"Transformer durablement la mobilité de demain" : un manifeste de l'UTP aux candidats aux élections européennes

L'Union des transports publics et ferroviaires (UTP) a publié ce 19 février un manifeste à l'attention des candidats aux élections européennes. Elle leur soumet douze recommandations "concrètes" pour "transformer durablement la mobilité de demain", en plaidant notamment pour un investissement en faveur des transports publics à la hauteur des enjeux environnementaux et sociaux.

A quelques mois des élections européennes, l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP) a publié ce 19 février un manifeste à l'attention des candidats dans lequel elle les appelle à "transformer durablement la mobilité de demain". Alors que le secteur des transports totalise encore actuellement "32% des émissions totales de gaz à effet de serre", les transports publics urbains et ferroviaires, qui ne représentent que 3% des émissions de ce secteur, soit 0,8% des émissions de gaz à effet de serre, tous secteurs confondus, "apparaissent comme la solution", fait valoir Marie-Ange Debon, présidente de l'UTP. "En tant que candidat(e)s, vous détenez les clés pour faire du report modal une réalité", leur assure-t-elle. "Véritable levier de décarbonation", ce report modal "vers les transports publics urbains et ferroviaires pourra permettre d’atteindre les objectifs du Green Deal dans les temps", souligne-t-elle.  Le manifeste "souhaite résolument accompagner cette ambition pour faire en sorte d’adopter au niveau européen des priorités politiques qui rendront possible ce report modal en favorisant le développement continu d’une offre de qualité sur tous les territoires", poursuit la présidente de l'organisation professionnelle.

Défi environnemental et financier

Le document invite les candidats à s’engager sur quatre axes, autour desquels sont articulées 12 recommandations. Ces dernières concernent tout d’abord "une mobilité au service de la planète et de la cohésion sociale".  L’UTP propose pour cela de "reconnaître les bénéfices des transports publics urbains et ferroviaires à travers une grande déclaration politique", de "faire du report modal vers les transports publics urbains et ferroviaires un objectif à part entière de la politique européenne du Green Deal", de "s’assurer que les futures politiques de l’UE concourent toutes au 'choc d’offre' et donc au report modal vers les transports publics urbains et ferroviaires", et de "faire du développement du fret ferroviaire une grande priorité du marché intérieur de l’UE".

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Le deuxième axe pour l'UTP concerne les financements. Elle invite les candidats à s'engager "pour un investissement en faveur des transports publics urbains et ferroviaires à la hauteur des enjeux", ce qui nécessite d'"augmenter les financements européens disponibles pour les transports publics urbains et ferroviaires", notamment en développant les infrastructures grâce au Mécanisme pour l'interconnexion en Europe (MIE), en renforçant l’utilisation du Fonds européen de développement régional (Feder) pour la mobilité durable, en accélérant la transition écologique avec le programme Life ou en mobilisant davantage le programme Digital Europe pour soutenir la numérisation du secteur. 
L’UTP voudrait aussi que les futurs députés "incite[nt] et défend[ent] un fléchage obligatoire des crédits ETS (quotas d'émissions, ndlr) et d’autres ressources", et alerte sur la nécessité de mettre en place "un véritable système de pollueur-payeur", de sorte que chacun des modes de transport compense ses externalités négatives.

 

Innovation : attention au "mirage technologique"

Le troisième axe du manifeste doit permettre l’émergence d’une mobilité plus intelligente. L’UTP formule deux propositions en ce sens. Elle rappelle ainsi "défend[re] ardemment la promotion de l’innovation au sein du secteur des transports", et invite à "encourager un échange dynamique de bonnes pratiques, axé notamment sur les enjeux de billettique et d’utilisation des données". Elle recommande aussi de "réaffirmer le rôle déterminant de l’augmentation de l’offre dans le report modal plutôt qu’une réponse exclusivement technologique" car selon elle, "il est important de ne pas céder au 'mirage technologique', ou à l’idée que des plateformes numériques permettront de résoudre à elles seules l’ensemble des problèmes de mobilité dans l’Union". Si ces plateformes "contribuent à inciter l’utilisateur à opter pour des transports collectifs", "elles ne pourront pas créer davantage d’offre, elles ne feront que refléter l'offre existante", souligne-t-elle. "Leur développement ne doit donc pas se faire au détriment du développement des offres de transports", conclut-elle, en estimant que l’investissement dans le matériel roulant et dans les infrastructures doit rester "la priorité centrale". 
Enfin, le manifeste appelle les candidats à s’engager "pour la formation et les compétences de demain", avec trois propositions : accroître le soutien du Fonds social européen (FSE) au secteur des transports publics, sur la période post-2027, faciliter la mobilité européenne des apprentis et définir un cadre européen favorisant la féminisation des métiers.

"Points d'alertes" sur les textes en négociations ou à venir

Le manifeste s'achève par une liste des "points d’alertes sur les textes en négociations ou à venir", parmi lesquels le règlement sur les services multimodaux numériques de mobilité, qui a pour objectif de "créer un cadre juridique pour une billetterie multimodales à l’échelle de l’UE" et dont la publication "probable" par la Commission européenne est prévue "fin 2024". Il mentionne également le règlement "in vehicle data", la révision de la directive "véhicules propres" ou encore celle, en 2027, du "nouveau règlement normes d’émissions de CO2 pour les véhicules lourds", pour lequel l’UTP souhaite "s’assurer d’un cadre plus souple pour les autobus urbains".