est bon. Les préconisations de la mission d'information sur les freins à la transition énergétique, dont les travaux sont sur le point de s'achever suite à l'audition le 28 mai du ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy, devraient nourrir à temps les débats sur le projet de loi énergie-climat, examiné dès la mi-juin en commission à l'Assemblée nationale. 

Auditionné le 28 mai par la mission d'information relative aux freins à la transition énergétique, le ministre François de Rugy s'est dit à l'écoute des préconisations qui seront prochainement formulées par cette mission parlementaire, et "conscient des freins en tête desquels figure l'inertie, la résistance au changement", la difficulté à ne plus se cramponner à un modèle énergétique passé. La baisse des émissions de CO2 n'est pas le seul pilier de la politique de transition énergétique, "la réduction de notre dépendance au pétrole et aux dérivés fossiles est l'autre objectif poursuivi, car elle reste forte pour des usages dans les transports et l'industrie qui, rappelons-le, nécessitent d'importer dix millions de tonnes de charbon par an", a souligné le ministre de la Transition écologique et solidaire.

Pour y parvenir, deux vecteurs, les économies d'énergie et le développement des énergies renouvelables. Pour le second, le gap s'accentue-t-il entre un consensus sur de grands objectifs et la réalité des oppositions locales ? "Dès qu'on passe à l'action, ces oppositions sont plus ou moins vives selon les territoires. Face à cela, il n'y a pas de fatalité à céder, elles sont souvent l'expression d'une minorité et à appréhender selon la dichotomie classique intérêt général versus intérêts particuliers". De son dernier déplacement à Nantes, le ministre retient qu'il reste beaucoup de pédagogie à faire pour apaiser les craintes des riverains qui s'expriment, "même quand il s'agit d'un projet de chaufferie bois que certains considèrent comme une centrale thermique !". Pour favoriser l'acceptabilité sociale des projets, le modèle des coopératives énergétiques de citoyens, très ancré outre-Rhin, mériterait selon lui d'être mieux exploré.

Besoin d'une vision partagée

Reste que l'acceptabilité n'est pas le seul hic : "Seule la volonté politique produit des résultats. Puisqu'on cite notre voisin allemand, comparons son niveau de soutien aux énergies renouvelables, qui atteint 25 milliards d'euros par ans, au nôtre qui plafonne à 5,5 milliards d'euros par an". Du côté des projets locaux, la dynamique d'appui et financement des territoires à énergie positive pour la croissance verte (TEPCV) - mise en œuvre sous le précédent quinquennat et qu'il n'est pas question de relancer (voir notre article du 8 novembre 2018) - continue malgré tout son chemin : "Nous continuons à allouer des crédits TEPCV. Il faut qu'émerge autour d'eux une vraie culture de l'évaluation." 

Pour expliquer le retard pris dans l'élaboration des plans climat-air-énergie territoriaux - une poignée de PCAET ont été adoptés sur les 750 à réaliser dans les intercos - le manque de ressources financières est souvent pointé. Une discussion est en cours avec les associations d'élus pour voir si des moyens financiers peuvent être apportés aux collectivités et si, pour accélérer leur réalisation, "une carotte budgétaire est envisageable", a indiqué le ministre. Enfin, il réunira prochainement les présidents de régions au sujet des schémas régionaux d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (Sraddet) : "Sur le sujet des énergies renouvelables, je sais bien que nous ne partageons pas tous les mêmes idées. Malgré cela, nous avons besoin d'une vision partagée."